Les déboires juridiques du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, ne se limitent pas au mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à son encontre et à celui de son ancien ministre de la Défense, Yoav Galant, pour crimes de guerre à Gaza. Le 2 décembre, Netanyahou devra comparaître devant le tribunal central de Jérusalem pour répondre à des accusations de corruption. À cela s’ajoutent les affaires entourant son entourage proche, notamment la fuite de renseignements sensibles utilisés pour rejeter un accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers avec le Hamas.

La décision de la CPI constitue un coup dur pour la légitimité de la guerre que Netanyahou mène depuis plus de 14 mois à Gaza. Cette guerre, déguisée en campagne visant à « éradiquer le Hamas », s’apparente à une vengeance brutale contre les civils. Plus de 44 000 victimes, majoritairement des femmes et des enfants, des ordres d'évacuation répétés, une destruction massive du système de santé et de 60 % des habitations... autant de faits qui dépassent l’entendement.

En Israël, personne n’ose défier Netanyahou et lui dire « assez ». Même les États-Unis, qui l’équipent des armes utilisées à Gaza, se sont discrédités moralement en s’abstenant de stopper les tueries. C’est donc à la justice internationale qu’il revient d’intervenir.

La décision de la CPI a pris Israël par surprise. Le président américain Joe Biden l’a qualifiée de « scandaleuse », exprimant son inquiétude qu’une telle audace envers un allié proche de Washington puisse, demain, viser un responsable américain. Une opinion partagée par le sénateur républicain Lindsey Graham, allié du président élu Donald Trump. De nombreux sénateurs démocrates ont également dénoncé la décision. Certains membres de la future administration Trump ont promis une réponse musclée contre la CPI après le 20 janvier.

Les pays occidentaux, eux, restent divisés. Tandis que des nations comme la Hongrie, l’Autriche et la Tchéquie rejettent la décision, d'autres comme l'Allemagne et le Royaume-Uni hésitent à prendre position. L'Italie, quant à elle, affiche des désaccords au sein de son gouvernement. Cependant, le même Occident a applaudi l’an dernier lorsque la CPI a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour la déportation d’enfants ukrainiens en Russie, révélant ainsi son hypocrisie et sa politique des doubles standards.

Désormais, malgré la protection américaine et les pressions de Washington sur les pays pour qu’ils n’appliquent pas la décision de la CPI, Netanyahou, Galant et d’autres hauts responsables israéliens devront redoubler de prudence dans leurs déplacements pour éviter des arrestations et des poursuites pour crimes de guerre.

Mais les ennuis juridiques de Netanyahou ne s’arrêtent pas là. La Cour internationale de justice examine toujours une plainte déposée par l’Afrique du Sud, accusant Israël de génocide à Gaza. Par ailleurs, le Premier ministre israélien doit se défendre devant le tribunal central de Jérusalem dans une affaire de pots-de-vin impliquant des hommes d’affaires. La cour a rejeté une demande de report de son audience, malgré la situation sécuritaire en Israël.

Cette affaire a déclenché une vague de contestations en Israël. Des ONG ont saisi la Cour suprême, demandant la suspension temporaire de Netanyahou de ses fonctions jusqu’à la fin de son procès. La Cour suprême a ordonné à Netanyahou et à la conseillère juridique du gouvernement, Gali Baharav-Miara, de présenter leurs positions dans un délai de six jours.

En parallèle, Israël est secoué par l’affaire des fuites de documents confidentiels de l’unité de renseignement militaire Aman, orchestrées par Eli Feldstein, porte-parole de Netanyahou. Ces fuites, publiées par des médias allemands, visaient à manipuler l’opinion publique israélienne contre le Hamas et à détourner l’attention des protestations des familles des otages israéliens détenus à Gaza.

Netanyahou est accusé d’avoir orchestré ces fuites pour détourner les critiques envers sa gestion des négociations avec le Hamas. Il a toutefois rejeté les accusations, attribuant la responsabilité des fuites aux médias étrangers.

À ces défis juridiques s’ajoutent des tensions internes au sein du Likoud et avec l’armée. Netanyahou cherche à écarter Yoav Galant de son parti et envisage de limoger le chef d’état-major Herzi Halevi, amplifiant ainsi les divisions au sommet de l’État.

En résumé, l’étau se resserre sur un Netanyahou fragilisé, pris entre des accusations internationales, des scandales internes et des rivalités politiques exacerbées.