Au milieu des tensions et de la rigidité politique exacerbées par les représentants officiels de la communauté chiite libanaise, « Hezbollah » et « Mouvement Amal, » à propos de la désignation du juge Nawaf Salam pour former un gouvernement et de l’élection du général Joseph Aoun à la présidence de la République, il est essentiel d’examiner la situation avec ses aspects positifs et négatifs et de chercher des moyens de désamorcer les blocages qui ont marqué les débuts du nouveau mandat.

Premièrement, le Hezbollah, par la voix de Mohammad Raad, chef de son bloc parlementaire, a dénoncé depuis le palais de Baabda une conspiration visant à « écarter » la communauté, qualifiant la situation de « guet-apens » et accusant certains d’avoir « tranché » la main tendue pour l’élection présidentielle, violant ainsi des accords antérieurs.

En réalité, ces prétendus « accords » nécessitent des preuves, écrites ou verbales, et l’identification des parties impliquées, qu’elles soient libanaises, étrangères ou les deux. Des zones d’ombre demeurent quant à la fiabilité des promesses faites, notamment la désignation de Najib Mikati (Premier ministre précédent), ou sur des sujets comme l’armement, la reconstruction et les nominations ministérielles.

Les références aux pressions américaines et saoudiennes sur les députés montrent que le « duo chiite » n’a pas échappé à ces influences, même s’il s’y est plié avec réticence, comme en témoigne son soutien à l’élection du général Joseph Aoun sous conditions.

Deuxièmement, un positionnement inédit est apparu de la part de l’autorité religieuse suprême de la communauté chiite, également depuis Baabda. Le cheikh Ali Al-Khatib, vice-président du Conseil islamique supérieur chiite, a affirmé que « les armes ne sont pas sacrées » et que le Liban a besoin de sécurité et de stabilité, une déclaration qui tranche avec la rhétorique du Hezbollah sanctifiant ses armes. Cette position a suscité une réponse immédiate du cheikh Ahmad Qabalan, affirmant que « rien n’est plus sacré que les armes. »

La déclaration du cheikh Khatib s’inscrit dans l’héritage historique de la communauté, rappelant la vision nationale de l’imam Moussa Sadr et de cheikh Mohammad Mehdi Shamseddine, en opposition au projet transnational du Hezbollah aligné sur l’Iran.

Troisièmement, les observateurs n’ont noté aucune intention d’isoler le « duo chiite, » ni de la part de ses opposants politiques, ni des nouvelles figures dirigeantes, le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam. Tous réaffirment leur engagement envers un partenariat national basé sur l’équité.

Quatrièmement, les accords nationaux ne doivent pas devenir arbitraires, applicables dans certains domaines mais pas dans d’autres. Ils doivent refléter une représentation juste et équilibrée des communautés.

Cinquièmement, au cœur de la crise actuelle réside une atteinte à la diversité libanaise. Alors que d’autres communautés conservent une pluralité interne, la communauté chiite est monopolisée par le Hezbollah et Amal. Favoriser la diversité au sein de cette communauté est essentiel pour un équilibre national.

La nouvelle phase nécessite un changement de discours et de pratiques politiques, misant sur la coopération pour reconstruire l’État. Entre isolement et repli sur soi, il y a une nette différence, et il faut éviter de sombrer dans l’un sous prétexte de l’autre.