La guerre entre la Russie et l'Ukraine, qui entre maintenant dans sa dixième année, est devenue l'un des conflits les plus dévastateurs du XXIe siècle. Ce qui a commencé par l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 s'est transformé en une invasion à grande échelle en février 2022, déclenchant une catastrophe humanitaire, déplaçant des millions de personnes et redessinant la carte géopolitique. Dans cette effusion de sang continue, le président américain Donald Trump, a misé sur une promesse électorale audacieuse : mettre fin à la guerre dans les six mois suivant son entrée en fonction. Au début de cette semaine, il a eu une conversation téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine et annoncé qu'ils avaient convenu à mettre fin à la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réagi en disant qu'il n’acceptera aucun accord auquel il n'a pas participé.
Cette annonce a suscité à la fois espoir et scepticisme, soulevant des questions cruciales sur la réalité d'un tel calendrier et les conséquences potentielles de son execution. Trump peut-il tenir cette promesse, ou n'est-ce qu'une rhétorique politique ?
L'annonce de Trump : le pari d'un faiseur de deals
L'annonce de Trump de mettre fin à la guerre en six mois est cohérente avec l'image qu'il cultive de lui-même en tant que négociateur hors pair. Tout au long de sa carrière politique, il s'est présenté comme un perturbateur de la diplomatie traditionnelle, capable de contourner la bureaucratie et d'obtenir des résultats grâce à des relations personnelles et des négociations musclées.
L'approche de Trump repose probablement sur plusieurs stratégies clés, dont des négociations directes avec Poutine : Trump a longtemps plaidé pour des discussions en tête-à-tête avec Poutine, croyant que la diplomatie personnelle peut aboutir à des avancées là où les canaux traditionnels ont échoué. Cette approche contourne les institutions multilatérales comme les Nations Unies et l'OTAN, que Trump a souvent critiquées pour leur inefficacité.
Une autre stratégie est le levier économique : Trump pourrait proposer de lever les sanctions occidentales contre la Russie en échange de concessions, comme un retrait des troupes russes du territoire ukrainien. Cela correspond à sa vision transactionnelle des relations internationales, où la pression économique est un outil de négociation primordial.
D’autres spéculations veulent que Trump pousserait à la reconnaissance du contrôle russe sur la Crimée et certaines parties de la région du Donbass en échange d'un cessez-le-feu. Une telle mesure serait très controversée, car elle légitimerait les gains territoriaux de la Russie obtenus par l'agression militaire.
Trump pourrait également explorer l'idée de fournir des garanties de sécurité à la fois à la Russie et à l'Ukraine, impliquant potentiellement l'OTAN et d'autres acteurs internationaux. Cela pourrait inclure des limites à l'expansion de l'OTAN ou la création de zones neutres pour répondre aux préoccupations sécuritaires de la Russie.
La réaction de Zelensky : défiance et méfiance
Zelensky a répondu à cette annonce de Trump avec un mélange de prudence et de défi. Tout en reconnaissant la nécessité d'une résolution pacifique, Zelensky a clairement indiqué que l'Ukraine n'accepterait aucun accord compromettant sa souveraineté ou son intégrité territoriale.
La réaction de Zelensky met en lumière plusieurs points critiques, la première se rapportant à la souveraineté qui est non négociable. La seconde est marquée par la méfiance envers l'unilatéralisme de Trump. Il ne faut pas aussi oublier que pendant la présidence de Trump, l'Ukraine a été impliquée dans le scandale de destitution lié au gel de l'aide militaire, ce qui a laissé une empreinte durable sur les relations bilatérales. C'est pourquoi Zelensky a souligné l'importance d'impliquer les institutions internationales, comme les Nations Unies et l'Union européenne, dans tout processus de paix.
La faisabilité d'un calendrier de six mois
La promesse de Trump de mettre fin à la guerre dans les six mois soulève des questions cruciales sur sa faisabilité. Bien que cette promesse ait suscité de l'optimisme chez certains, elle se heurte à des obstacles majeurs, surtout les calculs stratégiques de la Russie, car La volonté de Poutine de s'engager dans des négociations sérieuses dépendra de son évaluation des intérêts stratégiques de la Russie. Bien que la guerre ait imposé des coûts économiques et militaires importants à la Russie, Poutine pourrait hésiter à faire des concessions perçues comme un signe de faiblesse. Atteindre une percée en six mois nécessiterait un changement spectaculaire dans la position russe, ce qui semble peu probable dans l'impasse actuelle.
Ensuite, il y a la résilience de l'Ukraine et le soutien international : La capacité de l'Ukraine à résister à l'agression russe a été renforcée par des niveaux sans précédents d'aide militaire et économique de la part des alliés occidentaux. Un soutien continu des États-Unis, de l'Union européenne et de l'OTAN sera crucial pour maintenir le poids de l'Ukraine dans les négociations. Cependant, une administration Trump pourrait privilégier les discussions directes avec la Russie plutôt que le maintien de l'aide militaire, ce qui affaiblirait la position de l'Ukraine.
Aux dernières nouvelles, Trump aurait donné le feu vert a Poutine pour regagner les rangs du G7 (G8) dont Moscou avait été évincé ajoutant que l’Ukraine serait « naturellement » impliquée dans les négociations.
Finalement, les institutions multilatérales, comme les Nations Unies et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe pourraient jouer un rôle essentiel en facilitant les pourparlers de paix et en surveillant tout accord. Cependant, le scepticisme de Trump envers le multilatéralisme et sa préférence pour la diplomatie unilatérale pourraient marginaliser ces institutions, réduisant leur efficacité dans le processus de paix.