Jusqu'à présent, les tentatives visant à trouver une solution demeurent en suspens. Soit convaincre Salamé de diriger les affaires à distance, soit chercher des garanties pour permettre à Mansouri de prendre sa place.

Inquiétudes grandissantes quant à l'avenir incertain du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Ses proches et les membres du Conseil central lancent des avertissements quant à une période finale tumultueuse. Le sort de la plateforme bancaire « Sayrafa », qualifiée d'illégale par certains membres du Conseil, reste enveloppé de mystère, tandis que la suspension des directives en vigueur demeure une possibilité.

Une seule certitude demeure : le mandat du gouverneur tire à sa fin, lui qui était le gardien des richesses du peuple et du pays. À la fin de ce mois, Salamé quittera son poste, ainsi qu'il l'a confié en toute confiance à ses proches, sans jamais se retourner, rompant ainsi tous les liens avec la Banque centrale, ses collaborateurs, et le ministre des Finances de l'État, Youssef Khalil, malgré les liens d'amitié qui les unissent.

En dehors des locaux de la Banque centrale, Salamé poursuit ses activités quotidiennes comme à l'accoutumée, s'entourant de ses proches conseillers. Il se montre confiant dans ses actions et ne semble nullement préoccupé par les nombreuses accusations portées contre lui. En secret, il est convaincu que son premier adjoint, Wassim Mansouri, ainsi que les trois autres membres du Conseil central, ne seront pas en mesure de supporter le fardeau de ses décisions ni de prendre des décisions parallèles, laissant le pays face à une crise qui ne fait qu'aggraver sa situation déjà précaire.

Jusqu'à présent, les tentatives visant à trouver une solution demeurent en suspens. Soit convaincre Salamé de diriger les affaires à distance, soit chercher des garanties pour permettre à Mansouri de prendre sa place. La première option a échoué, car le gouverneur a catégoriquement refusé toute forme de coopération après la fin de son mandat, tandis que les assurances quant à l'avenir professionnel de Mansouri demeurent insuffisantes.

Le vice-gouverneur, autrefois enthousiaste à l'idée de prendre ses responsabilités et de mettre en œuvre les dispositions de la loi sur la monnaie et le crédit en remplacement du gouverneur, se retrouve désormais assiégé par les préoccupations. La déclaration de démission qu'il a signée avec ses collègues n'était pas de son propre chef. Sa référence politique lui a soufflé cette idée, cherchant ainsi à toucher plusieurs cibles d'un seul coup : provoquer les forces politiques et les autorités spirituelles, en particulier les chrétiennes, pour qu'elles le sollicitent et lui confient les fonctions du gouverneur. Même s'il refuse, les nominations deviendront inévitables, même si elles sont impopulaires, ce qui soulagera la responsabilité future du tandem qui aura en charge les finances de l'État, à savoir l'autorité gouvernementale et le ministère des Finances. Il n'est pas exclu qu'il endosse la responsabilité de la destruction accumulée au fil des années.

Fondamentalement, le président du Parlement, Nabih Berri, était favorable à la nomination d'un remplaçant pour Salamé. Le Premier ministre sortant, dans une position mitigée, a rencontré une opposition de la part de ce dernier et s'est engagé à obtenir des garanties de la part du patriarche maronite Béchara Boutros Raï et des Forces libanaises. Il prétendait avoir des candidats potentiels pour le poste, sinon il renouvellerait le mandat de Salamé. Cependant, à peine quelques heures après avoir pris cet engagement, Mikati a déclaré qu'il n'y aurait pas de renouvellement pour Salamé, ni de prolongation... et pas de nominations afin de ne pas être perçu comme un défi envers la communauté chrétienne.

En coulisses, il se murmure que le Hezbollah s'oppose à toute nomination rejetée par les forces chrétiennes. Le Premier ministre sortant a obéi à la volonté du Hezbollah, ce qui a poussé Berri à encourager Mansouri à menacer de démissionner, plaçant ainsi tout le monde devant un fait accompli.

