Alors que les inquiétudes concernant le comportement des enfants à la maison et à l’école vont croissant, une étude récente de l’Université de Bristol met en lumière un facteur alimentaire souvent négligé : le poisson.
Selon cette étude, les enfants qui ne consomment pas de fruits de mer à l’âge de sept ans sont 35 % plus susceptibles de manifester des comportements antisociaux, comme la cruauté ou le refus de coopérer. Ce taux grimpe à 43 % à l’âge de neuf ans si le poisson reste absent de leur alimentation.
Les chercheurs expliquent ce lien étroit entre alimentation et comportement social par la présence des acides gras oméga-3, en particulier le DHA, qui joue un rôle essentiel dans le fonctionnement cérébral et le développement des centres émotionnels et sociaux.
Nutrition et émotions : deux faces d’une même monnaie
Interrogée par Al Safa News, la nutritionniste Karen Abou Haidar souligne l’importance du DHA : « Cet acide gras contribue à la construction de la structure neuronale du cerveau, améliore la communication entre les neurones et favorise des compétences telles que la concentration, la stabilité émotionnelle et l’interaction sociale. »
Elle ajoute : « Le lien établi par certaines études entre la consommation d’oméga-3 et la réduction de l’agressivité et de l’anxiété chez les enfants fait de ces lipides un élément clé dans leur développement sain. »
Pour les enfants qui n’aiment pas le goût du poisson, il existe des sources végétales d’ALA comme les graines de lin ou les noix. Toutefois, le corps transforme mal cet acide en DHA. Dans ce cas, un complément à base de DHA extrait d’algues constitue une alternative efficace et adaptée aux régimes végétariens.
Un équilibre entre bénéfices et risques
Concernant la consommation de poisson, Abou Haidar recommande de privilégier des espèces pauvres en mercure, comme le saumon et les sardines, à raison de 2 à 3 portions par semaine. Les quantités varient selon l’âge : de 30 à 60 grammes pour les enfants de 1 à 3 ans, jusqu’à 120 grammes pour ceux de plus de huit ans.
Sucreries et fast-food rendent les enfants plus nerveux et moins attentifs
Yasmin, mère d’un garçon de huit ans nommé Charbel, témoigne dans Al Safa News : « J’ai remarqué que lorsque mon fils mange trop de sucreries ou de plats préparés, il devient plus nerveux et moins concentré. Mais quand il mange des repas riches en protéines, en légumes et en poisson, il est plus calme et équilibré. »
Elle ajoute : « Je ne connaissais pas l’étude liant la consommation de poisson à la concentration, mais j’ai déjà intégré ce type d’aliment dans son régime alimentaire pour lui assurer un certain équilibre. »
Psychologie : l’alimentation ne suffit pas
De son côté, la Dre Leila Akouri Dirani, psychologue clinicienne pour enfants et adolescents à l’Université américaine de Beyrouth, insiste : « Le lien entre nutrition et comportement est scientifiquement prouvé, mais il ne suffit pas à lui seul. »
« Une alimentation équilibrée peut atténuer certains symptômes, mais elle ne remplace pas une évaluation psychologique complète, surtout si l’enfant présente des comportements préoccupants de manière continue », précise-t-elle.
Elle conclut : « Un enfant qui n’a pas un mode de vie sain – que ce soit au niveau de l’alimentation, du sommeil ou de l’activité physique – sera plus enclin à des sautes d’humeur et des réactions émotionnelles soudaines. Avant de poser un diagnostic psychologique, il est indispensable d’évaluer d’abord l’état de santé général. »
Conclusion
Si le poisson n’est pas une solution miracle à tous les problèmes de comportement, son intégration dans un régime alimentaire équilibré peut faire une vraie différence dans l’humeur et les capacités relationnelles de l’enfant. Tandis que les recherches continuent à explorer les liens entre alimentation et cerveau, le poisson conserve sa place de choix sur la table familiale.
DHA : Acide Docosahexaénoïque
ALA : Acide Alpha-Linolénique