Indéniablement, la décélération du moteur économique chinois pourrait inciter New Delhi à esquisser une stratégie visant à éroder la suprématie industrielle chinoise mondiale, épaulée par les États-Unis. Depuis son ascension au rang des puissances économiques majeures de la planète, à la suite des États-Unis, de la Chine, du Japon, de l'Allemagne et du Royaume-Uni, l'Inde se retrouve au cœur des discussions des nations industrialisées, orchestrées par Washington. L'alternative d'une réorientation vers l'Asie du Sud plutôt que l'Extrême-Orient émerge, avec en toile de fond la perspective de l'Inde prenant le relais de la Chine en tant que pivot manufacturier mondial. Avec une population s'approchant des 1,5 milliard d'individus, l'Inde s'attelle à combler le hiatus significatif entre les deux géants, confrontée aux innombrables contraintes qui grèvent son aptitude à capitaliser sur les diverses richesses présentes sur son sol en provenance de l'Empire du Milieu.
Pour ce faire, l'Inde, en quête de ressources naturelles absentes en Chine, devra reconsidérer son approche traditionnelle basée sur les matières premières basiques et autres, afin de concrétiser ses ambitions industrielles. Dans les années à venir, elle s'emploiera à attirer des investissements étrangers et à mettre en œuvre des démarches visant à atténuer la dépendance planétaire vis-à-vis de l'industrie chinoise, fortement ancrée sur le marché. Cela passera par un renforcement de ses liens avec Washington et ses alliés.
L'administration du président Joe Biden a amorcé une démarche de restreinte des investissements américains en Chine, une stratégie qui a engendré une réduction substantielle des capitaux injectés depuis 2021, avec pour objectif de freiner l'utilisation des fonds américains par Pékin pour galvaniser sa puissance militaire. En août de cette année, la Maison Blanche a même décidé de resserrer davantage les rênes des investissements américains en Chine, particulièrement dans les domaines de l'électronique de précision et de l'intelligence artificielle. Néanmoins, Washington n'a pas échappé et continue d'affronter d'importants défis depuis plus d'un an en raison de la rareté et de l'envolée des prix des produits. Les retombées à court et long terme de cette décision présagent de nouveaux défis majeurs.
À court terme, la trame tissée serrée entre les mécanismes financiers des États-Unis et de la Chine contraint Washington à une certaine retenue dans son déploiement stratégique, afin d'éviter de porter préjudice à l'économie chinoise, qui montre des signes de stagnation. Cette prudence s'étend également à l'égard des impérieuses requêtes des mastodontes de l'entreprise américaine, porteurs d'enjeux commerciaux colossaux, qui surpassent les budgets de nombreuses nations. De ce fait, le porte-parole du département du Trésor américain insiste sur la nécessité de préserver les échanges entre les économies planétaires. Les États-Unis admettent que la Chine a solidifié sa prééminence sur les marchés mondiaux au fil des décennies, rendant ainsi sa réduction d'autant plus complexe. Soulignons que la stratégie déployée par Washington, née à l'ère de la guerre froide opposant les États-Unis à l'Union soviétique, a joué un rôle déterminant dans l'ascension de la Chine et l'a propulsée vers les sommets qu'elle occupe aujourd'hui.
Sur le long terme, la perspective de rivaliser avec Pékin conformément au plan de désengagement de la production chinoise requiert des nations industrialisées en quête d'une place prépondérante, telles que l'Inde, considérée comme une concurrente logique, de déployer une compétition acharnée et de mobiliser des capacités considérables. Cette mission se révèle ardue, se démarquant nettement du chemin emprunté par la Chine. Bien que le parti actuellement au pouvoir en Inde, le "Bharatiya Janata Party", sous la direction du Premier ministre "Narendra Modi", entretienne des liens étroits avec Washington et l'Occident, il pourrait catalyser les réformes indispensables. Néanmoins, la Chine jouit d'avantages multiples sur ses rivaux, en particulier l'Inde, notamment sa mainmise sur le secteur privé et sa capacité à mobiliser rapidement une pléthore de ressources. En contraste, le modèle économique adopté par New Delhi, fortement influencé par l'Occident, poursuit principalement le dessein de générer des rendements substantiels au bénéfice des investisseurs, garantissant ainsi la pérennité des investissements.
Par conséquent, dans un avenir proche, tant à court qu'à long terme, l'Inde se voit dans l'incapacité de supplanter la Chine. Cette dernière continuera de trôner en tant que leader incontesté de la scène manufacturière mondiale pour une période prolongée. Les entraves érigées autour des exportations chinoises ont déjà engendré des répercussions néfastes sur les entreprises américaines elles-mêmes.
L'ancien président américain, Donald Trump, avait brandi des menaces à l'encontre des entreprises américaines, les avertissant de la perte de contrats gouvernementaux si elles persistaient à opérer en Chine. Il avait également agité la perspective d'avantages fiscaux pour encourager ces entreprises à rapatrier leurs usines de Chine vers les États-Unis.
Aujourd'hui, une nouvelle dynamique émerge : l'exploration de territoires hors de la sphère chinoise pour assumer ce rôle. Une telle démarche repose essentiellement sur l'abondance d'une main-d'œuvre peu coûteuse et de compétences techniques. L'Inde, en particulier, figure en première ligne, mais l'obstacle majeur reste le défi persistant des matières premières.
En parallèle, la Chine a récemment étendu son influence dans le Golfe Persique, suscitant chez certains analystes l'éventualité qu'elle se transforme en alternative au marché américain. Cette perspective attractive se nourrit d'une demande de consommation soutenue. Les accords gouvernementaux conclus entre la Chine et l'Arabie Saoudite, englobant divers secteurs, attestent de l'ampleur envisagée de la présence chinoise dans la région.
En somme, les enjeux sont posés : une lutte acharnée pour les parts de marché et la conquête des consommateurs. Dans ce contexte, les États-Unis et l'Occident ne sauraient tabler sur l'Inde pour se substituer à la Chine, eu égard aux données antérieurement exposées. L'approche préconisée par Washington consistera davantage à échafauder un plan visant à amoindrir l'hégémonie industrielle chinoise, plutôt qu'à la supplanter par une autre. C'est en effet comme le dit l'adage, "un voyage de mille lieues commence par un pas".