La Chine a réalisé une nouvelle percée géopolitique au Moyen-Orient, après que 14 factions palestiniennes, dont le Fatah et le Hamas, sont parvenues à un accord pour former un « gouvernement de réconciliation nationale provisoire » pour gérer Gaza, à la suite d'un dialogue organisé à Pékin. Cet accord survient alors que la guerre sanglante menée par Israël contre le territoire dure depuis environ dix mois.

Cet accomplissement chinois arrive à un moment critique pour l'administration du président américain Joe Biden, qui est politiquement paralysée après que ce dernier a renoncé à se présenter pour un second mandat. Les démocrates tentent de se rassembler autour de la vice-présidente Kamala Harris comme candidate présidentielle, face au républicain Donald Trump.

La Chine a profité du désordre américain et de l'incapacité de Biden à convaincre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d'accepter un cessez-le-feu et de proposer un plan pour l'après-guerre à Gaza. Ce gain politique s'ajoute à une autre victoire diplomatique chinoise : en mars 2022, Pékin avait réussi à convaincre l'Arabie saoudite et l'Iran de reprendre leurs relations diplomatiques, ouvrant ainsi la voie à un climat régional d'apaisement après des années de tensions. Ce rapprochement avait aussi contribué à une trêve informelle dans la guerre au Yémen.

Malgré les pressions américaines sur le président palestinien Mahmoud Abbas pour qu'il n'entre pas dans un accord de gouvernement d'unité nationale avec le Hamas, la guerre continue à Gaza a épuisé ce qui restait du capital politique de l'Autorité palestinienne, affaibli le Fatah et réduit sa popularité à des niveaux records.

La guerre a mis l'Autorité palestinienne dans une position embarrassante, surtout que les attaques israéliennes en Cisjordanie s'intensifient, tandis que les colons ravagent les villages palestiniens sous les yeux des soldats israéliens.

Le gouvernement israélien refuse tout rôle à l'Autorité palestinienne à Gaza après la guerre, malgré les tentatives de Washington de convaincre Netanyahu d'accepter cette idée. Netanyahu a répliqué qu'il ne voulait ni d’un "Hamastan" ni d’un "Fatahstan" à Gaza après la guerre et que l'armée israélienne ne se retirerait pas du territoire dans un avenir proche.

Lorsque la Knesset israélienne a adopté, le 18 juillet, une loi rejetant la création d'un État palestinien, elle n'a laissé à l'Autorité palestinienne d'autre choix que de se tourner vers la réconciliation avec le Hamas et de conclure un accord sur un gouvernement d'unité nationale.

Alors que Netanyahu temporise sur le cessez-le-feu, planifie une occupation permanente de Gaza, et intensifie les raids en Cisjordanie sous de timides critiques américaines, Israël a approuvé en juillet la construction de 5300 logements pour les colons en Cisjordanie et la création de cinq nouvelles colonies. Cela a été suivi par l'expropriation de 12,7 kilomètres carrés de terres en Cisjordanie, la plus grande confiscation depuis trois décennies, selon l'organisation anti-colonisation "La Paix Maintenant".

L'accord sur le gouvernement d'unité nationale a également été conclu quelques jours après l'avis consultatif de la Cour internationale de justice, selon lequel « la présence militaire israélienne prolongée dans les territoires palestiniens ne peut plus être considérée comme une occupation temporaire, mais constitue une annexion sapant le droit des Palestiniens à l'autodétermination », et a demandé à Israël de cesser ses activités de colonisation et de démanteler les colonies existantes.

Bien que cet avis ne soit pas contraignant, il accentue l'isolement international d'Israël, exacerbé par la guerre à Gaza, poussant des pays européens à reconnaître l'État de Palestine.

L'Autorité palestinienne, qui a souvent critiqué le Hamas et l'a tenu partiellement responsable de la situation à Gaza, ne pouvait plus éviter de prendre une position unificatrice dépassant les divisions internes, car c’est l’ensemble du peuple palestinien qui est visé. Il est incertain qu'Israël n’étende pas sa guerre à grande échelle en Cisjordanie, ravivant les projets de transfert de population vers la Jordanie et le concept de "patrie alternative", comme le souhaitent les ministres extrémistes Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich.

La frustration de Mahmoud Abbas l'a amené à accepter l'invitation du président russe Vladimir Poutine à visiter Moscou le 13 août, renforçant également la politique russe au Moyen-Orient après un retrait dû à la guerre en Ukraine. Moscou avait précédemment organisé un dialogue entre responsables du Fatah et du Hamas, et la rencontre de Pékin a complété les efforts russes vers la réconciliation palestinienne.