Quand certains continuent de saccager des œuvres d'art « pour alerter sur la planète », d’autres, notamment de grands noms de la science, expriment leurs doutes à voix haute. Le récit sur le dérèglement climatique devient de plus en plus un affrontement entre le fanatisme et la raison.

Valeurs Actuelles

À deux jours d’intervalle ont eu lieu deux événements à l’opposé l’un de l’autre. Le premier s’est produit à Rome le 6 mai, où une fois de plus des activistes climatiques ont saccagé une œuvre d’art plusieurs fois centenaire pour exiger « la fin des énergies fossiles ». Le second s’est tenu à Arlington le 8 mai : John Clauser, le plus récent titulaire du prix Nobel de physique a annoncé son ralliement au climato-réalisme.

Au fond, ce croisement de symboles était devenu inévitable, compte tenu des défections qui se multiplient chez les alarmistes du GIEC au même rythme que l’intégrisme écologiste qui, sentant de plus en plus qu’il perd la partie, poursuit sa route vers le fanatisme. Salir délibérément avec de l’eau mêlée de charbon la belle fontaine des Quatre-Fleuves érigée par le Bernin au XVIIe siècle au centre de la célèbre et splendide piazza Navona au cœur de Rome, voilà la nouvelle prouesse réalisée par les éco-activistes. Certes peu populaires, ces coups d’éclats ont, pour les extrémistes, l’intérêt d’habituer le public à leur violence, espérant peut-être que nous finirons collectivement par la trouver normale.

Tandis que les représentants de ce nouvel extrémisme du XXIe siècle qu’est l’écologisme radical se donnaient ainsi en spectacle, le débat véritablement scientifique autour du climat a connu lui aussi un nouvel épisode, mais d’une toute autre valeur : John Clauser, prix Nobel de physique 2022, vient d’intégrer la « CO2 coalition » américaine, qui est l’une des principales organisations climato-réalistes de par le monde. Le consensus Potemkine sur la prétendue « crise climatique » vient donc de prendre un nouveau coup de massue, après ceux récemment portés par Steven Koonin, Michael Shellenberger, Zion Lights ou encore Neil Winton.

Une science climatique mal orientée s’est métastasée en une pseudoscience journalistique massive.

Les propos du physicien sont sans ambiguïté sur ce qu’il pense du récit climatique actuel : « Le narratif commun sur le changement climatique, explique-t-il, constitue une dangereuse corruption de la science qui menace l’économie mondiale et le bien-être de milliards de personnes. Une science climatique mal orientée s’est métastasée en une pseudoscience journalistique massive. À son tour, celle-ci s’est faite bouc émissaire de quantité de maux qui n’ont aucun rapport. » Difficile d’être plus clair. « Il n’y a pas de crise climatique« , insiste le spécialiste mondial de l’intrication quantique, usant ainsi d’une formulation qui fait un écho (sans doute volontaire) à la déclaration Clintel du même nom, qui rassemble plus de 1500 signatures dont celle d’un autre prix Nobel de physique, Ivar Giaever. « En revanche, ajoute Clauser, il y a un problème bien réel celui-là, qui est de fournir un niveau de vie décent à une large part de la population mondiale« . Le scientifique conclut sa déclaration en soulignant que la crise énergétique actuelle est « inutilement exacerbée par ce qui, à mon sens, est une science climatique incorrecte. »

Reste évidemment à attendre le feu nourri des propagandistes et des commissaires politiques, qui réussiront bien à nous dénicher un lien plus ou moins ténu entre Clauser et un méchant quelconque (une industrie polluante, un vilain parti politique…), tout en nous expliquant que les activistes de la piazza Navona vont peut-être un peu loin mais que quand même, c’est pour la bonne cause. Citoyens, vous voilà prévenus : c’est à vous désormais de choisir.

* Benoît Rittaud est président de l’Association des Climato-Réalistes.