C'est dans ce contexte que l'installation de tentes par le Hezbollah sur les territoires libanais adjacents à la partie occupée de la ferme de Chebaa peut être comprise.
Les récents développements politiques laissent entrevoir une nouvelle phase de vide dans l'élection présidentielle, pouvant s'étendre jusqu'à la fin de l'année, voire juste avant. À moins d'un événement inattendu qui dévoilerait le "secret promis" aux parties concernées et les inciterait à élire le futur président, même avec l'étiquette peu flatteuse de "frère contraint, non pas héros".
Selon un leader politique de premier plan, l'heure précise du retour du diplomate français Jean-Yves Le Drian n'est pas essentielle. Ce qui compte, c'est qu'il arrive ultérieurement ce mois-ci, après avoir effectué une première visite au Liban et s'être rendu à l'Élysée. Ses questions ont été satisfaites par des réponses convaincantes, renforçant sa confiance dans la viabilité de l'initiative française basée sur l'équation : "Sleiman Frangié président de la République et Nawaf Salam Premier ministre". Ces réponses ont renforcé sa conviction qu'une solution équilibrée est la voie réaliste pour résoudre la crise libanaise, évitant ainsi tout sentiment d'injustice ou d'exclusion pour l'un ou l'autre groupe.
La diffusion de l'idée selon laquelle un groupe cherche à imposer son président à l'autre témoigne d'une méconnaissance des nouvelles dynamiques régionales, y compris au Liban. Cela survient dans le contexte des accords saoudo-iranien et saoudo-syrien, sans oublier la volonté des États-Unis de réorienter leurs relations, que ce soit avec l'Iran, le Royaume d'Arabie saoudite ou même la Syrie, qui a fait un retour remarqué au sein de la Ligue arabe, une évolution qui n'était pas implicitement espérée par Washington, mais qui a finalement été acceptée.
Le retour de Le Drian est donc prévu, déclare le leader politique lui-même, avec deux orientations majeures :
Premièrement, il s'agira de persuader les acteurs politiques libanais de s'asseoir à la table des négociations, que ce soit au Parlement ou au palais de Baabda, bien que certains préfèreraient que ces discussions se déroulent dans l'une des capitales des Cinq Arabes et des puissances internationales (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte et Qatar).
Deuxièmement, l'objectif sera de convaincre les acteurs politiques libanais d'adopter une formule de résolution sans recourir à des négociations directes, en se basant sur l'initiative française qui a été préalablement approuvée, du moins entre Washington, Riyad et Paris. Cependant, Washington tente de manœuvrer en soutenant les positions de l'Égypte et du Qatar, qui proposent le général Joseph Aoun comme alternative à Frangié, tout en acceptant Nawaf Salam comme Premier ministre. Néanmoins, Washington réalise que cela ne sera pas facilement réalisable, car elle a abordé la question de la délimitation maritime sans rien donner en retour, une situation que le camp de la résistance a corrigée tardivement.
C'est dans ce contexte que l'installation de tentes par le Hezbollah sur les territoires libanais adjacents à la partie occupée de la ferme de Chebaa peut être comprise. Il s'agit d'un message indirect adressé aux Américains et aux Israéliens, les appelant à cesser de s'immiscer dans les affaires internes libanaises et à entraver la réalisation des échéances constitutionnelles, sous peine d'une ouverture du front sud. Dans ce scénario, la délimitation maritime et l'exploitation des ressources en gaz et en pétrole ne seront plus sûres, d'autant plus que le Liban n'a pas encore foré ni extrait de pétrole ou de gaz, attendant toujours une plateforme de forage, agissant comme si aucune autre n'existait dans le monde. L'annexion par Israël de la partie libanaise de la ville de Ghajar a fourni au parti une justification pour engager une bataille de récupération, d'autant plus que les règles d'engagement en vigueur depuis la guerre de juillet 2006 lui permettent de riposter à toute agression israélienne sur le territoire libanais. Cependant, jusqu'à présent, il hésite à réagir et observe la position américaine avant d'agir.
