L'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a longtemps été un pilier de la politique étrangère américaine depuis sa création en 1961 sous la présidence de John F. Kennedy. Elle constituait un élément central de sa stratégie visant à renforcer l’influence mondiale des États-Unis par le biais de l’aide économique et au développement. Cependant, en contraste frappant avec son objectif initial, l’USAID a connu un déclin progressif au fil des décennies, aboutissant à sa suspension sous le deuxième mandat du président Donald Trump.

Quelles ont été les implications de sa création et de sa suspension ?

Pendant la Guerre froide, alors que les États-Unis et l’Union soviétique se disputaient l’influence mondiale, Washington a cherché à étendre son rayonnement en misant sur la diplomatie douce, privilégiant l’aide économique, sanitaire, éducative et culturelle plutôt que l’intervention militaire directe. L’USAID est ainsi devenue un pilier central de cette approche, avec des objectifs tels que :

- Promouvoir le développement économique et social dans les nations émergentes

- Soutenir la stabilité politique et freiner la propagation du communisme

- Fournir une aide humanitaire en cas de crises et de catastrophes naturelles

- Renforcer la gouvernance et aider les nations à bâtir des économies durables

Depuis sa création, l’USAID a joué un rôle clé dans la politique mondiale, notamment en neutralisant l’influence soviétique grâce au financement de projets de développement et au soutien aux programmes de santé, d’éducation et d’infrastructure en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Ces initiatives ont non seulement renforcé les relations entre les États-Unis et leurs nouveaux alliés, mais ont également positionné l’agence comme un acteur majeur de la diplomatie internationale.

Controverses et critiques

Malgré son impact mondial, l’USAID a fait l’objet de critiques récurrentes, notamment de la part de l’Union soviétique et de ses alliés, qui la considéraient comme un outil d’ingérence politique des États-Unis. Ses détracteurs affirment que l’aide américaine était stratégiquement utilisée pour exercer une influence sur les pays bénéficiaires tout en assurant l’accès aux ressources naturelles locales, en particulier en Afrique, sous couvert d’assistance au développement.

Avec l’ascension de courants politiques conservateurs aux États-Unis, en particulier sous la présidence de George W. Bush (2001-2009), le budget de l’USAID a été progressivement réduit. Cette tendance s’est poursuivie sous Barack Obama, qui a diminué certaines aides militaires en accord avec sa politique étrangère libérale. Toutefois, c’est sous le deuxième mandat de Trump en 2025 qu’un véritable tournant a eu lieu. Sa doctrine "America First" a introduit une nouvelle approche, mettant l’accent sur la réduction des dépenses internationales et la priorité aux affaires intérieures. Les principales raisons invoquées pour la suspension de l’USAID incluent :

- La réduction de l’aide étrangère afin de limiter l’implication des États-Unis dans les affaires internationales

- La réorientation des budgets vers des priorités nationales

- Le scepticisme de l’administration Trump quant à l’efficacité économique et politique des programmes de l’USAID

- La volonté de rationaliser la bureaucratie gouvernementale et de réduire le nombre d’agences fédérales

Un bouleversement des dynamiques du pouvoir mondial

La suspension du financement de l’USAID a eu des conséquences majeures, notamment sur les projets de développement et d’infrastructure dans les économies les plus fragiles. D’un point de vue diplomatique, cette décision a affaibli les relations des États-Unis avec plusieurs partenaires traditionnels, créant un vide rapidement exploité par la Chine et la Russie, qui ont renforcé leurs propres initiatives d’aide internationale.

Quel avenir pour l’aide étrangère américaine ?

Si la création de l’USAID sous Kennedy avait marqué une étape clé dans l’expansion de l’influence américaine, sa suspension sous Trump a symbolisé un changement radical dans l’orientation de la politique étrangère des États-Unis. Tandis que certains considéraient l’agence comme un levier de stabilité mondiale, d’autres l’ont perçue comme un instrument politique plutôt qu’un véritable organe de développement.

Alors que les défis du développement mondial restent pressants, une question demeure : les États-Unis relanceront-ils l’USAID ou créeront-ils une agence similaire à l’avenir ? Ou bien l’ère de l’aide étrangère américaine est-elle définitivement révolue ?