Les électeurs américains ne montrent pas beaucoup d'enthousiasme pour le premier débat télévisé entre le président démocrate Joe Biden et l'ancien président Donald Trump, le candidat présumé du parti républicain, qui se tiendra aujourd'hui.
Cependant, l'importance de ce débat, qui sera animé par des modérateurs de la chaîne de télévision américaine CNN à Atlanta pendant 90 minutes, réside dans le fait que c'est la première fois depuis le début de cette tradition présidentielle en 1960 qu'un débat a lieu à ce stade précoce des campagnes électorales.
Tous les sondages aboutissent à une seule conclusion : le public américain aurait préféré des candidats autres que Biden et Trump, afin que cette élection ne ressemble pas à un remake de celle de 2020, avec tout son lot de bruit et de divisions. L'âge avancé des deux candidats (Biden 81 ans et Trump ayant fêté ses 77 ans la semaine dernière) est un facteur qui ne motive pas les électeurs à s'enthousiasmer pour ces élections.
Les deux candidats ont pris conscience de cette problématique et ont convenu implicitement de tenir le débat le 27 juin, alors que la tradition voulait que le premier débat se tienne en septembre. Biden et Trump espèrent ainsi insuffler de l'enthousiasme à leurs bases respectives grâce à ce débat précoce.
Un sondage réalisé par NBC en avril dernier a montré que l'intérêt pour les élections était à son plus bas niveau à ce stade de l'année électorale depuis 2012 et avait même diminué depuis septembre. Un autre sondage de CNN fin avril a révélé une baisse de sept points depuis août parmi les électeurs ayant la plus grande motivation à voter.
Les deux camps, démocrate et républicain, se sont préparés au débat. Biden a effectué des répétitions à Camp David pour se préparer aux questions embarrassantes que Trump pourrait soulever, comme l'inflation et l'immigration. Quant aux républicains, ils ont concentré leurs efforts sur l'apparence calme et maîtrisée de Trump, afin qu'il évite les accès de colère qui avaient marqué leur premier débat avant les élections de 2020.
Les démocrates veulent que Biden apparaisse comme un "président énergique, maîtrisant les enjeux et capable de confronter directement Trump pour expliquer ses réalisations à la Maison Blanche", selon un article du Washington Post. Trump, de son côté, devrait se concentrer sur l'immigration, la criminalité, le budget et l'inflation pour sortir victorieux du débat, selon son ancien conseiller de campagne David Urban.
L'essentiel pour Biden est de ne commettre aucune gaffe ou lapsus que Trump pourrait exploiter pour renforcer sa campagne d'ici les élections de novembre. Une autre point positif pour Trump est que sa popularité n'a pas été affectée négativement par sa condamnation dans l'affaire de Manhattan liée à un paiement pour acheter le silence d'une actrice pornographique avant les élections de 2016. Les sondages montrent même un léger avantage pour Trump sur Biden dans les six États clés qui déterminent généralement le résultat des élections.
Biden et Trump cherchent chacun un point de percée pour dynamiser la scène électorale.
Les conseillers de Trump lui ont recommandé d'éviter les attaques personnelles, comme décrire Biden comme déconnecté de la réalité ou répéter les accusations sans preuves de vol de l'élection de 2020.
Selon un rapport du New York Times, le débat d'Atlanta représente pour Biden une opportunité de rappeler aux électeurs le chaos qui a régné sous la direction de Trump, sa condamnation pénale, et de mettre en garde contre un avenir plus sombre en cas de second mandat de Trump.
Le représentant démocrate de Caroline du Sud, James Clyburn, proche de Biden, a qualifié le débat de "moment décisif" potentiel dans la course présidentielle.
Ainsi, Biden et Trump cherchent chacun un point de percée pour dynamiser la scène électorale. Cependant, cela comporte des risques si l'un des candidats commet une grosse erreur, renforçant l'impression déjà ancrée chez la plupart des électeurs que cette course aurait dû se jouer entre d'autres candidats.
Si les électeurs américains sont sceptiques quant au débat entre Biden et Trump, les alliés et les adversaires des États-Unis, eux, observent de près le déroulement des élections américaines. Certains alliés craignent le retour de Trump en pleine guerre russo-ukrainienne et ses positions "isolationnistes" pouvant conduire à une solution déséquilibrée imposée à l'Ukraine.