Au Président : Un Leader à l’Image de Fouad Chéhab, Sans le Deuxième Bureau

En tant qu’être humain, je crois que chaque individu a une valeur intrinsèque, le droit de chercher le bonheur et que la dignité humaine doit être une priorité absolue.

En tant que citoyen, je rêve d’un pays où ses enfants ne se sentent pas comme de simples visiteurs de passage, ni une arène ouverte aux autres, mais une patrie offrant l’égalité dans les devoirs, les opportunités et les droits, fondée sur la justice pour tous.

En tant que Libanais, je chéris notre « pluralisme, » une richesse propre au Liban, qui nécessite d’être protégé par un système qui prévient tout abus.

En tant que libanais Chrétien, je défends l’ouverture à l’autre sur un pied d’égalité, loin de la soumission, du repli sur soi ou d’une existence limitée.

Il serait malhonnête de ne pas reconnaître le scepticisme lié aux anciens généraux devenus présidents après l'accord de Taëf. Vous êtes le quatrième à passer directement du commandement de l’armée à la présidence de la république, suivant des prédécesseurs aux héritages mitigés.

En tant que libanais Maronite, je tiens à ce dont nous a rappelé Charles Malek, une grande figure libanaise, que des grandes attentes sont placées sur les Maronites.

À vous, Général Joseph Aoun, président prometteur de mon pays, je m’adresse sincèrement, sans flatterie ni hypocrisie. Votre discours inaugural m’a poussé à vous écrire, car il a insufflé l’espoir dans le cœur des Libanais et ravivé leur esprit.

Il serait malhonnête de ne pas reconnaître le scepticisme lié aux anciens généraux devenus présidents après l'accord de Taëf. Vous êtes le quatrième à passer directement du commandement de l’armée à la présidence de la république, suivant des prédécesseurs aux héritages mitigés.

Un autre, arrivé au pouvoir au milieu du sang versé en mai 2008, mais dont les efforts de réconciliation, comme la Déclaration de Baabda, furent vite sabotés.

Un troisième, porté par un soutien populaire massif, a présidé la pire crise économique du Liban et une explosion dévastatrice, manquant l’occasion de s’inscrire parmi les grands leaders.

Cependant, votre mandat à la tête de l’armée, marqué par la sagesse et la fermeté, dissipe une grande partie de ces doutes. Votre gestion des protestations d’octobre 2019 et de l’incident de Tayouneh contraste nettement avec la gestion des crises passées par vos prédécesseurs.

Il y a un désir collectif de leadership semblable à celui de Fouad Chéhab. Son mandat a été marqué par la retenue, l’intégrité et son engagement à bâtir des institutions étatiques. Il a résisté aux tentations du pouvoir, défendu la souveraineté et privilégié l’État de droit, refusant les amendements constitutionnels à son profit. Il est mémorisé, non pour avoir fondé un parti politique, mais pour avoir posé les bases d’un État fonctionnel.

Je vous invite à incarner le meilleur de l’héritage de Chéhab tout en évitant les pièges du tristement célèbre « Deuxième Bureau, » dont les pratiques oppressives ont entaché son administration.

Inspirez-vous des présidents civils en termes de diplomatie et d’habileté politique. Que votre discipline militaire se traduise en véritable leadership d’État. Prenez exemple sur Bachir Gemayel (7eme Président de la République), qui, avant même d’assumer ses fonctions, a restauré l’ordre institutionnel par sa seule présence.

Méfiez-vous des opportunistes qui pourraient exploiter votre ascension. Créer un mouvement politique est votre droit, mais gardez-vous des tentations populistes qui nuisent à une gouvernance rationnelle.

Votre engagement à préserver le Pacte National, à protéger les libertés et à monopoliser le contrôle des armes par l’État inspire confiance. Votre reconnaissance des échecs de gouvernance et votre adoption de la « neutralité positive » ouvrent la voie à un débat transparent sur l’avenir du Liban.

Au nom des Libanais, épuisés par les guerres, les crises et le désespoir, je vous exhorte à saisir cette opportunité historique. Soyez un mélange de la ruse de Camille Chamoun (2eme Président de la République), de la détermination de Bachir et de la vision institutionnelle de Chehab—sans un « Deuxième Bureau. » L’histoire, tout comme le peuple, vous jugera équitablement, comme elle l’a fait pour Chehab.