Les récentes élections européennes ont provoqué un séisme politique en France. Le Rassemblement national, dirigé par Marine Le Pen, a remporté une victoire écrasante, tandis que le parti centriste Renaissance, mené par le président Emmanuel Macron, a subi une défaite cuisante. Face à ces résultats, Macron a réagi en dissolvant l'Assemblée nationale et en appelant à des élections anticipées les 30 juin et 7 juillet.

 Ce pari risqué vise à mobiliser l'opinion publique française contre l'extrême droite en seulement trois semaines. La tâche est ardue pour le parti Renaissance, qui doit augmenter son faible score de 14,5 % aux européennes, loin derrière les 31,5 % du Rassemblement national. Les avertissements sur les "dangers nationalistes et démagogiques" pourraient ne pas suffire à unir les électeurs contre l'extrême droite.

"Ce pari rappelle la solution suicidaire de Jacques Chirac en 1997, lorsqu'il a dissous l'Assemblée nationale, menant à des résultats inverses et le laissant prisonnier d'un gouvernement de gauche," a averti le journal britannique "The Guardian." Tandis que le Rassemblement national de Le Pen semble uni, avec son candidat au poste de Premier ministre, Jordan Bardella, étant le politicien le plus populaire en France, les centristes pro-européens restent divisés.

Les électeurs sont plus préoccupés par l'inflation, qui érode leurs revenus, et par l'immigration.

Si Macron échoue à mobiliser contre l'extrême droite, et que le Rassemblement national obtient la majorité, Macron pourrait être forcé à la cohabitation avec Bardella. Quel serait alors son choix stratégique, rappelant l'expérience de Charles de Gaulle, qui avait démissionné en 1969 après l'échec de son référendum sur la décentralisation ?

Pour Macron, ces scénarios sont loin d'être idéaux. Les décisions des électeurs sont souvent influencées par leur situation économique et sociale, plutôt que par la politique étrangère, même en cas d'engagement militaire en Ukraine contre la Russie. Les élections européennes ont montré que les électeurs sont plus préoccupés par l'inflation, qui érode leurs revenus, et par l'immigration.

Cette montée de l'extrême droite ne se limite pas à la France. En Allemagne, le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) a surpassé le parti social-démocrate d'Olaf Scholz, malgré les accusations d'extrémisme. Un sondage à la sortie des urnes a révélé que la majorité des électeurs de l'AfD adhèrent aux croyances du parti plutôt que de voter par protestation contre le gouvernement.

Au début de l'année, Scholz a dirigé des manifestations contre l'extrême droite, après la participation de membres de l'AfD à une réunion néonazie. Cependant, cela n'a pas suffi à diminuer le soutien pour l'AfD, alors que l'insatisfaction croît face à l'incapacité des gouvernements européens à résoudre les problèmes sociaux et économiques, poussant les citoyens vers l'extrémisme.

Les gains de l'extrême droite en France et en Allemagne ébranlent le cœur de l'Europe. Avec l'Italie déjà gouvernée par l'extrême droite, et des succès similaires en Hongrie, Pologne, Espagne, Autriche et Pays-Bas, l'inquiétude grandit sur la stabilité politique du continent. La tentative d'assassinat du Premier ministre slovaque Andrej Fico en avril, l'agression de la Première ministre danoise Mette Frederiksen, et les attaques répétées contre des politiciens allemands montrent comment les idées extrémistes peuvent se transformer en actions concrètes.

Les élections européennes, jadis peu surveillées, sont désormais au centre des préoccupations, reflet des défis majeurs auxquels l'Europe est confrontée.