À peine séchée l’encre de « l’accord de cessez-le-feu » entre Israël et le Liban, que le « Hezbollah » a commencé à en esquiver les clauses. L’accord exigeait clairement du Liban une application complète de la Résolution 1701 et de celles qui l’ont précédée, y compris le désarmement de tous les groupes armés au Liban. Il précisait également que seules les forces de l’État libanais – l’armée, les forces de sécurité intérieure, la direction générale de la sécurité, la direction générale de la sécurité de l’État, les douanes libanaises et la police municipale – étaient autorisées à porter des armes.

Trois jours seulement après la mise en lumière de cet accord, le 27 novembre 2024, le secrétaire général adjoint du « Hezbollah », le cheikh Naïm Qassem, proclamait une « grande victoire », qu’il a estimée encore plus significative que celle de 2006. Il a assuré que « la résistance restera permanente » et a souligné que la guerre avait prouvé que le « Hezbollah » était prêt, que les plans élaborés par Hassan Nasrallah (ancien secrétaire général du Hezbollah) étaient efficaces et prenaient en compte toutes les évolutions. Il a également affirmé que « l’accord n’est qu’un programme de mise en œuvre de la Résolution 1701 », conclu « en vertu de la souveraineté libanaise » et accepté avec la « tête haute » en raison du « droit à la défense ».

Le 18 janvier 2025, lors de la treizième conférence internationale « Gaza Symbole de la Resistance » Qassem estime que « l’accord concerne exclusivement le sud du fleuve Litani », affirmant que le « Hezbollah » en était sorti « tête haute ». Il a précisé que la Résolution 1701 constituait un cadre général et que les plans d’utilisation de la résistance et de son arsenal seraient débattus dans le cadre d’une stratégie de défense, dans le respect de « la force, de la souveraineté et de l’indépendance du Liban ».

Ce que Qassem a omis de mentionner, c’est que l’accord stipule explicitement « le démantèlement de toutes les infrastructures liées à la fabrication d’armes et d’équipements connexes », « le démantèlement de toutes les infrastructures militaires et sites stratégiques », ainsi que « la saisie de toutes les armes non autorisées », à commencer par le sud du Litani – et non exclusivement dans cette zone.

L’avenir de l’arsenal du « Hezbollah » ne se limite pas aux termes de cet accord. Lors de son discours d’investiture, le président de la République, le général Joseph Aoun a réaffirmé avec clarté le « droit exclusif de l’État à la détention des armes ».

Quant à la stratégie de défense que le « Hezbollah » invoque aujourd’hui pour discuter du sort de son arsenal, elle relève désormais uniquement de l’État libanais. Le président Aoun a affirmé avec fermeté : « Mon mandat s’engagera à initier une discussion sur une politique de défense intégrée, dans le cadre d’une stratégie de sécurité nationale globale aux niveaux diplomatique, économique et militaire, permettant à l’État libanais – et je répète, à l’État libanais – de mettre fin à l’occupation israélienne et de repousser toute agression sur le territoire libanais. »

Le Premier ministre désigné, Nawaf Salam, a également abordé la question lors de sa première visite au palais présidentiel. Il a insisté sur « la mise en œuvre intégrale de la Résolution 1701 et de toutes les clauses de l’accord de cessez-le-feu », ainsi que sur « l’extension de l’autorité de l’État libanais sur l’ensemble de son territoire par ses propres forces légitimes, comme le stipule à la lettre l’Accord de Taëf ».

Si l’on ajoute à la trilogie « Accord de cessez-le-feu – Discours d’investiture – Déclaration de Salam », le climat international en faveur d’un changement, l’élan présidentiel et le dynamisme gouvernemental à venir avec Salam, le destin des armes du « Hezbollah » se réduit à trois scénarios :

• La destruction par Israël des stocks et les convois d’armes du « Hezbollah » continuera à moins que le comité de surveillance de l’application du cessez-le-feu, dirigé par un général américain, ne procède à leur saisie.

• La cession des armes à l’armée libanaise, ou le retour de l’arsenal à l’Iran, comme cela a été le cas pour les autres milices lors de l’application de l’Accord de Taëf au début des années 1990.

• Leur transformation en ferraille, conséquence de l’engagement à ne pas les utiliser contre Israël au sud et de l’impossibilité de s’en servir sur le plan interne.

Tel est un des destins inéluctables, face auquel le déni et les manœuvres ne serviront à rien. Le « Hezbollah » doit choisir : laisser ses armes à Israël, faire preuve de sagesse en les remettant à l’armée libanaise, ou les laisser rouiller sous le poids des jours, des mois et des années.