Israël et les territoires palestiniens vivent une période de tensions sans précédent, marquée par la guerre à Gaza et l'intensification des conflits en Cisjordanie. Malgré la résistance du Hamas et du Jihad islamique, les succès militaires israéliens ont porté un coup dur à l’axe Iran-Hezbollah, détruisant infrastructures, capacités militaires et leaders influents.
La guerre, qui dure depuis plus de 15 mois, a transformé la question palestinienne. Le gouvernement israélien le plus à droite de son histoire en profite pour enterrer définitivement la perspective d'un État palestinien, marginalisant les accords d'Oslo et détruisant les ambitions d’autonomie.
L’opération « Déluge d’Al-Aqsa », lancée par le Hamas en octobre 2023, a eu des résultats inattendus pour ses initiateurs. Israël a exploité cette attaque pour renforcer son contrôle, non seulement sur Gaza, mais aussi sur la Cisjordanie, où les divisions internes palestiniennes jouent en sa faveur.
Au fil des mois, le Hamas, affaibli par les frappes militaires, semble s’incliner face à une réalité imposée : l'administration de Gaza pourrait être confiée à un comité humanitaire regroupant diverses figures politiques, incluant d'anciens cadres du Fatah comme Mohammed Dahlan.
Cette situation fragilise l’unité palestinienne, entre un Gaza isolé et une Cisjordanie étouffée par l’occupation et les rivalités internes. Pendant ce temps, Israël avance discrètement dans son projet de refonte géopolitique, allant jusqu’à envisager le déplacement forcé de populations palestiniennes vers les pays voisins.
Cette faiblesse pourrait ouvrir la voie à un scénario similaire à Gaza, où Israël cherche à provoquer un effondrement politique pour justifier un contrôle accru.
Alors que Netanyahu s'efforce de remodeler le Moyen-Orient, la cause palestinienne semble entrer dans une nouvelle ère, marquée par la fragmentation, l’incertitude et l'érosion de tout espoir de souveraineté.
Face aux récents bouleversements en Syrie, l’Autorité palestinienne (AP) craint un retour en force du Hamas, branche palestinienne des Frères Musulmans, renforcée par ses victoires dans le conflit syrien. Cette crainte, partagée par plusieurs États arabes face à l'essor des mouvements islamistes, s’ajoute aux accusations de l'AP envers Israël, soupçonné de soutenir le Hamas pour affaiblir le rôle historique du Fatah dans la lutte palestinienne. Cette stratégie remonte à la première Intifada de 1987, où le Fatah jouait un rôle central.
De leur côté, les factions palestiniennes voient les actions de l'AP en Cisjordanie comme une guerre préventive visant à éviter un scénario similaire à celui de la Syrie, où l’expansion des mouvements islamistes pourrait, à long terme, renforcer la cause palestinienne. Cependant, elles considèrent également ces actions comme une tentative de l'AP de se rapprocher d'Israël, tout en nourrissant leur méfiance envers les intentions futures de l'Autorité.
Si l’AP échoue dans son combat contre le Hamas et le Jihad islamique, elle risque de perdre son influence politique et militaire, offrant ainsi à Israël une opportunité pour discréditer davantage l'Autorité et souligner son incapacité à gouverner. Cette faiblesse pourrait ouvrir la voie à un scénario similaire à Gaza, où Israël cherche à provoquer un effondrement politique pour justifier un contrôle accru.
Pour Netanyahu, attiser les divisions internes palestiniennes, voire déclencher une guerre civile en Cisjordanie, représente une stratégie clé. Il espère ainsi affaiblir Mahmoud Abbas, président de l'AP, et le remplacer par une figure plus accommodante, facilitant l’expansion israélienne en Cisjordanie tout en maintenant un rôle symbolique pour l’AP à Gaza.
Cette situation met en lumière les ambitions israéliennes révélées par la publication, sur un site du ministère des Affaires étrangères, d’une carte de « l’Israël historique » incluant des territoires jordaniens, syriens et libanais. Bien que différente de la carte du « Grand Israël », cette représentation reflète les discussions confidentielles israéliennes sur leurs aspirations territoriales.
Le rêve d’un accord de paix basé sur l’initiative arabe de 2002, qui proposait une normalisation avec Israël en échange d’un retrait des territoires occupés et du retour des réfugiés, semble aujourd’hui hors de portée. Avec un gouvernement israélien radical et un public de plus en plus à droite, les perspectives de paix s’éloignent, laissant les Palestiniens et les Arabes miser sur un changement futur dans l’opinion israélienne – un espoir encore lointain.