Les récentes nominations sécuritaires et militaires au Liban ont été effectuées avec un minimum de remous politiques, malgré certaines controverses, notamment sur la question des armes soulevée par certains ministres. Des conditions similaires sont attendues pour les prochaines nominations. Toutefois, la priorité du gouvernement reste l’obtention d’un retrait israélien complet du territoire libanais, conformément à l’accord de cessez-le-feu et à la résolution 1701 des Nations Unies. Cela permettrait au Liban de poursuivre ses efforts de reconstruction et de mettre en œuvre les réformes nécessaires, exigées par les institutions internationales et les capitales donatrices prêtes à soutenir le pays.
Vers la Fin de l’État de Guerre
Des observateurs suivant les évolutions en coulisses suggèrent qu’une dynamique croissante vise à "mettre fin à l’état de guerre". Ils soulignent que les États-Unis exercent des pressions sur Israël pour qu’il délimite officiellement ses frontières terrestres avec le Liban, à l’image de l’accord sur la frontière maritime. Cependant, Tel-Aviv insiste pour que, avant toute avancée dans ce sens, le Liban applique intégralement la résolution 1701, qui inclut également le respect de deux autres résolutions majeures : la résolution 1559, qui exige le désarmement de toutes les milices libanaises et non libanaises, et la résolution 1680, qui impose au Liban de contrôler sa frontière avec la Syrie afin d’empêcher la contrebande d’armes vers le Hezbollah et d’autres factions.
Israël et les États-Unis fondent leur approche sur le principe selon lequel "le Hezbollah ne peut pas rester une force militaire plus puissante que l’État au sein de l’État". Cette position s’inscrit dans la ligne de conduite de Washington à l’égard d’autres groupes armés similaires, comme les Forces de mobilisation populaire en Irak, les Forces de soutien rapide au Soudan ou encore les forces de Khalifa Haftar en Libye.
Certains analystes familiers avec la position américaine estiment que la question ne se limite plus au désarmement du Hezbollah au sud ou au nord du fleuve Litani, mais qu’elle pose un enjeu plus large : le Liban connaîtra-t-il le même sort que l’Irak, la Syrie, la Libye, le Soudan et d’autres États ayant subi des interventions similaires ?
Une Position Ferme : Le Cessez-le-Feu, mais ni Paix ni Normalisation
Alors que les États-Unis et Israël poursuivent leur propre agenda, le Liban reste inflexible sur sa position : il exige qu’Israël respecte l’Accord d’Armistice signé en mars 1949, sans accepter de discussions sur des traités de paix, une normalisation ou des relations diplomatiques. Pour le Liban, l’accord de cessez-le-feu est suffisant pour garantir la stabilité de la frontière, comme c’était le cas avant les invasions israéliennes successives, débutant en 1978 et culminant avec l’incursion d’octobre dernier.
D’autres questions, comme celle de l’armement du Hezbollah, sont considérées comme des affaires internes libanaises qui doivent être traitées dans le cadre d’une conférence nationale. Celle-ci aurait pour objectif de définir une stratégie de défense intégrant l’arsenal du Hezbollah sous l’autorité de l’État. Ce dialogue national, qui serait convoqué et parrainé par le président Joseph Aoun, marquerait officiellement la fin de l’état de guerre—sans nécessiter de normalisation ni d’accords que le Liban ne peut ni politiquement ni socialement assumer, même si d’autres nations arabes choisissent de normaliser leurs relations avec Israël.
Les partisans de cette position rappellent que l’accord du 17 mai 1983, jamais appliqué, n’avait pas contraint le Liban à normaliser ses relations avec Israël ni à ouvrir d’ambassades. Ils soutiennent que si Israël se contente de respecter l’Accord de Cessez-le-Feu, la relation entre les deux pays pourrait ressembler à celle entre la Russie et le Japon ou entre les deux Corées : une situation où la guerre est terminée par un pacte de non-agression sans reconnaissance diplomatique complète. Ces accords ont été respectés sans violation.
Entre Guerre et Normalisation : Un Juste Milieu
La vision libanaise se situe ainsi entre un conflit à grande échelle et une normalisation totale. La solution proposée consiste en un retour à l’Accord de Cessez-le-Feu, qui, depuis sa signature en 1949, n’a imposé au Liban aucune autre obligation que le respect du cessez-le-feu. Un consensus national existe sur la nécessité de mettre fin à l’état de guerre, d’intégrer le Hezbollah sous l’autorité de l’État et de s’engager dans une stratégie de défense unifiée.
Le Hezbollah lui-même a exprimé son soutien à une limitation des armes sous le contrôle de l’État, réaffirmant son alignement avec les institutions libanaises. Il insiste toutefois sur le fait que les territoires libanais encore occupés doivent être libérés avant toute discussion sur le désarmement, considérant cela comme une question interne et souveraine, sans rapport avec Israël. Cependant, Israël, soutenu par les États-Unis, veut que la question du désarmement soit réglée avant son retrait des collines du sud encore occupées et des zones environnantes, qu’il considère actuellement comme une zone tampon unilatérale.
Priorités Non Résolues et Pressions Internationales
À ce jour, aucun consensus n’a été trouvé entre ces priorités contradictoires. Le président Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam continuent d’exiger un retrait israélien total conformément à l’accord de cessez-le-feu et à la résolution 1701, soulignant que le Liban respecte ses engagements. Ils ont appelé les États-Unis, la France et la communauté internationale à exercer des pressions sur Israël pour qu’il mette fin à ses violations quotidiennes du cessez-le-feu et qu’il se retire complètement du territoire libanais.
Pendant ce temps, le président libanais prépare la convocation d’une conférence de dialogue national pour finaliser une stratégie de défense, qui inclura la question de l’armement du Hezbollah et d’autres sujets connexes.
En revanche, les États-Unis et Israël insistent toujours sur l’application des résolutions 1559 et 1680, qu’ils considèrent comme des composantes essentielles de la résolution 1701. Les violations répétées du cessez-le-feu par Israël semblent faire partie d’une stratégie de pression sur le Liban pour le forcer à céder sur ces points. En fin de compte, la décision finale pourrait dépendre des calculs politiques du président américain Donald Trump, qui s’est engagé à garantir la paix pour le Liban lors de sa campagne et dans ses interactions avec la diaspora libanaise aux États-Unis, notamment dans le Michigan.
Le Liban, quant à lui, reste ferme : respect de l’Accord de Cessez-le-Feu—sans normalisation.