Le président français Emmanuel Macron, généralement mesuré dans ses positions sur Israël, a essuyé la semaine dernière une sévère réprimande publique de la part du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Tout avait commencé lorsque Macron avait suggéré que l’escalade des frappes israéliennes sur le Liban, conjuguée à la poursuite de la guerre à Gaza, nécessitait une suspension des livraisons d’armes à Israël.

Netanyahou, visiblement irrité, a répondu en accusant Macron de manquer de soutien en déclarant : « Honte à vous de lancer un tel appel alors qu’Israël lutte pour sa survie », des combats allant de Gaza à l’Iran. Afin d’éviter une confrontation avec les lobbys pro-israéliens en France, particulièrement influents, Macron a rapidement réaffirmé son appui au droit d’Israël à se défendre, dans un contexte politique interne tendu après des élections législatives ayant débouché sur un Parlement divisé.

En signe de conciliation, Macron a dépêché son ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, en Israël, à l’occasion de l’anniversaire de l’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas contre les localités proches de Gaza.

Peu après l’attaque, comme d’autres dirigeants occidentaux, Macron s’était rendu en Israël, suscitant une polémique en appelant à une coalition internationale contre le Hamas, à l’instar de celle menée par les États-Unis contre Daech dans le passé.

Contrairement à d'autres pays européens, comme l'Espagne ou l'Irlande, Macron s’est abstenu de reconnaître l’État palestinien. Il s'oppose également à l’appel de Josep Borrell, haut représentant de l’Union européenne, qui préconise une reconnaissance collective de la Palestine pour exercer une pression sur Israël.

En traçant une ligne rouge, Netanyahou semble vouloir dissuader toute tentative française d’interférer dans l’élargissement des opérations militaires israéliennes au Liban, y compris les efforts de Macron pour organiser une conférence internationale de soutien au pays des Cèdres plus tard ce mois-ci.

Les relations franco-israéliennes, marquées par une longue histoire de soutien, ont connu des hauts et des bas, avec des moments de rupture, comme en 1968, lorsque le président Charles de Gaulle a cessé les ventes d'armes à Israël après son raid sur l'aéroport de Beyrouth, avant de se redresser sous François Mitterrand.

Netanyahou reste intraitable face aux critiques, qu'elles proviennent de Macron, de Biden, ou de l’ONU. Il a défié le président américain en refusant un cessez-le-feu à Gaza et en rejetant l’échange de prisonniers, dont plusieurs sont citoyens américains. En réponse à la suspension par Biden d’une livraison d’armes à haute puissance, il a accusé les États-Unis de priver Israël de son arsenal en pleine guerre.

Face aux pressions internationales, Israël a même refusé d’accueillir le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, en raison de ses appels à un cessez-le-feu et de son soutien à l'UNRWA.

Accusations d’antisémitisme, pressions diplomatiques et rétorsions économiques : Israël ne ménage aucun effort pour contrer ceux qui critiquent sa campagne militaire. Le gouvernement britannique, qui a suspendu certaines exportations d’armes en raison de violations du droit humanitaire à Gaza, et des pays comme l’Afrique du Sud, qui a intenté un procès à Israël pour génocide présumé, ont également fait les frais de la riposte israélienne.

Plus que jamais, la guerre à Gaza isole Israël sur la scène internationale, la poussant à redoubler de fermeté face à toute initiative visant à instaurer une trêve.