Cette année, l'esprit du vivre-ensemble se manifeste avec éclat au Liban, alors que Musulmans et Chrétiens se préparent à entrer ensemble dans la phase du jeûne annuel. Ramadan commence le 1ᵉʳ mars, et le carême chrétien, le 3 mars. Deux dates qui constituent deux moments spirituels majeurs, renforçant les liens de solidarité confessionnelle dans un pays bâti sur le confessionnalisme politique.
Un jeûne sous tension dans un contexte de crise
Cette période de jeûne intervient alors que le Liban traverse une situation politique et sécuritaire délicate. L’effondrement économique, la flambée des prix et la dégradation des conditions de vie pèsent lourdement sur les citoyens. La hausse incontrôlée des prix des denrées alimentaires, souvent exacerbée par des commerçants profitant de la forte demande, rend l’accès aux produits de première nécessité de plus en plus difficile, en particulier pour les classes moyennes et défavorisées.
Malgré ces défis, le jeûne demeure un moment de spiritualité et de solidarité. Pour de nombreux Libanais, cette période est une opportunité de réflexion, de patience et d’entraide envers les plus démunis.
Jeûne du Ramadan Musulman et Carême Chrétien: entre tradition et difficultés économiques
À l’approche du Ramadan, les marchés s’animent, et les familles se précipitent pour l’achat de produits essentiels comme la farine, le sucre, les dattes et les fruits secs, indispensables aux repas de l’iftar et du suhoor. Les pâtisseries et boulangeries commencent à proposer les incontournables douceurs du mois sacré, tandis que les rues se parent de décorations festives.
De leur côté, les communautés chrétiennes maronite et orthodoxe préparent leur période de carême, qui s’étend sur 40 jours. La demande en produits adaptés au carême, tels que les légumineuses, les céréales, l’huile d’olive et les plats végétariens, augmente, remplaçant temporairement les aliments d’origine animale.
L’inflation alimentaire, un fardeau croissant
L’augmentation de la demande en denrées essentielles entraîne chaque année une flambée des prix, mais dans un pays en crise, cette inflation devient insoutenable pour de nombreux ménages. L’absence de contrôle des prix permet aux commerçants d’imposer des hausses abusives, aggravant encore la précarité.
L’économiste libanais Sami Haddad explique à Al Safa News : « Chaque année, les périodes de jeûne sont marquées par une explosion des prix. Les commerçants profitent de la forte demande pour augmenter leurs marges, en l'absence de régulation effective de la part des autorités. » Il appelle ainsi les consommateurs à anticiper leurs achats et à éviter les dépenses excessives, tout en exhortant l’État à imposer des mesures de contrôle pour limiter les abus.
Les associations caritatives en première ligne
Face à l’aggravation de la crise, les associations humanitaires et initiatives communautaires jouent un rôle clé pour soutenir les familles en difficulté. Elles distribuent des paniers alimentaires composés de produits de base tels que le riz, la farine, l’huile et les dattes, tout en organisant des repas collectifs gratuits pour les plus démunis.
De nombreuses initiatives citoyennes émergent également, proposant des produits à prix réduits ou des repas gratuits dans les quartiers les plus touchés par la crise. Ces actions témoignent d’un esprit de solidarité indéfectible, illustrant la culture du partage ancrée au Liban.
Aides pendant le Ramadan et le carême
- Les associations islamiques intensifient leurs actions durant le Ramadan en organisant :
- La distribution de paniers alimentaires contenant des produits de base,
- Des Mawa’id al-Rahman, repas collectifs offerts aux jeûneurs les plus démunis,
- Des aides financières pour permettre aux familles de subvenir à leurs besoins,
- Des programmes de dons pour offrir des vêtements aux enfants à l’approche du Eid.
Les organisations chrétiennes et les églises apportent également leur soutien aux familles dans le besoin :
- Fournir des paniers alimentaires adaptés aux traditions du carême, notamment des céréales, des légumineuses et des huiles végétales.
- Mettre en place des cuisines communautaires proposant des repas chauds sans viande, conformément aux restrictions alimentaires du carême.
- Offrir une aide financière aux familles en difficulté dans le contexte de la crise économique au Liban.
- Lancer des campagnes de collecte de fonds pour recueillir des dons pour les ménages défavorisés.
Une solidarité interconfessionnelle renforcée
Malgré les différences religieuses, la cohésion sociale se renforce en période de jeûne. Musulmans et Chrétiens se mobilisent ensemble pour aider les plus vulnérables, sans distinction confessionnelle. Cette entraide témoigne d’un Liban fidèle à ses valeurs de coexistence et de solidarité, malgré les crises successives qui l’affectent.
Dans un pays où les défis économiques s’intensifient, ces initiatives sont essentielles pour soulager une population durement éprouvée. Le jeûne, au-delà de sa dimension spirituelle, devient ainsi un symbole de résilience et d’unité face aux difficultés.