Difficile de prévoir les décisions de Donald Trump, mais certains aspects de sa politique étrangère se dessinent à travers son premier mandat et ses déclarations de campagne. Depuis son départ de la Maison-Blanche en 2020, Trump n’a cessé de marteler ses priorités, promettant des actions décisives s’il revenait au pouvoir.
Sa politique étrangère, imprévisible et souvent déroutante, a surpris ses adversaires et parfois désorienté ses alliés. Lors de sa récente campagne, il a promis de mettre fin aux conflits dans le monde — qu’il s’agisse de l’Ukraine ou du Moyen-Orient — tout en évitant les détails. Selon lui, si les Américains l’avaient réélu en 2020, ces guerres n’auraient jamais éclaté.
Priorité absolue : la Chine
Pour Trump, les États-Unis ne doivent plus s’épuiser dans des conflits régionaux qui détournent leur attention du véritable défi : la Chine. Considérée comme la plus grande menace économique et militaire pour son pays, la Chine est devenue le cœur de sa stratégie. Trump estime que les conflits au Liban, à Gaza ou en Ukraine ne sont que des distractions face à l'urgence d'une confrontation avec Pékin.
Lors de son dernier échange avec Joe Biden au sommet de l’APEC, le président chinois Xi Jinping a tracé quatre lignes rouges : Taïwan, les droits de l’homme, le système politique et économique chinois, ainsi que les intérêts stratégiques de la Chine en matière de développement. Trump, fidèle à son style direct, semble déterminé à ignorer ces avertissements.
Retour à une « guerre commerciale »
Entre 2017 et 2021, le premier mandat de Trump a été marqué par des tensions avec Pékin, notamment en raison des tarifs douaniers élevés et de ses accusations contre la Chine, qu’il jugeait responsable de la pandémie de COVID-19, qu’il qualifiait de « virus chinois ».
Cette fois, Trump promet de frapper plus fort : il entend augmenter les droits de douane sur les importations chinoises de 60 % dès son retour à la Maison-Blanche. L’objectif ? Contraindre les entreprises américaines à rapatrier leurs activités de Chine, renouant ainsi avec une politique protectionniste qui rappelle l’isolationnisme américain d’entre-deux-guerres.
Cependant, la Chine a diversifié ses partenariats économiques et réduit sa dépendance au marché américain. Selon TS Lombard, une firme londonienne spécialisée en recherches économiques, la part de la Chine dans les importations américaines est passée de 20 % à 13 % en six ans, notamment grâce au transfert des chaînes de production vers des pays comme le Mexique ou le Vietnam.
Détacher Moscou de Pékin : un rééquilibrage stratégique
Trump semble également vouloir repositionner les relations entre Washington, Moscou et Pékin. Dans sa vision, un rapprochement avec la Russie est crucial pour contenir l’ascension chinoise. Il considère le partenariat « sans limites » proclamé entre Xi Jinping et Vladimir Poutine comme un obstacle majeur.
Cette stratégie explique son insistance sur une résolution rapide de la guerre en Ukraine, quitte à forcer Kyiv à céder des territoires. Une telle approche, bien qu’impopulaire en Europe, s’inscrit dans une logique géopolitique visant à affaiblir Pékin en divisant ses alliés.
Un cabinet résolument anti-chinois
Les figures pressenties pour composer la future administration Trump reflètent son hostilité envers la Chine. Marco Rubio, candidat au poste de secrétaire d’État, est un fervent opposant au Parti communiste chinois. Mike Waltz, probable conseiller à la sécurité nationale, est connu pour ses positions anti-chinoises. Enfin, Howard Lutnick, désigné pour diriger le département du Commerce, prévoit de renforcer les restrictions sur l’accès de la Chine aux technologies avancées, notamment en intelligence artificielle.
Des défis économiques à venir
Malgré ses ambitions, Trump pourrait se heurter aux réalités économiques. Selon le New York Times, une hausse généralisée des taxes sur les importations chinoises pourrait entraîner une flambée des prix à la consommation et pénaliser les fabricants américains.
Alors qu’il entame son second mandat avec la Chine comme priorité absolue, ses choix auront des répercussions profondes non seulement sur l’économie américaine, mais aussi sur l’équilibre géopolitique mondial.