L'événement, intitulé « La jeunesse innove pour une renaissance africaine sans frontières », a offert une plateforme propice aux jeunes pour acquérir les compétences et connaissances nécessaires au développement de leurs entreprises
À mesure que la rivalité s'intensifie entre le bloc occidental, mené par les États-Unis, et le bloc eurasiatique, sous la direction de la Chine et de la Russie, pour gagner en influence en Afrique, les nations africaines s'efforcent de former un front uni. Leur objectif est de se positionner en tant que bouclier face à ces puissances concurrentes afin d'éviter que le continent ne devienne un champ de bataille pour leurs ambitions mondiales. Pour contrer cela, elles initient des projets d'intégration entre les pays africains. Dans cette optique, Nairobi, la capitale kényane, a été le théâtre du sommet "Youth Connect Africa"
Le chef d'État kényan lance un appel en faveur de l'intégration africaine.
Lors de l'inauguration du sommet "Youth Connect Africa" à Nairobi, le président kényan William Ruto a lancé un appel pressant pour surmonter les obstacles freinant l'essor des jeunes entreprises en Afrique. Son discours a été une exhortation à l'élimination des politiques obsolètes et à l'accélération de l'intégration entre les nations africaines, des mesures cruciales pour catalyser la croissance des startups dirigées par la jeunesse.
Insistant sur la nécessité de simplifier les régulations commerciales, de faciliter l'accès au financement et de favoriser l'intégration régionale, Ruto a souligné que ces actions sont essentielles pour favoriser l'épanouissement des entreprises dirigées par les jeunes et pour stimuler les opportunités.
Il a également mis en avant la Zone de libre-échange continentale africaine comme un levier pour ouvrir de nouvelles perspectives pour les jeunes entrepreneurs dans la lutte contre le chômage. Selon lui, les réformes politiques, combinées à l'adoption des meilleures pratiques mondiales, sont cruciales pour libérer le potentiel d'innovation des jeunes et dynamiser les projets transfrontaliers sur le continent.
Ce sommet, qui a réuni plus de 20 000 jeunes, décideurs politiques, leaders de l'industrie et bailleurs de fonds, a abordé des thématiques variées telles que la numérisation, le financement écologique, la créativité industrielle et le commerce sans frontières. L'événement, intitulé "La jeunesse innove pour une renaissance africaine sans frontières", a offert une plateforme propice aux jeunes pour acquérir les compétences et connaissances nécessaires au développement de leurs entreprises
La rivalité Est-Ouest
Ce sommet survient à un moment où la compétition entre le bloc nord-atlantique, dirigé par les États-Unis, et le bloc eurasiatique, mené par la Russie et la Chine, s'intensifie pour gagner en influence en Afrique. Les États-Unis et les nations occidentales, notamment la France, détiennent depuis les années 1960 une empreinte significative sur le continent africain suite à la décolonisation. Leur influence s'est consolidée après l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, favorisant des régimes alignés sur l'Occident au détriment des opposants à cette hégémonie.
Cependant, l'émergence économique de la Chine sur les trois dernières décennies, le regain politique, économique et militaire de la Russie au cours des deux dernières décennies, en plus de la création de l'Organisation de coopération de Shanghai en 2001, suivie par la formation du BRICS en 2009 avec l'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil, ont bouleversé l'équilibre mondial, instaurant un groupe de nations défiant l'hégémonie occidentale. Le BRICS, dirigé par la Chine et la Russie, cherche à consolider ses liens avec les nations africaines. Pour la Chine, l'Afrique représente un marché lucratif et une source de matières premières essentielles à son industrie. Pour la Russie, l'intérêt est autant économique que politique.
Cela place les analystes face à une perspective : l'Afrique sera l'arène centrale où s'affronteront le bloc occidental et le bloc oriental tout au long du XXIe siècle. La récente réunion du BRICS en Afrique du Sud, ainsi que la demande croissante d'adhésion au BRICS de nombreux pays africains, en sont des manifestations. En parallèle, plusieurs coups d'État ont secoué les pays côtiers d'Afrique de l'Ouest comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, voire le Gabon, régions traditionnellement sous l'influence française. La France a promptement pointé du doigt Moscou, l'accusant de soutenir ces coups d'État, exprimant son opposition à toute emprise russe dans ces régions.
Youth Connect Africa
Dans le contexte de la compétition croissante entre l'Ouest et l'Est, des appels à l'intégration africaine se sont fait entendre à travers des sommets et des initiatives visant à forger une coalition africaine. C'est dans cette dynamique que s'inscrit la tenue du sommet "Youth Connect Africa". Les nations africaines cherchent à combler le fossé numérique pour dynamiser la participation des jeunes dans le commerce électronique en plein essor ainsi que dans les emplois virtuels sur le continent. Elles misent sur l'énergie et le potentiel des jeunes pour accélérer le processus de numérisation, considéré comme vital pour l'économie et la création d'emplois. L'accent est mis sur l'idée que les entreprises dirigées par la jeunesse joueront un rôle crucial dans l'avancement de l'agenda d'intégration africaine, tout en favorisant la stabilité et l'harmonie.
"Youth Connect Africa" représente une réponse intrinsèquement africaine, offrant des solutions adaptées au contexte mondial du Sud et soutenant la concrétisation d'initiatives appropriées pour autonomiser les jeunes. Cette plateforme se présente comme un point d'ancrage pour la connectivité des jeunes africains, nourrissant une transformation sociale et économique. Son objectif premier est de donner aux jeunes les moyens nécessaires en renforçant leurs connaissances, leurs compétences et leurs expériences, tout en investissant dans leurs idées, leurs innovations et leurs initiatives. Son aspiration ultime est de propulser l'Afrique vers un avenir prospère en capitalisant sur son dividende démographique d'ici à 2030.
Elle ambitionne également de créer 10 millions d'emplois d'ici 2025 au sein d'environnements professionnels durables dans les secteurs émergents, en parallèle de générer 25 millions d'opportunités par le biais de la formation et de l'intégration dans le monde du travail. Elle vise à repérer, soutenir et former un million de leaders capables d'innover et de participer à l'élaboration de politiques et d'initiatives durables visant à réduire les disparités hommes-femmes dans l'éducation, l'emploi, la technologie et le leadership. Au cœur de cette démarche, elle crée un hub pour faciliter l'accès aux marchés et aux financements favorables à l'innovation, favorisant également les opportunités de partenariats à travers tout le continent africain.