Les États-Unis ont tenté de contrebalancer leur soutien à Israël en appuyant un appel au cessez-le-feu afin de permettre l'acheminement d'aide humanitaire vers Gaza.

Il est aisé de discerner les raisons poussant les États-Unis à considérer que se désengager du Moyen-Orient ne relève pas de l'ardue mission. À leurs yeux, la région se porte bien. Si le conflit israélo-arabe arrive à son épilogue, le bras de fer israélo-palestinien perdure. L'accord entre Washington et Téhéran visant à contenir le programme nucléaire iranien, surtout après la normalisation des relations avec l'Arabie saoudite et les autres nations du Golfe, suscite une interrogation : est-il opportun pour Washington de recentrer pleinement ses préoccupations vers l'Asie et l'Europe ?

Il est manifeste que Washington a surestimé, voire hâté, son évaluation de cette orientation, minimisant l'importance des pays opposés à cette démarche. Il semble également que le président américain, Joe Biden, n'ait pas correctement planifié l'obtention de l'approbation du Sénat pour la signature d'un traité de défense conjointe avec l'Arabie saoudite, malgré les implications majeures en termes de fourniture d'armes avancées et de développement d'infrastructures nucléaires civiles pour le royaume. Quelles perspectives s'ouvrent désormais ? Les États-Unis ont misé sur l'adhésion des autres nations du Moyen-Orient à leur stratégie, considérant l'Arabie saoudite comme le seul soutien possible pour les régimes régionaux. Cependant, cette analyse a sous-estimé l'appréhension de Téhéran à normaliser ses relations avec les pays arabes, son objectif étant plus que jamais de consolider et d'appuyer ses alliances régionales face aux stratégies américaines.

Washington éprouve des difficultés au Moyen-Orient.

Blocage de Washington au Moyen-Orient : une série d'erreurs en tête desquelles la sous-estimation de la question palestinienne. S'appuyant sur un accord préalable avec l'Arabie saoudite, Washington a cru pouvoir passer outre cette question délicate sans déclencher de réactions massives. Cette approche renforce son désir de contrôle régional sans céder le moindre terrain aux Palestiniens. Pourtant, les événements récents ont clairement ébranlé la vision de Washington sur le Moyen-Orient, sans toutefois freiner sa détermination à suivre sa stratégie. Le soutien absolu à Israël pour une offensive militaire, plutôt que de l'inciter à modérer ses actions pour sauvegarder sa réputation, a engendré un mécontentement généralisé envers Israël et les États-Unis, suscitant des condamnations publiques, notamment celle du roi jordanien Abdullah II, pour la campagne militaire israélienne, pointant du doigt le soutien américain total et affirmant sa neutralité dans ce conflit.

Face à ces évolutions, les États-Unis ont tenté de contrebalancer leur soutien à Israël en appuyant un appel au cessez-le-feu afin de permettre l'acheminement d'aide humanitaire vers Gaza. Ils ont également sollicité le Qatar et l'Égypte, en étroite relation avec le Hamas, pour la libération des otages. Néanmoins, ces mesures timides risquent de manquer leur effet stabilisateur au Moyen-Orient sans une pression américaine plus affirmée. Israël ayant fixé la destruction du Hamas comme objectif direct, la nation s'efforcera sans aucun doute de convaincre sa population et la région entière de son invincibilité en infligeant des dommages dévastateurs à Gaza, en plus des déplacements forcés massifs de ses habitants.

Le jeu d'influence du Qatar face aux aspirations turques

De son côté, Qatar capitalisera sur sa relation avec le Hamas pour asseoir son statut d'acteur régional incontournable, surpassant l'influence de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Pendant ce temps, la Turquie cherche à jouer un rôle dans la résolution du conflit afin de convaincre Washington de lui vendre des avions de chasse F-16, tout en abandonnant son soutien aux Kurdes dans le nord-est de la Syrie.

Et l'Iran, quelle position adopte-t-il ?

Et que dire de l'Iran ? Dans ce récent conflit entre Israël et Gaza, l'Iran émerge comme le principal gagnant, tirant avantage de la résurgence de la question palestinienne pour recentrer l'attention internationale sur le Moyen-Orient. L'axe de la résistance, sous la houlette de l'Iran et s'étendant du Yémen au Liban, a clairement démontré sa capacité à remodeler la dynamique politique régionale, en amplifiant les tensions selon ses propres intérêts.

De son côté, Téhéran renforce sa réputation de défenseur des Palestiniens tout en jonglant habilement entre son soutien au Hamas et le maintien de ses alliances florissantes dans le monde arabe. Cette stratégie vise à ancrer davantage sa présence et son influence au sein de la politique régionale.

En vue d'éviter le pire, Washington doit sérieusement reconsidérer ses positions fondamentales et renouveler son engagement envers le Moyen-Orient. Il est impératif de forger une vision novatrice pour la région, plaçant en priorité la recherche d'une solution politique durable au conflit palestinien, avec la collaboration essentielle de l'Arabie saoudite.

Quant à l'impact de la récente escalade à Gaza sur le leadership saoudien, il reste à voir si cela pourrait offrir à l'Arabie saoudite une opportunité pour garantir une résolution définitive du conflit israélo-palestinien et aboutir à un véritable accord de paix. L'initiative exceptionnelle de l'Organisation de la coopération islamique, réunissant des dirigeants de diverses régions arabes, incluant l'Iran et la Turquie, pourrait signaler un premier pas vers cette direction. Espérons que ces spéculations ne déçoivent pas les attentes placées en elles.