La guerre de mots qui oppose actuellement des responsables de l’État libanais à certaines figures partisanes et religieuses sert-elle réellement la défense du Liban ? Est-ce vraiment le moment de se diviser ? Est-ce ainsi qu’Israël sera contraint de se retirer du Sud ? Est-ce la meilleure manière de soutenir la légitimité de l’État et d’étendre la souveraineté libanaise sur l’ensemble de son territoire ? Et cette joute verbale protège-t-elle vraiment les armes du Hezbollah comme garantie des droits du Liban ?

Une chose est sûre : toute discorde interne profite davantage aux intérêts étrangers qu’une défaite militaire ou politique.

La réalité, c’est que l’État « protégé par les armes de la résistance » n’est pas celui que les Libanais aspirent à construire. Les armes du Hezbollah n’ont pas défendu une nation unifiée, mais plutôt une entité parallèle qui agissait selon ses propres intérêts, souvent au détriment de la population libanaise.

Mus par leurs propres calculs, les dirigeants du Hezbollah ont ouvert un front pour une guerre étrangère au Liban, causant la mort de milliers de combattants, de responsables et de civils, et provoquant le déplacement de plus d’un million de personnes, avant de réclamer un cessez-le-feu et d’en accepter les conditions — publiques comme secrètes. Aujourd’hui, le parti semble vouloir imposer des conditions inacceptables pour ne mettre en œuvre qu’une partie de ce cessez-le-feu.

Avec des positions aussi tranchées, comment peut-on appliquer réellement l’accord ?

Il est presque devenu inutile de rappeler qu’une mise en œuvre complète du cessez-le-feu est la clé de toute avancée. Alors que le Hezbollah avait été le premier à en faire la demande, il change désormais de récit et affirme avoir contraint Israël à l’accepter.

Que réclame aujourd’hui le Hezbollah pour appliquer le cessez-le-feu ?

Officiellement, le parti appelle à la formation d’un comité national de dialogue réunissant toutes les factions, afin de définir une stratégie de défense globale précisant son rôle et celui de ses armes au sein de l’État. En attendant — et même avant la tenue de ce dialogue — il exige de l’État qu’il libère tous les territoires occupés par Israël et qu’il reconstruise les zones sinistrées.

Bien que ces revendications soient incontestablement nationales, leur réalisation s’inscrit dans un processus de long terme, qui reste conditionné à l’engagement du Hezbollah à respecter l’accord de cessez-le-feu, lequel prévoit l’abandon de ses armes sur l’ensemble du territoire libanais.

Dernièrement, les messages en provenance du gouvernement ont été contradictoires sur ce point : entre les déclarations du vice-premier ministre, de la ministre de l’Environnement, du ministre des Affaires étrangères, puis celles du Premier ministre lui-même, qui a affirmé que le slogan « le peuple, l’armée et la résistance » appartenait au passé et que le monopole des armes devait revenir exclusivement à l’État.

Mais ces déclarations ne suffisent pas à convaincre le Hezbollah de revoir sa position.

Le président de la République a évoqué une « stratégie de sécurité nationale » pour le Liban — une approche qui ne se limite pas à la défense militaire, mais qui englobe également la croissance économique, la sécurité alimentaire, sanitaire et sociale, les réformes financières, le renforcement des institutions de l’État et de sa souveraineté, l’investissement dans l’éducation, l’éradication de l’analphabétisme, la réduction de la dette publique, la rationalisation de l’économie, la modernisation de l’administration et des infrastructures. Elle inclut aussi le renforcement de l’armée, par le biais du recrutement, de la formation et de l’armement, afin d’assurer un contrôle effectif des zones frontalières.

Une stratégie de sécurité nationale digne de ce nom suppose également une justice indépendante et l’application équitable des lois.

Nous ignorons quelle part de l’arsenal du Hezbollah a été détruite par Israël et ce qu’il en reste. Mais s’il reste encore des armes, leur effet ne saurait surpasser celui de celles déjà utilisées. Pourtant, Israël continue de frapper dès qu’elle en découvre.

Alors, entre les exigences du Hezbollah et la volonté affichée du gouvernement de mettre en œuvre le cessez-le-feu — y compris les résolutions internationales qu’il contient — pourquoi l’État ne commencerait-il pas par reprendre le contrôle des armes palestiniennes, à l’intérieur comme à l’extérieur des camps ?