Ces derniers jours, le président élu des États-Unis, Donald Trump, a multiplié les déclarations laissant entrevoir des intentions expansionnistes, évoquant la reprise du contrôle américain sur le canal de Panama et l’annexion du Groenland, actuellement sous souveraineté danoise.

Ces propos interviennent peu après une proposition controversée adressée au Premier ministre canadien, Justin Trudeau, visant à faire du Canada le 51ᵉ État américain, ou à accepter une hausse de 25 % des taxes sur les exportations canadiennes. Pendant sa campagne, Trump avait déjà menacé de déployer l’armée américaine pour imposer un blocus naval contre les cartels mexicains, tout en affirmant qu’il ordonnerait au Pentagone de mobiliser les forces spéciales pour éliminer leurs chefs.

Ces déclarations témoignent de l’intention de Trump d’adopter une politique étrangère résolument agressive, visant à affirmer l’hégémonie américaine non seulement face à ses adversaires, mais également à l’égard de ses alliés. Toutefois, ces positions controversées risquent de provoquer une vive opposition de la part des dirigeants mondiaux, fermement attachés à la préservation de leur souveraineté nationale.

Lors d’un rassemblement de jeunes conservateurs dimanche à Phoenix, Trump a déclaré : « On nous a privés du canal de Panama comme de bien d’autres choses à travers le monde », promettant de récupérer ce passage stratégique sans pour autant préciser comment il comptait s’y prendre.

Pour rappel, le contrôle du canal de Panama, construit par les États-Unis en 1914, a été transféré au gouvernement panaméen en vertu d’un traité signé en 1977 par le président démocrate Jimmy Carter. Depuis 1999, Panama exerce une pleine souveraineté sur le canal.

Le président panaméen, José Raúl Molino, n’a pas tardé à réagir, exigeant « le respect » pour son pays et déclarant : « Chaque mètre carré du canal de Panama et de ses zones adjacentes appartient au Panama et le restera à jamais. La souveraineté et l’indépendance de notre nation ne sont pas négociables. »

Dans une démonstration de force typiquement trumpienne, le président élu a ensuite tweeté sur sa plateforme « Truth Social » une image du canal avec un drapeau américain, accompagnée du slogan : « Bienvenue au canal américain. »

Long de 80 kilomètres, le canal de Panama est crucial pour l’économie mondiale, représentant 4 % du commerce international. L’intérêt soudain de Trump pour ce passage stratégique semble motivé par la montée en puissance de la Chine en Amérique latine, où elle a surpassé les États-Unis en tant que principal partenaire commercial.

Trump a également ravivé les tensions autour du Groenland. Sur « Truth Social », il a écrit : « Pour des raisons de sécurité nationale et de liberté dans le monde, les États-Unis estiment qu’il est essentiel de posséder et de contrôler le Groenland. »

Cette déclaration rappelle ses propos de 2019, lorsqu’il avait évoqué l’idée d’acheter le Groenland, qualifiant cette transaction hypothétique de « grande affaire immobilière » avec une « importance stratégique ». À l’époque, ses déclarations avaient provoqué une crise diplomatique avec le Danemark, membre de l’OTAN.

Le Groenland, la plus grande île au monde après l’Australie (qui est un continent), est un territoire autonome sous souveraineté danoise. Il s’étend sur plus de 2 millions de kilomètres carrés et possède son propre gouvernement et parlement.

En réponse à Trump, le Premier ministre groenlandais, Múte Egede, a affirmé : « Le Groenland nous appartient et il n’est pas à vendre. »

Quant au Canada, l’idée de Trump d’en faire un État américain a suscité une vive indignation, notamment après qu’il a commencé à désigner Justin Trudeau comme « gouverneur » et non comme Premier ministre. Cette polémique intervient alors que le Canada traverse une crise politique provoquée par la démission surprise de la vice-Première ministre, en désaccord avec Trudeau sur la gestion des tensions économiques croissantes avec les États-Unis.

En novembre, Trump avait menacé d’imposer des taxes douanières de 25 % sur tous les biens importés du Canada et du Mexique, accusant ces pays de laxisme en matière de lutte contre les drogues et de gestion des frontières.

Ces menaces inquiètent autant les adversaires des États-Unis que leurs alliés, notamment en Europe. Trump a annoncé son intention d’imposer des tarifs douaniers pouvant atteindre 20 % sur toutes les importations en provenance de l’Union européenne, malgré un commerce bilatéral dépassant 1 300 milliards de dollars.

Certains experts avertissent que de telles mesures pourraient non seulement freiner les investissements et détruire des emplois, mais aussi déstabiliser les marchés financiers.

Par ailleurs, Trump continue de presser l’Europe d’augmenter ses achats de gaz américain, une dynamique renforcée par l’abandon massif du gaz russe après le conflit en Ukraine.