Mikati reste en alerte, réitérant que Mansouri doit respecter la loi et, en cas de refus, assurer l'intérim en attendant la nomination d'un nouveau gouverneur. Il a exprimé cette position lors de sa récente intervention, soulignant sa relation étroite avec Berri, bien que chacun ait ses propres idées et convictions.

Le contexte entourant les discussions confidentielles sur la gouvernance de la Banque du Liban révèle une situation délicate pour les parties concernées. Selon la hiérarchie, le premier obstacle concerne le duo chiite ou l'une de ses parties, en particulier Berri. Celui-ci n'a pas réussi à convaincre Mikati de procéder à la nomination, et si Mansouri prend les rênes, cela signifierait que les chiites se retrouveraient seuls responsables de la crise, ce qui impliquerait des redditions de comptes et des responsabilités pour ceux qui ont contribué à cette situation.

Lors de la récente réunion avec le ministre des Finances, Mansouri semblait déconcerté et préoccupé par l'ampleur de la responsabilité qui l'attend, sachant que le départ de Salamé déclenchera une crise dont le point de départ pourrait être une augmentation du taux de change du dollar par rapport à la livre. Même le Premier ministre sortant n'a pas exclu cette possibilité, soulignant la volatilité du marché et les multiples scénarios envisageables.

Mansouri est confronté à l'incertitude quant aux décisions à prendre pour contenir la crise. Si la plateforme bancaire « Sayrafa » actuelle est maintenue, certains membres du Conseil central la considèrent comme illégale et ne soutiennent pas sa poursuite. Une alternative claire ne s'est pas encore dessinée dans son esprit. On lui a suggéré d'adopter une nouvelle plateforme et il a déjà commencé à établir des contacts en ce sens.

Les personnes qui rencontrent Mansouri en ce moment le décrivent comme étant "terrifié". Le jeune homme, qui était en train de tracer son chemin vers un avenir prometteur, passant du domaine juridique à celui des finances, se sent désormais dépourvu de la même force et du même pouvoir que le gouverneur pour prendre des décisions cruciales, à l'instar de Salamé. Ce dernier ne se préoccupait guère des opposants à ses politiques et agissait comme un sauveur, en se basant sur l'idée que celui qui détient une alternative vienne le rencontrer. Le pouvoir de Salamé résidait dans le fait qu'il accomplissait ses actes à la vue et au su des autorités politiques qui étaient impliquées avec lui, partageant ainsi la responsabilité. En revanche, Mansouri, représentant du duo national ou l'une des parties de ce duo, sera politiquement tenu pour responsable de chaque décision qu'il prendra, même si elle est juste. Il ne recevra aucun soutien de la part des forces chrétiennes, sans mentionner le fait que jusqu'à présent, le gouverneur n'a pas remis aux membres de son équipe, en particulier à son adjoint principal, les dossiers importants ni ne les a informés des clés de son travail et de ses dossiers confidentiels.

Parallèlement, des sources bien informées dans le domaine financier affirment que la démission est le scénario le plus probable, motivé par plusieurs raisons, dont le manque d'accord entre les adjoints sur plusieurs questions et mesures en cours, qu'ils refusent de supporter les conséquences de leur poursuite, ainsi que l'absence de garanties ou de législations spécifiques leur accordant des pouvoirs exceptionnels pour intervenir sur le marché, déterminer le sort du plateforme bancaire « Sayrafa » et prendre des mesures pour contenir la crise. Selon ces sources, le scénario le plus probable serait que les adjoints présentent leur démission et que le ministre des Finances leur demande de gérer les affaires plutôt que de les liquider, ce qui leur donnerait une plus grande marge de manœuvre et allégerait le fardeau de la responsabilité. Cependant, que se passerait-il si le ministre des Finances affilié au duo ne faisait pas cette demande ?

Les sources indiquent que cela est peu probable, car la nomination de nouveaux adjoints pour remplacer ceux qui démissionnent nécessiterait qu'ils prêtent serment devant le président de la République, ce qui n'est pas possible pour le moment. En revanche, la demande de gestion des affaires leur permettrait d'exercer leurs fonctions sans subir les conséquences amères de trente années de politiques du gouverneur en collusion avec la classe politique, un fardeau que le pays a hérité.