Les visages des Libanais sont marqués à la sortie de la cathédrale Notre-Dame du Liban dans le 5e arrondissement de Paris. Chaque personne rencontrée nous fait part de son inquiétude quant à l’avenir du Liban.

Parmi cette diaspora libanaise, de nombreux étudiants ont du mal à obtenir des nouvelles de leurs proches. Ces dernières semaines, Sara, une jeune Libanaise installée à Paris pour ses études, ne quitte plus son téléphone portable. À chaque nouvelle annonce de bombardement, elle tente de contacter sa famille : « Je suis ici avec mon frère, je n’ai personne d’autre. Ma famille est toujours au Liban, et j’ai peur. »

Hadi, un autre étudiant en master, se trouve dans l’impossibilité de retourner dans son pays. Il fait tout son possible pour soutenir ses proches : « Chaque jour, je reçois des appels de ma famille qui a peur de dormir. Je suis loin et je ne sais pas comment les aider ni quoi leur dire. »

Fouad, un retraité à Paris, décrit un quotidien angoissant : « Nous sommes constamment connectés à nos téléphones et à nos chaînes de télévision. »

Edgard, un entrepreneur vivant à Paris depuis dix ans, doute que l’assassinat du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, soit une issue favorable : « Même sans soutenir le Hezbollah ni ses actions, il reste un parti politique qui représente plus d’un tiers de la population libanaise. Je pense que son assassinat déclencherait une grande colère au sein de cette communauté, ce qui risquerait d’aggraver les violences. »

Raymond, copropriétaire d’un restaurant libanais à Paris, exprime son indignation face à l’inaction des Occidentaux et de l’ONU : « Quel est leur objectif ? Attendre que le Liban soit complètement détruit pour réagir ? »

Lama, une pharmacienne arrivée de Beyrouth il y a quelques semaines pour fuir la guerre, témoigne : « Nous sommes submergés par des appels de mères en détresse qui ne savent pas où aller ni comment expliquer à leurs enfants ce qui se passe. Sur Facebook et Instagram, les Libanais de la diaspora lancent des appels pour collecter des médicaments et des fonds afin d’aider les familles qui ont perdu leur foyer. »

Julien, un autre étudiant, exprime son amertume : « Ces dernières années ont été marquées par l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, ainsi que par l’une des pires crises économiques au monde, avec 80 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Ils ont continuellement attisé les conflits religieux et plongé le pays dans la faillite, et c’est toujours la population qui sert de bouclier humain. »

Au moins 500 personnes se sont rassemblées dimanche dernier place de la République, en plein cœur de la capitale, pour dénoncer les bombardements israéliens continus sur le Liban et exprimer leurs craintes d’un conflit ouvert qui pourrait embraser tout le Proche-Orient. Des centaines de drapeaux libanais flottaient sur la place, avec des pancartes en français et en arabe proclamant : « Touche pas à mon cèdre » et « Cessez le massacre. »