De plus en plus déconnectés de la réalité, les négociateurs pour le climat semblent davantage concernés par leurs propres affaires que par un illusoire sauvetage de la planète, regrette Benoît Rittaud, président de l’Association des Climato-Réalistes.

Valeurs Actuelles

Beaucoup en rêvent : travailler dans une entreprise où les employés ne seraient pas obligés d’accomplir leurs objectifs et où personne ne serait jamais tenu pour responsable de rien. Des réunions se tiendraient périodiquement un peu partout pour lancer des plans toujours plus ambitieux et décisifs, sans le moindre résultat tangible et sans la moindre conséquence pour personne. Pour la forme, le PDG élèverait la voix de temps en temps, s’inquiétant que les discours ne se traduisent pas dans les actes. Toutefois, ni lui ni les employés ne risqueraient de perdre leur emploi pour si peu. Chacun continuerait donc, au moins trente ans durant, à se faire payer des voyages aux quatre coins de la planète pour poursuivre leurs chimères.

Précisons encore que l’objet de cette réunion était… de préparer la réunion suivante. Le métier de sauveur de planète est décidément bien confortable, quoique peut-être un peu lassant.

Merveilleux, n’est-ce pas ? Ne cherchez plus, cet endroit existe pour de bon : bienvenue dans le monde magique des négociations climatiques de l’Onu, dont la toute dernière réunion vient de se tenir à Bonn. Non sans consternation, le Sydney Morning Herald rapporte que, durant celle-ci, les participants ont mis HUIT JOURS à se mettre d’accord sur… le propre programme de la réunion en question! Une réunion elle-même prévue pour durer… NEUF JOURS ! Précisons encore que l’objet de cette réunion était… de préparer la réunion suivante. Le métier de sauveur de planète est décidément bien confortable, quoique peut-être un peu lassant.

Conformément au règlement de la bureaucratie climatique, le secrétaire général des Nations unies António Guterres n’a pas manqué de froncer les sourcils. « Je vois un manque d’ambition, un manque de soutien, un manque de coopération et beaucoup de problèmes de clarté et de crédibilité », a-t-il tancé, l’index vigoureusement pointé vers le haut. Les négociateurs ont fait oui de la tête. Peut-être se sont-ils aussi bouché les oreilles pour éviter la gêne du bruit des jets privés régulièrement utilisés pour ce genre de grand-messe (environ 400 à la COP27).

« Le problème n’est pas simplement les émissions des énergies fossiles, a ajouté Guterres, mais les énergies fossiles elles-mêmes. » Selon lui, ces sources d’énergie seraient carrément « incompatibles avec la survie de l’humanité ». Un tel propos tout en nuance ne déparerait pas chez le gourou d’une secte millénariste. S’agissant d’environnement et de climat, il n’étonne même plus dans la bouche du premier responsable d’une respectable institution diplomatique internationale.

Face au discours délirant et pathologiquement anxiogène du secrétaire général de l’Onu, nous en sommes réduits à remettre notre espoir dans les mains du sultan Al-Jaber.

Guterres semble ignorer que ce qu’il présente comme le diable des temps modernes est utilisé plus que jamais par la plupart des pays en développement, qui ont compris depuis longtemps, eux, que leur survie et leur bien-être dépendait de la possibilité de disposer d’une énergie fiable, abondante et bon marché — ce que n’offrent ni les panneaux solaires ni les éoliennes.

Signe du désert intellectuel de notre époque : face au discours délirant et pathologiquement anxiogène du secrétaire général de l’Onu, nous en sommes réduits à remettre notre espoir dans les mains du sultan Al-Jaber, ci-devant président de la COP28 de cette année aux Émirats Arabes Unis, mais aussi dirigeant de la compagnie pétrolière nationale. Les plus blasés attendront, goguenards, que le sultan fasse preuve de duplicité utile en clamant sa foi en le Net Zero tout en signant de nouveaux partenariats d’exploitation pétrolière. En attendant, combien de parents devront rassurer leurs enfants sur le fait que non, l’humanité n’est nullement menacée d’extinction ?