Dans ce contexte, le leader politique révèle que ce sont les États-Unis qui ont autorisé les Israéliens à prendre le contrôle de la partie nord de la ville frontalière de Ghajar. Cette situation pourrait être utilisée comme un levier pour entamer une médiation avec le Liban et les convaincre de lever les tentes en échange du retrait israélien de Ghajar. Dans cette perspective, Amos Hochstein, l'architecte de l'accord de délimitation maritime, a été envoyé en Israël dans le cadre d'une médiation qui pourrait ultérieurement le conduire au Liban. Cependant, les Américains se tromperaient s'ils pensaient que le retrait israélien de Ghajar est la seule attente à leur égard. Ils sont conscients des exigences incontournables qui consistent à faciliter l'élection d'un président de la République et la formation d'un nouveau gouvernement libanais.
Il convient de souligner que l'une des motivations des Américains pour cette médiation est de dissuader les Israéliens de recourir à des actions militaires à ce stade, car ils comprennent que cela pourrait nuire à leurs intérêts au Liban et dans la région. La réaction libanaise, qu'elle provienne de l'État ou du Hezbollah, et transmise à la direction de la FINUL, est que les tentes sont installées sur un territoire libanais libéré et ne seront pas levées. De plus, l'annexion israélienne de la partie nord de Ghajar est une occupation flagrante et une violation de la résolution 1701. Par conséquent, Israël doit se retirer immédiatement et sans conditions, tout comme il doit se retirer de la ferme de Chebaa, territoire libanais que les Israéliens ont inclus dans leur zone depuis la guerre d'octobre 1973, prétendant qu'il s'agit de territoire syrien, alors qu'il est en réalité libanais et a été utilisé par les Syriens pendant la guerre avec l'accord du Liban. Cependant, les Syriens se sont retirés de ces terres en raison de l'occupation israélienne du Golan, et lors du tracé de la ligne "FNUOD" pour désamorcer le conflit syro-israélien, les Israéliens les ont incluses, en violation du droit international.
En prévision des idées que Le Drian pourrait apporter en termes de dialogue ou autres, le leader politique révèle que certains acteurs impliqués dans l'élection présidentielle, notamment le député Ghassan Skaf, commencent à promouvoir l'idée d'explorer une "troisième option" en cas de blocage des candidats des deux parties. Cela impliquerait de parvenir à un accord sur le nom lors des discussions, mais cette proposition se heurte à la réalité selon laquelle le "duo chiite" et ses alliés ne sont pas prêts à renoncer à leur soutien à la candidature de Frangié, à moins que ce dernier ne se retire, ce qui n'est pas envisageable pour lui. Il est déterminé à poursuivre la course présidentielle jusqu'au bout, quel que soit le résultat.
Dans le contexte de tous ces éléments, en relation avec le mouvement des Gilets Jaunes en France, déclare le leader politique, le sort de l'élection présidentielle dépendra de deux facteurs cruciaux :
- Premièrement, la position de l'Arabie saoudite suite à ses contacts avec Téhéran et Damas. Les Iraniens ont déjà affirmé aux Saoudiens, et le réaffirmeront, qu'ils ne s'immiscent pas dans les affaires présidentielles libanaises et qu'ils ont une confiance totale envers le Hezbollah et ses alliés. Les Syriens, quant à eux, maintiennent une position neutre, mais il est difficile de spéculer sur l'évolution des discussions entre eux et les Saoudiens, ainsi que sur la possibilité d'une nouvelle formule de coopération future ou toute autre formule concernant le Liban.
- Deuxièmement, une porte de communication s'est ouverte entre le "Courant patriotique libre" et le "Hezbollah", grâce à une initiative de la direction du Courant. Le chef du Courant, le député Gebran Bassil, a adressé ses salutations au parti, qui a répondu de même. Cette ouverture intervient dans un contexte où des informations indiquent qu'un débat au sein du Courant pousse en faveur d'un dialogue pratique avec le "Hezbollah" sur les garanties que le Courant pourrait obtenir en échange de son soutien à Frangié, en particulier après avoir sérieusement constaté que le "duo" n'est pas prêt à renoncer à cet appui envers cet homme.