Accusé d’avoir mené un “essai thérapeutique ‘sauvage’” sur l’hydroxychloroquine entre 2020 et 2021, le professeur Didier Raoult s’est défendu, assurant qu’il s’agissait d’une “étude observationnelle”. Le ministère de la Santé a néanmoins condamné cette étude.
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« Arrêtez vos bêtises, il n’y a jamais eu d’essai thérapeutique », s’agace Didier Raoult. Après les accusations d’une quinzaine de scientifiques dans une tribune du Monde, l’ancien directeur de l’IHU Méditerranée Infection de Marseille s’est défendu au micro de BFMTV ce mardi 30 mai. Le professeur, qui prône l’hydroxychloroquine pour soigner le Covid-19 depuis le début de l’épidémie, a assuré n’avoir jamais mené d’« essai thérapeutique ‘sauvage’ » sur cette molécule. Didier Raoult a, au contraire, parlé d’une « étude observationnelle », menée entre 2020 et 2021 au sein de l’établissement marseillais.
Une tribune dénonce des « prescriptions systématiques »
Didier Raoult fait à nouveau parler de lui depuis la publication d’une tribune dans Le Monde, dimanche 28 mai, réunissant une quinzaine de professionnels du monde médical. Ces derniers dénoncent des « prescriptions systématiques » d’hydroxychloroquine et d’azithromycine « réalisées en dehors de toute autorisation de mise sur le marché, mais aussi en dehors de tout cadre éthique ou juridique, en s’appuyant largement sur des méthodes de surveillance et d’évaluation des patients par PCR répétées, sans justification médicale », relate la tribune du Monde.
En 2020, le Haut conseil de santé publique et l’Agence du médicament avaient mis en garde contre un traitement contre le Covid-19 sous hydroxychloroquine. Cela avait donné lieu à une interdiction d’avoir recours à ce médicament pour les malades du Covid-19, rappelle BFMTV. Mais cela n’avait pas empêché l’IHU de Marseille d’utiliser ce traitement jusqu’en décembre 2021. « Tout ça, c’est pas de la science, c’est des décisions d’arrangement politique avec l’industrie pharmaceutique », a enfin dénoncé Didier Raoult.
Le ministère de la Santé réagit
Le ministère de la Santé a condamné l’étude de Didier Raoult, dénonçant des « prescriptions inappropriées et dangereuses », dans un communiqué révélé ce mardi par BFMTV. « Proposer une publication issue de ces prescriptions inappropriées et dangereuses, dont la méthodologie est contestable, est un nouveau manquement aux règles éthiques et déontologiques », est-il écrit. L’avenue Duquesne a également rappelé que « seul un essai clinique ayant reçu l’accord des instances éthiques et réglementaires pourrait conduire à cette proposition de résultats ». Or, il ne s’agirait « pas d’une publication dans une revue scientifique évaluée, mais d’un manuscrit mis en ligne avant son évaluation », a encore pointé le ministère dans son communiqué. Les ministères de la Santé, de la Recherche et de l’Enseignement supérieur se sont saisis conjointement du dossier afin de « réentendre les établissements fondateurs et la direction de l’IHU-MI rapidement ».