Comme une sensation de « déjà vu » à Washington. Un Président arrive et contrecarre les politiques de son prédécesseur avec des décrets exécutifs tout comme l’avait fait ce dernier avec son prédécesseur. Un cycle rotatif typique de la politique présidentielle Américaine ou chaque administration cherche systématiquement à modifier l’héritage de l’administration précédente.

La politique Domestique

Dans un tourbillon d’activité, le président Trump n’a pas perdu de temps pour marquer son territoire. Dans les jours qui ont suivi son investiture, il a signé une série de décrets exécutifs destinés à renforcer la sécurité des frontières et à réformer les politiques d’immigration. Au cœur de cette initiative se trouve son engagement renouvelé à construire le mur frontalier, désormais soutenu par un budget accru. Cette annonce a ravivé le débat houleux sur l’immigration, les partisans louant son approche en matière de sécurité nationale et les critiques condamnant les potentielles violations des droits humains.

Sur le plan économique, Trump a dévoilé un nouveau paquet de réductions d'impôts visant les familles à revenu moyen et les petites entreprises, affirmant que ces mesures stimuleront la croissance et revitaliseront les dépenses des consommateurs dans le sillage de la pandémie. Cependant, le scepticisme des opposants concernant la durabilité de ces réductions d’impôts soulève des craintes de déficits budgétaires plus profonds à long terme.

Dans un autre mouvement controversé, l’administration Trump a annoncé des modifications significatives de l’ »Affordable Care Act », (loi sur les soins de santé abordables) prétendument dans le but d’augmenter la concurrence entre les fournisseurs d’assurances. Les critiques au sein du secteur de la santé mettent en garde contre de graves conséquences de cette politique, suggérant que des millions de personnes pourraient perdre leur couverture en cas de mise en application de cette loi.

De plus, Trump a décidé de revenir sur plusieurs réglementations environnementales dans le souci de renforcer la base industrielle américaine et réaffirmer son retrait de l’Accord de Paris sur le climat. Cette décision a suscité l’indignation parmi les environnementalistes, qui estiment qu’elle compromet les efforts mondiaux pour lutter contre le changement climatique.

Des réactions négatives

Cette tempête d’actions exécutives a provoqué des réactions mitigées à travers les États-Unis. Dès les premiers jours de son mandat, l’administration a essuyé un premier revers lorsqu’un juge fédéral a bloqué l’ordre exécutif de Trump tentant de suspendre le droit à la citoyenneté pour les étrangers qui naissent aux Etats-Unis - une loi ancrée dans le 14ème amendement – laissant prédire un terrain juridique a venir plein d’embuches. L’annulation d’une telle loi nécessite un amendement de la constitution et ne peut se faire avec un décret présidentiel. Les opposants a cette réforme et les défenseurs du système de santé, n’ont pas tardé, d’ores et déjà à se mobiliser marquant le retour d’une vague d’activisme populaire semblable à celle des années précédentes.

La Politique Étrangère

En politique étrangère, L’agenda de Trump fait face à des défis considérables, notamment dans les paysages géopolitiques de plus en plus complexes du Moyen-Orient et de l’Ukraine. Alors que les tensions s’intensifient, le succès de son administration dépendra de sa capacité à naviguer dans ces eaux tumultueuses tout en maintenant la position des États-Unis sur la scène mondiale.

Au Moyen-Orient, l’alignement historique de Trump avec Israël continue de façonner la politique étrangère américaine. Son premier mandat a été marqué par des accords de normalisation entre Israël et plusieurs nations arabes, une tendance qui devrait perdurer vus les résultats catastrophiques de l’attaque du Hamas en octobre 2023 et des conséquences régionales qui s'en suivirent, à Gaza et au Liban ainsi que la chute de régime en Syrie.

L’administration Trump a résisté à la demande du gouvernement israélien de maintenir sa présence militaire dans cinq postes dans le sud du Liban au-delà de la date limite de retrait des forces israéliennes fixée au 27 janvier 2025. Trump est probablement conscient que maintenir une position ferme sur la conformité d’Israël avec le cessez-le-feu parrainé par le États-Unis pourrait renforcer son image de leader décisif en matière de politique étrangère, compte tenu de son soutien historique aux intérêts israéliens. Cependant, équilibrer cela avec les réalités sur le terrain, telles que les capacités militaires restantes du Hezbollah et les tensions régionales, sera crucial alors qu’il cherche à affirmer l’influence des États-Unis dans la géopolitique moyen-orientale.

L'Iran demeure un adversaire redoutable dans la région. Malgré des revers, le gouvernement iranien s'emploie activement à obtenir un nouvel accord nucléaire visant à renforcer son influence régionale. Jusqu'à présent, Trump a montré peu d'inclination à faire des compromis, entrelaçant les négociations avec des considérations géopolitiques plus larges, maintenant ainsi une position ferme contre Téhéran.

Parallèlement, Trump doit faire face à l'agression croissante de la Russie en Ukraine. Contrairement au soutien ouvert de Biden à l'Ukraine, Trump a adopté une approche plus prudente. Il a suggéré au président ukrainien Volodymyr Zelensky qu’une victoire de l’Ukraine contre la Russie semble irréaliste, tout en transmettant au président russe Vladimir Poutine l'importance de négocier une fin des hostilités ou de risquer des sanctions plus sévères. Cet équilibre délicat—soutenir l'Ukraine tout en s'engageant diplomatiquement avec la Russie—représente un défi de taille, particulièrement dans un contexte de pression politique domestique accrue.

Les Défis à Venir

Le populisme qui a facilité le retour de Trump à la Maison Blanche pourrait se révéler à la fois une force et un défi alors qu'il s'efforce de réaliser ses promesses ambitieuses. Bien qu'un Congrès contrôlé par les Républicains puisse sembler faciliter l'adoption de certains éléments de son agenda, de nombreuses initiatives nécessiteront un soutien bipartisan et pourraient faire l'objet de vetos au Sénat. De plus, avec une majorité étroite à la Chambre, la dissidence interne au sein du parti est susceptible d'émerger.