Sous le fer et le feu, une des plus vieilles cités de l'histoire a souffert de drames innombrables. Bonaparte en fit une porte d'entrée pour vaincre les Ottomans.

« Les citronniers, les forêts d’oliviers, les inégalités de terrain représentent parfaitement le paysage du Languedoc. L’on croit être du côté de Béziers. » Dans sa lettre au général Desaix, datée du 9 ventôse an VII – 27 février 1799 -, Bonaparte dépeint en ces termes la région de Gaza. Maître de l’Égypte, le futur empereur a quitté Le Caire le 10 février et se dirige vers la Syrie pour y affronter l’armée ottomane.

Dans l’après-midi du 25 février, les Français arrivent en vue de Gaza, défendue par 10 000 à 12 000 hommes et seulement deux pièces d’artillerie. Bonaparte confie l’aile gauche à Kléber, le centre au général Louis André Bon, et la droite aux cavaliers de Murat soutenus par les fantassins de Lannes. Vite débordés, les Turcs ne tardent pas à battre en retraite, protégés par les Mamelouks d’Ibrahim Bey, laissant 200 à 300 morts contre une soixantaine d’adversaires tués ou blessés. Les cheikhs et les oulémas de Gaza s’empressent alors d’apporter les clés de leur ville, Bonaparte ayant pris soin de se munir de rescrits de l’université d’Al-Azhar afin de se concilier les bonnes grâces des autorités musulmanes. Le lendemain matin, l’officier commandant le fort se rendra, avec son matériel et ses réserves de vivres.

Plantée sur un plateau à 2 kilomètres de la côte, Gaza est alors un assemblage de trois modestes bourgades, abritant 3 000 à 4 000 âmes. Les Français installent leurs campements dans les vergers de la campagne alentour. Au milieu de la nuit, un violent orage éclate, accompagné d’une pluie torrentielle, au point que Bonaparte est obligé de faire porter ses tentes sur les hauteurs d’Hébron, à l’abri de l’inondation.

La ville de Gaza a été le théâtre de drames innombrables…

Après quatre jours de repos, le corps expéditionnaire reprendra la route du nord, abandonnant Gaza à une quiétude hélas provisoire. En effet, depuis l’aube de l’Histoire et jusqu’à aujourd’hui, la ville a été le théâtre de drames innombrables…

Les archéologues, qui ont exploré le site de Tell Haruba, sous la Gaza moderne, considèrent celle-ci comme l’une des plus anciennes cités du monde. Au carrefour des routes de l’Afrique, de l’Arabie et du Levant, Gaza a toujours constitué un enjeu stratégique et économique pour ses puissants voisins.

Ses premières références remontent, vers le milieu du XVe siècle avant notre ère, au règne du pharaon Thoutmôsis III. C’est ensuite l’une des cinq principautés des Philistins, mentionnées dans la Bible. Samson y fera s’effondrer sur lui les colonnes du temple du dieu Dagon. La domination perse succédera à celle de Babylone. En 332 av. J. -C. , Alexandre le Grand l’incorpore à son empire. Gaza deviendra une cité de la province romaine de Syrie, puis de l’Empire byzantin, et enfin – hormis la parenthèse des croisades – une terre d’islam, pour le meilleur et pour le pire…