TRIBUNE. L’idée d’un bouleversement climatique causé par l’homme et produisant toutes sortes de catastrophes est si ancrée dans les esprits, que les médias ne craignent plus d’asséner des conclusions aussi automatiques que contradictoires au sujet des aléas météorologiques.
Valeurs Actuelles
Le nouveau record statistique indispensable est arrivé : nous avons vécu la période de 30 jours consécutifs la plus pluvieuse depuis que des relevés sont disponibles. On croyait déjà savoir qu’il avait beaucoup plu ces dernières semaines, mais les chiffres ont ceci d’utile qu’ils permettent de créer de l’information même à partir de quelque chose que tout le monde avait observé de sa fenêtre. Ainsi donc, grâce à des articles publiés en grande pompe par Le Monde, Le Figaro, Libération et d’autres, plus personne ne peut ignorer que l’ancien record de précipitations sur trente jours était de 187 millimètres et datait de février 1988, alors que le nouveau record s’établit, lui, à 237 millimètres.
Tous tirés de la même dépêche AFP, ces articles recopient la même phrase de conclusion en mode pilotage automatique : « S’ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines. » Une telle phrase était obligatoire, bien sûr. En ces temps de météo-anxiété générale, toute mention des caprices du ciel s’accompagne de l’évocation rituelle de l’influence de l’homme sur le climat. Depuis le siècle dernier la météo n’a plus le droit de faire quoi que ce soit de son propre chef, seuls nous autres humains pouvons lui dicter sa conduite, et il est indispensable de le rappeler à chaque occasion.
Une logique de phrase toute faite, rédigée une fois pour toutes pour servir de complément routinier à n’importe quelle dépêche météo.
Un point remarquable de la phrase en question est toutefois qu’elle ne se contente pas de relier le changement climatique aux inondations qui sont portant le sujet de la dépêche : elle signale aussi les cyclones et les sécheresses. Passe encore pour les premiers au vu des tempêtes récentes, même si les données de Météo-France ne montrent en réalité aucune hausse. Mais les sécheresses ? Ces jours-ci ? Que tant de médias aient reproduit la phrase de conclusion sans se dire que mentionner les sécheresses n’était peut-être pas du meilleur goût en ce moment montre que, s’agissant de climat, nous sommes entrés dans une logique de phrases toute faite, rédigée une fois pour toutes pour servir de complément routinier à n’importe quelle dépêche météo. Un petit tour sur un moteur de recherche montre d’ailleurs que cette phrase a effectivement été utilisée un peu partout ces derniers jours, pas seulement comme reproduction de la dépêche sur le record de pluies. On la retrouve par exemple au mot près en conclusion d’un article sur la visite d’Élisabeth Borne dans le Pas-de-Calais ou dans celle d’un reportage sur les habitants du nord de la France ayant subi des sinistres, entre autres.
Assistons-nous ainsi à la naissance d’une conclusion-type appelée à revenir à chaque nouvel événement météo ? La phrase dispose de plusieurs atouts en ce sens. La précaution langagière du « peuvent être amplifiés » la rend à jamais inattaquable et l’autorise à relier tout à n’importe quoi — un grand classique de l’alarmisme climatique. Surtout, en joignant les contraires que sont les sécheresses et les inondations, elle se prémunit par avance de son obsolescence qui, sinon, serait inévitablement programmée par le prochain changement de régime des précipitations, qui finira nécessairement par se produire. Prenons-en de la graine et concluons donc la présente chronique de la même manière : s’ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés dans leur perception par l’alarmisme climatique généré par les activités médiatiques.