À moins de cent jours de l'élection présidentielle américaine du 5 novembre prochain, la vice-présidente Kamala Harris, la candidate présumée du Parti démocrate, a réussi à réduire l'écart avec le candidat républicain Donald Trump. Selon un nouveau sondage du Wall Street Journal, Trump devance Harris de deux points (49-47), un écart qui se situe dans la marge d'erreur.
Cependant, Harris est en tête de deux points (43-41) dans un sondage national réalisé par Reuters/Ipsos, également dans la marge d'erreur. Dans les États clés, Harris devance Trump dans le Michigan (+11), le Wisconsin, l'Arizona et le Nevada (+2), tandis que Trump est en tête en Pennsylvanie (+4) et en Caroline du Nord (+2). Les deux candidats sont à égalité en Géorgie, selon un sondage Bloomberg News/Morning Consult.
Harris a obtenu le soutien de la majorité des délégués démocrates pour sa candidature. Elle concentre maintenant ses efforts pour séduire les électeurs afro-américains, un groupe clé qui a été déterminant dans la victoire du président Biden. Mardi soir dernier, elle a organisé un rassemblement énergique à Atlanta, en Géorgie, où elle a reçu un soutien important. Trump a réagi en critiquant son appartenance ethnique, affirmant qu'elle « a récemment découvert qu'elle était noire » alors qu'elle se disait auparavant « d'origine indienne ».
Trump prévoit également de se rendre à Atlanta demain pour un rassemblement sur le même site où Harris s'est adressée à une foule nombreuse. Il cible également les électeurs afro-américains. Trump mise aussi sur les électeurs blancs de la classe ouvrière, qui lui avaient assuré une victoire étroite sur Hillary Clinton en 2016 avant de se tourner vers Biden quatre ans plus tard. Le choix de J.D. Vance comme colistier pourrait avoir été motivé par sa capacité à mobiliser cette catégorie d'électeurs dans les États du Midwest.
La campagne de Harris a récolté 200 millions de dollars lors de la première semaine, dont les deux tiers proviennent de donateurs participant pour la première fois à cette élection. La campagne a renforcé ses rangs avec plus de 170 000 bénévoles. Un sondage AP-NORC indique que près de 80 % des démocrates sont satisfaits d'elle en tant que candidate, une augmentation significative par rapport aux chiffres de Biden. Elle prévoit d'annoncer le nom de son colistier avant la fin de la semaine pour compléter le ticket.
Les deux campagnes offrent aux Américains des choix radicalement différents. Sur le plan économique, Harris propose des mesures progressistes, incluant un crédit d'impôt remboursable pouvant atteindre 6 000 dollars pour les familles de la classe moyenne et un relèvement du taux d'imposition des sociétés à 35 %, après que Trump l'ait abaissé à 21 %. Elle insiste sur l'accès abordable aux soins de santé, à la garde d'enfants et au logement, et a proposé une législation pour alléger les loyers afin d'aider les locataires.
Trump se concentre sur les baisses d'impôts, la déréglementation et des politiques favorisant les riches et les grandes entreprises. Il cherche à prolonger la loi de réduction des impôts et à diminuer davantage les impôts pour les plus fortunés. Ses politiques économiques ont engendré un déficit supplémentaire de 9 000 milliards de dollars pour le Trésor public en quatre ans.
En matière de santé, Harris soutient une transition vers un système de soins de santé soutenu par le gouvernement, similaire à l'Obamacare, tout en permettant la coexistence avec l'assurance privée. Elle a proposé des mesures pour réduire le coût des médicaments en permettant au gouvernement de négocier les prix et d'importer des médicaments moins chers.
Trump, quant à lui, s'oppose à l'intervention gouvernementale dans les systèmes de santé et prône des solutions de marché privé.
Sur le changement climatique, Harris soutient le « Green New Deal » et des investissements importants dans les énergies propres.
Trump, en revanche, considère le discours sur le changement climatique comme une « grande tromperie » et appelle à une augmentation de l'exploitation et de la dépendance aux combustibles fossiles.
En matière d'immigration, Harris plaide pour des voies vers la citoyenneté pour les migrants illégaux et pour améliorer les conditions de vie des migrants, ainsi que pour des politiques visant à traiter les causes de la migration en Amérique centrale.
Trump adopte une position ferme sur l'immigration, y compris la construction d'un mur frontalier et la mise en œuvre de politiques dissuadant l'immigration illégale.
La question de l'avortement est celle qui pourrait peser le plus lourd dans la balance. Harris est une ardente défenseure du droit à l'avortement et s'efforce de renforcer les efforts législatifs pour protéger ces droits au niveau fédéral.
Trump soutient les restrictions et préfère que la question soit traitée au niveau des États, mais il semble adoucir sa position sur l'avortement face à une forte opposition de diverses électrices.