Le Liban commence à sortir du cercle vicieux de l’effondrement et de l’État défaillant pour emprunter le chemin du redressement vers un État indépendant et stable. Son avenir n’aura à rougir que de son passé récent, laissant ses profondes racines intactes.
Le Liban du passé lointain, depuis qu’il a conduit la première renaissance arabe au XIXᵉ siècle (sans remonter davantage à ses références bibliques, mentionné 70 fois dans l’Ancien Testament, ou à son rôle pionnier dans l’alphabet et le savoir), a toujours été une source de fierté, incarnant un modèle humaniste et progressiste au sein du monde arabe et du Moyen-Orient. Mais, il y a un demi-siècle, il a été entraîné dans les conflits et guerres d’autrui.
Quant au Liban du passé récent, il a été marqué par des guerres aveugles et sanglantes, culminant dans une guerre dévastatrice il y a à peine un an et trois mois. Cette période a anéanti son dynamisme et son rôle, mobilisant les efforts régionaux et internationaux pour le sortir de cet abîme.
Aujourd’hui, jeudi 9 janvier 2025, marque une étape majeure : l’élection par le Parlement d’un nouveau président de la République, dont le nom et la fonction sont désormais sans équivoque. Après 26 mois de blocage orchestré par une minorité obstructive, cette avancée, bien que lente ou hésitante, est irréversible. Le dicton s’applique : « Ce qui est écrit est écrit. » Le Liban aura un président à la stature souveraine et réformatrice, adapté aux enjeux de cette nouvelle phase.
Les transformations en cours, tant locales qu’internationales, ne peuvent plus être effacées. L’avenir du Liban ne ressemblera pas à son récent passé. L’ère de l’État failli, dépourvu de souveraineté et de stabilité, ou de l’État à double pouvoir – armes et décisions –, appartient au passé. La page sombre des dualités dirigeantes et des faux équilibres est tournée, même si certains persistent dans un pessimisme irréaliste.
Face à cette réalité, les forces obstructionnistes ont compris qu’elles ne pourraient imposer un président issu de l’ancienne logique de l’effondrement, ni par des subterfuges ni par des manœuvres. Certains ont cédé sous prétexte de « consensus ». Même dans l’hypothèse improbable où un tel président aurait été élu, il aurait fait face à deux options : l’échec et l’isolement, ou l’obligation de s’adapter à la nouvelle dynamique locale et internationale en faveur des réformes.
Cependant, cet éventuel scénario a été écarté dès hier soir, suite aux déclarations claires et suffisantes de plusieurs blocs parlementaires, en faveur d’un président ancré dans la souveraineté et la reconstruction, correspondant aux exigences de cette nouvelle ère.
Un nouveau chapitre s’ouvre pour le Liban, sous l’œil vigilant de ses parrains arabes et internationaux.
Il est clair que l’équilibre né des bouleversements au Liban, en Syrie et dans la région dispose d’une dynamique de transformation suffisamment puissante pour garantir cet élan positif. Cet équilibre s’impose même à ceux qui refusent le changement ou nient les nouvelles réalités, incapables de les renverser.
Ainsi, le nouveau président s’inscrit nécessairement dans une logique de sauvetage objective, en phase avec les nouvelles donnes et concepts, et respectueux de ses conditions. Deux principes fondamentaux se dégagent : l’unité et la neutralité. L’unité des armes et des décisions, et la neutralité active du Liban face aux conflits, l’éloignant des guerres.
Le Liban a un besoin urgent d’une aide financière, économique et sociale importante et généreuse, que ce soit sous forme de dons, de dépôts ou de prêts. Cependant, les parrains arabes et internationaux conditionnent ces soutiens à des engagements clairs. Il n’y a plus de place pour des bienfaiteurs philanthropiques prêts à soutenir un camp politique qui s’oppose à eux, ne respecte pas les accords passés (notamment ceux relatifs au cessez-le-feu) et ne se conforme pas à leurs standards. Dans ce contexte, politique et financement vont de pair. Celui qui est faible et dépendant ne peut se permettre de refuser ou de tergiverser.
Tous les acteurs concernés au Liban – responsables, forces politiques, figures influentes, candidats à la présidence et futurs membres du gouvernement – sont pleinement conscients que ces parrains arabes et internationaux ne dissocient pas leurs attentes politiques et économiques. Depuis environ deux ans, des déclarations claires ont été faites lors des réunions de New York et Paris, des sommets de Riyad et Doha, et des discussions intensives de la « Commission quintuple ». Le message est sans ambiguïté : aucun financement ne sera accordé à un pouvoir qui ne répond pas aux critères et exigences posés.
Les dernières heures, marquées par une intensité d’échanges, de réunions et de pressions, ont refroidi certaines tensions. Beaucoup se sont résignés à accepter le possible, contraints et forcés, ou dans l’espoir de certaines promesses et avantages.
La première perle du chapelet du salut doit être solide, brillante et parfaite, pour que les autres suivent son exemple, permettant ainsi de formuler une prière d’espoir et de rédemption.
Alors comme l’écrit la Bible : « L’homme ne vit pas seulement de pain ». De la même manière, « le Liban ne vit pas uniquement de son président ».