Tout au cours de l’Histoire, le Liban a été un centre économique clé au Moyen-Orient. Cependant, la mauvaise gestion systémique de l’État a conduit à une crise économique majeure en 2019, classée par la Banque mondiale parmi les trois pires crises mondiales des 150 dernières années. Si l’arrivée d’un nouveau pouvoir alimente l’espoir d’un redressement, les obstacles restent considérables, et ce, malgré la pression internationale et locale pour une meilleure gouvernance.

L’impact sur la population est dramatique. Le PIB par habitant a chuté de 9 174 dollars à moins de 3 650 dollars, selon les chiffres de la Banque mondiale, un effondrement qui reflète le « social dumping » subi par les Libanais, où la crise économique a entraîné une exploitation accrue de la main-d’œuvre à bas coût.

Mais pourquoi s’appuyer sur le PIB par habitant plutôt que sur d’autres indicateurs ? Certes, la livre libanaise a perdu 60 fois sa valeur, illustrant l’ampleur du désastre. Toutefois, la mesure du PIB par habitant reste un baromètre clé, car la création de la richesse dépend de la croissance économique, et donc de l’augmentation de ce chiffre. Ce constat souligne la responsabilité du gouvernement dans la relance économique et l’amélioration du niveau de vie des Libanais, à travers une politique économique et monétaire efficace.

L’exploitation des ressources naturelles, une alternative aux aides internationales

De nombreux responsables et économistes misent sur l’aide extérieure pour sortir de la crise. Or, le Liban possède un atout bien plus durable : ses ressources naturelles. Celles-ci restent sous-exploitées en raison des conflits, de la corruption et d’une gestion inefficace. Pourtant, selon nos estimations, leur exploitation pourrait porter le PIB à plus de 35 milliards de dollars en l’espace de cinq à dix ans.

Gaz naturel : Le Liban détient environ un tiers des réserves gazières du bassin levantin, avec une valeur estimée à plus de 300 milliards de dollars. Une extraction annuelle d’un trillion de pieds cubes à un prix de 5 dollars par millier de pieds cubes pourrait rapporter entre 1,7 et 2,5 milliards de dollars à l’État.

Pétrole : Des études sismiques ont révélé la présence de pétrole sur terre (notamment à Hasbaya, Nabatieh, Nahr Ibrahim, Keserwan) et en mer. Bien que jugées non rentables, ces réserves restent à explorer. Une extraction de 50 000 barils par jour à un prix moyen de 70 dollars générerait environ 1,3 milliard de dollars, dont 600 millions pour l’État.

Bitume, calcaire et minerais : Le Liban possède d’importantes ressources minières. Le bitume de Hasbaya, le calcaire pour l’industrie du ciment et l’oxyde de fer en Békaa pourraient rapporter annuellement jusqu’à 600 millions de dollars, à condition d’attirer des investissements.

Eau et hydroélectricité : Le Liban, pays riche en précipitations et en rivières, exploite mal son potentiel hydrique. Une gestion optimisée permettrait non seulement de couvrir une partie des besoins en électricité (jusqu’à 700 MW), mais aussi d’exporter l’eau vers des marchés étrangers.

Éléments rares et autres minerais : L’exploitation des terres rares, du marbre, du sel et du gypse pourrait également constituer un levier de croissance, à condition d’établir des études de faisabilité pour évaluer leur rentabilité.

Un défi politique et institutionnel

Si ces perspectives économiques sont prometteuses, deux conditions majeures doivent être réunies pour garantir leur réussite : un cessez-le-feu durable avec Israël et une justice indépendante. Sans stabilité politique et sans lutte effective contre la corruption, le Liban continuera d’être perçu comme un environnement à risque pour les investissements.

Le pays a-t-il la capacité de surmonter ces défis et d’exploiter ses ressources naturelles ? Tout dépendra de la volonté politique du gouvernement à instaurer un climat propice aux affaires et aux investissements. Le nouveau gouvernement pourra-t-il relever ce défi ?