Malgré l’élection d’un président de la République, la nomination d’un Premier ministre et son mandat pour former un gouvernement, et en dépit du parrainage international et arabe, le Liban demeure à la croisée des chemins, pris dans une spirale d’impasse politique et de désespoir économique.

Depuis les manifestations d’octobre 2019 déclenchées par la confiscation des dépôts bancaires et l’absence de responsabilité quant à cette crise, les Libanais aspirent à un gouvernement efficace. Or, les obstacles à sa formation restent, jusqu’à présent, insurmontables.

Alors que le pays se prépare à une nouvelle équipe ministérielle, quelles mesures le Premier ministre désigné devra-t-il prendre pour mener le Liban vers la stabilité ?

Un blocage politique enraciné dans les divisions sectaires

Le premier défi réside dans la paralysie politique engendrée par les fractures confessionnelles profondément ancrées. Le paysage politique libanais est une mosaïque d’acteurs, chacun ayant ses propres allégeances et revendications. Cette fragmentation empêche tout consensus sur les dossiers essentiels, qu’il s’agisse des nominations gouvernementales ou des orientations politiques fondamentales. L’absence d’unité ne retarde pas seulement la formation du gouvernement, elle freine aussi toute possibilité de réforme.

Une crise économique qui ne cesse de s’aggraver

À cette impasse politique s’ajoute une crise économique qui a plongé des millions de Libanais dans la pauvreté et la désillusion. Alors que des réformes structurelles sont indispensables, les dissensions internes bloquent toute avancée vers des solutions concrètes.

L’ombre des influences extérieures

Les ingérences étrangères compliquent davantage cette situation déjà critique. L’histoire du Liban est marquée par des interventions régionales qui rendent la politique locale indissociable des intérêts internationaux. Les tensions entre factions internes, souvent attisées par des agendas externes, fragilisent encore plus la cohésion du pouvoir.

La crise de confiance

Mais l’un des obstacles les plus difficiles à surmonter demeure la défiance généralisée envers la classe politique. Des décennies de corruption, de clientélisme et de gouvernements inefficaces ont nourri un scepticisme profond à l’égard des dirigeants traditionnels. Cette crise de légitimité complique la formation d’alliances et alimente un climat de frustration sociale propice aux protestations et aux tensions.

Quelles pistes pour un Premier ministre en quête de solutions ?

Face à ces défis de taille, quelles actions le Premier ministre désigné pourrait-il entreprendre pour sortir le pays de l’impasse ?

D’abord, il lui faudra s’appuyer sur les principes qu’il a lui-même énoncés lors de son discours au palais présidentiel : la nécessité d’une équipe gouvernementale homogène, partageant une même vision et œuvrant vers des objectifs communs. L’adoption d’une approche inclusive, basée sur le dialogue, sera essentielle pour rallier les différentes forces politiques et sociales.

Ensuite, la formation d’un gouvernement compétent et crédible doit être une priorité absolue. L’heure n’est plus aux nominations motivées par les allégeances politiques, mais à celles fondées sur l’expertise et l’intégrité. La sélection de ministres capables d’instaurer la confiance du public et de démontrer un réel engagement envers une gouvernance efficace sera cruciale pour assurer une stabilité durable.

Par ailleurs, l’élaboration d’une feuille de route claire et réalisable pour le redressement économique est impérative. Une collaboration renforcée avec les institutions financières internationales pourrait crédibiliser les réformes proposées et signaler une volonté sincère de s’attaquer aux problèmes structurels du pays.

L’implication de la société civile pourrait également jouer un rôle clé dans ce processus, en renforçant le soutien populaire et en instaurant une nouvelle culture politique basée sur la transparence et la reddition de comptes.

Enfin, garantir la sécurité intérieure sera un enjeu déterminant. Un environnement stable est indispensable pour prévenir les risques de troubles sociaux et favoriser le redressement du pays.

Le Liban se trouve aujourd’hui à un tournant décisif. Entre espoirs et incertitudes, l’action du futur gouvernement définira le chemin que prendra le pays : vers un sursaut tant attendu ou une stagnation aux conséquences désastreuses.