Encore une fois, les discussions portent sur le « jour d’après » dans la région, voire sur les jours qui suivent. Aucun jour ne ressemble à l’autre, que ce soit dans la vision des solutions ou dans leur chronologie. Il n’est toujours pas clair si les acteurs garants pourront, dans le contexte actuel, garantir la mise en œuvre des perspectives des jours à venir.

Qu’en est-il du lendemain au Liban ? Les réponses varient selon les interlocuteurs. Bien que certaines réponses partagent des grandes lignes similaires, elles restent sujettes à des interprétations divergentes. Prenez par exemple la phrase « mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité dans toutes ses dimensions » : l’écart dans l’interprétation de ces « dimensions » est frappant.

Quant au lendemain pour Gaza et l’Autorité palestinienne en général, les visions diffèrent également selon les points de vue, mais un point de discorde majeur persiste : la question de l’État palestinien. De ses frontières à sa souveraineté, en passant par sa relation avec Israël (gouvernement et colons) et la notion floue des « droits du peuple palestinien », les divergences demeurent profondes.

Un concept en déclin ?

La viabilité de l’État palestinien est-elle encore d’actualité, et quelles sont ses chances de réalisation ?

L’administration du président Joe Biden, dans le temps qui lui reste, fait face à des défis liés à cette question. Les appels se multiplient, y compris de la part de membres du Congrès, pour renouveler les efforts diplomatiques en faveur de la solution à deux États, avec un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël. Cependant, les récents événements ont rendu cette vision plus difficile à atteindre, voire presque irréaliste.

Dix-neuf sénateurs démocrates ont exhorté Biden à adopter une position plus engagée envers la solution à deux États, plaidant pour un cadre audacieux et public reconnaissant un État palestinien démilitarisé, gouverné par une autorité palestinienne réformée. Cette demande reflète une inquiétude croissante chez les démocrates quant au coût humain du conflit et à son impact humanitaire. Elle souligne également la nécessité d’un leadership américain pour relancer les négociations de paix et aborder les obstacles qui freinent la création d’un État palestinien, notamment l’expansion des colonies israéliennes et la violence des colons.

Deux défis majeurs

Le premier obstacle réside dans la position des gouvernements israéliens successifs, particulièrement ceux sous la direction de Benjamin Netanyahou, qui ont refusé de faire des concessions facilitant la création d’un État palestinien. Netanyahou considère toute forme d’autonomie – une alternative inacceptable pour les Palestiniens – comme une menace plutôt qu’une opportunité de paix.

Le deuxième défi est l’absence d’unité interne au sein des Palestiniens. Bien que l’Autorité palestinienne soutienne la solution à deux États, le Hamas la rejette catégoriquement. Il est de notoriété publique que Netanyahou a exploité cette division pour affaiblir l’idée d’un État palestinien. L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a donné à Netanyahou l’occasion de mener une riposte qu’il considère comme ayant annihilé toute chance de solution à deux États.

Le rôle potentiel de Biden

Joe Biden dispose de plusieurs options stratégiques qui ne nécessitent pas l’approbation du Congrès, selon Jonah Blank, ancien conseiller de Biden pour l’Asie et les communautés islamiques. Parmi ces options figurent une reconnaissance diplomatique officielle de l’État palestinien et un soutien à la réforme de l’Autorité palestinienne pour renforcer sa légitimité. Biden pourrait également exercer une pression sur Israël en conditionnant les aides militaires américaines au respect des normes internationales concernant les colonies et les actions militaires.

En parallèle, les États-Unis pourraient renforcer leur collaboration avec les partenaires régionaux, notamment les pays arabes soutenant la solution à deux États, afin de former une coalition plus large en faveur de la paix.

Un avenir incertain sous Trump

L’éventualité d’un second mandat de Donald Trump suscite de nombreuses craintes. Lors de son premier mandat, Trump a offert à Israël ce qu’aucun président ne lui avait accordé auparavant, ignorant la solution à deux États en favorisant des politiques pro-israéliennes telles que le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem et la reconnaissance de l’annexion du Golan.

Un retour de Trump pourrait signifier un soutien accru à l’expansion israélienne en Cisjordanie et une marginalisation accrue des aspirations palestiniennes. Trump pourrait également poursuivre le renforcement des accords d’Abraham sans aborder la question de l’État palestinien, ouvrant la voie à une solution à un État unique avec une autonomie palestinienne limitée.

En conclusion, bien que la solution à deux États reste possible en théorie, ses chances de réalisation sous un éventuel second mandat de Trump semblent presque inexistantes. Les politiques probables favoriseraient les intérêts israéliens au détriment des droits palestiniens, creusant les divisions et sapant les espoirs d’une paix durable.