Sous la pression populaire et celle du Congrès, L’administration du président Donald Trump s’est retractée, annulant, seulement deux jours après son entrée en vigueur, le gel massif des subventions et prêts fédéraux, suscitant de vives inquiétudes et des recours juridiques. Annoncée le 27 janvier 2025, cette décision marque un changement majeur de la politique fédérale, dont les conséquences pourraient se faire sentir à travers plusieurs secteurs de la société américaine.

La mesure, ordonnée par le Bureau de la gestion et du budget (OMB), imposait à toutes les agences et départements fédéraux de suspendre temporairement l’engagement et la distribution des financements publics. Cette pause affectait un large éventail de programmes, allant de la recherche médicale et de l’éducation aux infrastructures et aux services sociaux..

L’ampleur de ce gel budgétaire est sans précédent dans l’histoire récente. Si l’administration a précisé que la Sécurité sociale, Medicare et l’aide directe aux particuliers resteraient exemptés, l’arrêt brutal des financements fédéraux aurait pu impacter des milliards de dollars de dépenses publiques. Parmi les domaines les plus vulnérables :

* Les finances des États : En moyenne, 30 % des revenus des États américains proviennent des fonds fédéraux. Une suspension de ces versements risquait de perturber gravement les budgets locaux et la fourniture de services essentiels.

* Le système de santé : Bien que Medicare soit exclu, l’incertitude planait sur le financement de Medicaid, qui couvre plus de 74 millions d’Américains à faibles revenus.

* Le logement et le développement urbain : De nombreux programmes visant à lutter contre la précarité et le sans-abrisme auraient pu être suspendus, aggravant l'insécurité résidentielle.

* Les infrastructures : Des projets financés par l’Infrastructure Investment and Jobs Act et l’Inflation Reduction Act risquaient d’être retardés, voire annulés.

* L’éducation : L’arrêt des subventions fédérales aux écoles et universités aurait pu affecter la recherche et le bon fonctionnement de nombreux établissements.

* Les services sociaux : Des programmes d’aide alimentaire aux opérations de secours en cas de catastrophe, une large gamme de dispositifs aurait pu être impactée.

Un Coup Brutal pour l’Aide Internationale

Le gel budgétaire a également affecté environ 68 milliards de dollars d’aides américaines destinées à l’étranger. Ce montant représente la totalité de l’aide internationale des États-Unis pour l’année fiscale 2023, dont une large partie est administrée par l’USAID.

En matière d’aide humanitaire, cette décision a paralysé près de 14 milliards de dollars de financements, alors que les États-Unis représentaient, à eux seuls, 42 % de l’aide humanitaire enregistrée par l’ONU en 2024.

* Un impact sur les programmes sanitaires : L’interruption du financement a compromis des initiatives de lutte contre le VIH, la vaccination et les soins prénatals, mettant en danger la santé de millions de femmes et d’enfants à travers le monde.

* Des projets agricoles menacés : En Ouganda, des programmes de soutien aux petits exploitants agricoles ont été brusquement interrompus.

* Un recul dans la lutte contre les maladies infectieuses : Les campagnes contre le paludisme, la tuberculose et la poliomyélite ont été suspendues.

* Une instabilité accrue dans les zones de conflit : L’assistance sécuritaire à des alliés clés des États-Unis, comme l’Ukraine, a été fragilisée, tandis que la formation antiterroriste en Somalie a été mise en pause.

À noter cependant que l’aide destinée à Israël et à l’Égypte a été exclue de ce gel budgétaire.

Les Leçons d’un Recul Précipité

La volte-face de l’administration Trump met en lumière plusieurs enseignements clés :

* Une mise en œuvre précipitée : Le manque de préparation a semé la confusion et entraîné des dysfonctionnements à grande échelle.

* Le pouvoir du contrôle judiciaire : La rapidité avec laquelle des recours légaux ont contesté la mesure illustre le rôle crucial du système judiciaire dans la limitation des actions exécutives.

* L’importance de la communication : Le langage vague du mémo initial a provoqué un flou général sur les programmes concernés.

* L’influence de la pression publique : Face à la levée de boucliers des acteurs économiques et sociaux, l’administration a dû reculer en urgence.

* Des conséquences imprévues : L’impact du gel sur des services essentiels a démontré que des décisions hâtives peuvent provoquer des effets secondaires désastreux.

* Un rôle clé pour le Congrès : Les pressions des élus ont joué un rôle décisif dans l’annulation de la mesure.

* Un revers pour la crédibilité de l’administration : Ce retour en arrière précipité affaiblit la capacité de la Maison-Blanche à imposer ses futures réformes, rappelant les erreurs du premier mandat de Trump.

Ce fiasco met en évidence un fait incontestable : gouverner ne s’improvise pas, et les décisions prises à la hâte sont souvent synonymes d’échec.