Cinq mois après la publication d’un rapport de l’Igas sur la prévention de la maltraitance dans les crèches, le livre Le Prix du berceau dévoile la “course à la profitabilité” de ces établissements en France.
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Après le scandale Orpea, un nouveau livre révèle des dérives au sein de crèches privées. Le Prix du berceau de Daphné Gastaldi et Mathieu Périsse dénonce en effet le système « déshumanisé » de ces établissements accueillant des enfants en bas âge, relaie BFMTV. Les deux auteurs ont écrit le livre en s’appuyant sur près de 200 interviews et témoignages de parents, de cadres et d’employés. Portions de repas rationnées, « surbooking » comme le pratiquent les compagnies aériennes, « minutage » des soins… L’ouvrage épingle tour à tour des pratiques laissant penser que les crèches privées sont devenues des « usines » à bébés.
Par exemple, dans une crèche des Bouches-du-Rhône, des parents se sont rendus compte qu’il manquait « entre trois et cinq repas deux jours par semaine » durant plusieurs mois, après que leurs enfants sont sortis de la crèche « la faim au ventre », relate BFMTV. L’établissement avait justifié le problème par une « erreur humaine ». Concernant le « surbooking », un établissement de Lyon accueillait plus d’enfants que la norme autorisée. De quoi s’interroger sur la « sécurité » des bébés.
« Des injonctions à la rentabilité »
Selon le journaliste et co-auteur, Mathieu Périsse, ce phénomène s’explique par « des injonctions à la rentabilité ». Les enfants accueillis y seraient ainsi considérés comme des « chiffres ». « Ces entreprises, qui pour certaines sont adossées à des fonds d’investissement, mettent en place des mesures pour optimiser la gestion de leurs crèches », a-t-il développé.
L’auteur pointe encore une même « course à la profitabilité » et « le même côté déshumanisant » que dans les Ehpad du groupe Orpea. Toutefois, la situation n’est « pas comparable » sur tous les points, « notamment parce que les enfants ne sont pas en pension complète et qu’il ne s’agit pas de personnes isolées ».
Le rapport de l’Igas
La sortie du livre Le Prix du berceau intervient cinq mois après la publication d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la prévention de la maltraitance dans les crèches, lancé à la suite de la mort d’un bébé de 11 mois dans une crèche de Lyon. Le dossier de l’Igas avait notamment révélé la présence d’établissements « de qualité très dégradée » pouvant mener à « des carences dans la sécurisation affective et dans l’éveil » des enfants.