C’est en quelque sorte un choc, un des «Trump-chocs», de voir le Président d’un pays décider d’envahir, d’annexer, de conquérir un autre pays, en l’occurrence le Groenland. C’est en quelque sorte une nouvelle manifestation de l’esprit « yankee » pour qui la colonisation est un système de gestion de la planète en vue de domestiquer et gérer toutes ressources disponibles surtout les métaux et métalloïdes rares dont le Groenland est très riche. Oublions toutefois ce que nous pensons de ce projet d’annexion, et voyons comment les Groenlandais envisagent la chose.

Fait étonnant, ils sont divisés face au projet Trump qui date de 2019, et qui avait rencontré un vif rejet de la part des responsables groenlandais et danois a l’époque insistant sur l'autonomie de l'île et leur désintérêt pour de telles propositions.

Cependant, pas plus tard que ce mois, M. Trump exprimait sa confiance dans l’annexion du Groenland par les États-Unis, déclarant : « Je pense que cela se produira », lors d’une réunion au Bureau Ovale. Cette affirmation intervient au lendemain des élections législatives groenlandaises, remportées par le parti d'opposition pro-entreprises « Demokraatit », qui prône une indépendance progressive du Danemark. Trump a toutefois considéré ce résultat comme avantageux pour les intérêts américains.

Rappelons tout de même que le Groenland est un territoire autonome au sein du Royaume du Danemark. Il dispose de son propre gouvernement et de son propre parlement, l'Inatsisartut, qui est responsable de la plupart des affaires intérieures, tandis que le Danemark gère la politique étrangère, la défense et la politique monétaire. Le Groenland acquiert progressivement plus d'autonomie et des discussions sont en cours sur une éventuelle indépendance totale à l'avenir.

Les derniers développements surviennent donc après les élections législatives de mars, juste au moment où Trump promettait aux habitants de l'île que les États-Unis étaient prêts à « les enrichir ».

Ces élections ont été en fait disputées et remportées sur des questions intérieures telles que les affaires, la pêche, les retraites, les moyens de subsistance de la population et la santé.

« Naleraq », le parti le plus proche des États-Unis et de Trump, a obtenu de bons résultats, arrivant deuxième au classement général. Mais ce sont les démocrates de centre-droit, menés par Jens Frederik Nielsen, qui ont remplacé l'Inuit Ataqatigiit (IA) de l'ancien Premier ministre Múte B. Egede comme parti avec la majorité des sièges – et ont donc désormais la possibilité de former un gouvernement de coalition.

« Naleraq » prône une collaboration avec les États-Unis pour une indépendance rapide du Danemark .

« Nielsen , le démocrate, est favorable à une transition beaucoup plus lente, affirmant que le Groenland « doit suivre une voie calme » et « doit d'abord jeter les bases » de sa réussite en tant que pays indépendant.

Qui aura le dernier mot ? Que fera Trump si le Danemark accepte l'indépendance du Groenland, et le garde sous sa protection stratégique ?

D'année en année, les États-Unis nous font oublier le sens de la souveraineté nationale, même s'ils en défendent le principe dans tous les médias internationaux.