Généreux , rassembleur, humaniste exhaustif… Le discours du nouveau Premier ministre français, François Bayrou à l’Assemblee nationale, mérite bien des qualificatifs. Une « copie démocrate chrétienne » listant tous les problèmes français a été déroulée pendant une heure trente , parfois dans une confusion extrême : le Premier ministre s’est perdu dans les feuilles de son discours ! Une heure trente de discours prononcée parfois dans un ennui papable.
« Nous ne vivrons pas le grand soir… mais il faut passer du désespoir à un espoir ténu », s’est risqué François Bayrou, en conclusion. Et de rappeler qu’il « n’y a pas de politique sans risque , en citant l’ancien Président du Conseil , Pierre Mendes France. Et des risques Bayrou en prend ! Il donne trois mois aux syndicats et partis politiques pour tenter d’améliorer le texte de la réforme des retraites. En France, depuis des mois, une majorité de Français s’oppose à cette loi qui repousse le départ de l’âge à la retraite de 62 ans à 64 ans . L'âge moyen réel de départ à la retraite est de 66 ans ou plus dans la plupart des pays européens où les données de l'OCDE sont disponibles.
Mais, les partis français de Gauche et le Rassemblement National, parti de l’ultra droite Française, ne veulent pas de cette loi ! Bayrou, sans majorité au parlement français, réouvre donc le chantier de ce texte controversé où il risque, lui et son gouvernement, d’être censuré par les députés. La crise politique française est donc toujours vive et les lendemains stabilisés demeurent un leurre. Le Parti socialiste et l’extrême Gauche du parti La France Insoumise, s’apprêtent à voter la censure . Mais le RN détient les clefs de la survie politique de Bayrou. La France politique retient son souffle. L’apnée risque de durer plusieurs semaines !
À la crise politique, il faut ajouter le risque d’une crise financière : La France s’apprête à réduire les dépenses publiques de 32 milliards d’euros et à augmenter les impôts de 21 milliards. Cela suffira-t’il à rassurer les marchés financiers sur lesquels Paris doit emprunter plus de 300 milliards cette année pour faire face à son imposant déficit annuel attendu entre 180 et 200 milliards en 2025 ? Rien n’est moins certain !
Le taux de croissance français revu à la baisse à 0,9% n’est pas rassurant . Il n’est d’abord que l’épaisseur du trait ! À un niveau aussi faible , il peut ou rester en terrain positif toute l’année ou marquer le début d’une récession economique pour la France . Mais, dans les deux cas de figures, ce taux de croissance incarne des recettes fiscales en moins pour le budget de l’Etat . La « quadrature du cercle budgétaire » français demeure donc entière. La France n’a toujours pas voté son budget pour 2025. Les chutes successives de gouvernements ne lui en a pas laissé le temps. Alors, les marchés financiers mondiaux commencent à perdre patience : l’écart de taux d’emprunts à dix ans entre la France et l’Allemagne se creusent. Au détriment de Paris. La France apparaît, en ce moment, sur les marchés financiers, moins crédible que l’Espagne ou le Portugal ou que la Grèce. Les taux d’emprunts respectifs en attestent. François Bayrou joue le pari politique le plus risqué de sa longue carrière au sein de la Veme république.