L'Arabie saoudite a pris une position notable en avertissant les pays du G7 des conséquences de la saisie des actifs russes gelés dans les banques occidentales sous prétexte de financer l'effort de guerre du régime de Kiev face à Moscou. Cette position, accompagnée d'une menace saoudienne de vendre ses dettes européennes, a conduit les pays du G7, notamment la France, à renoncer à leur décision de saisir les actifs russes, estimés à environ 300 milliards de dollars, et à se contenter de saisir les bénéfices générés par ces actifs. En conséquence, les pays du G7 et l'Union européenne ont décidé de créer une structure financière pour utiliser les bénéfices issus des investissements des actifs russes afin de lever 50 milliards de dollars pour financer l'effort de guerre du président ukrainien sortant, Volodymyr Zelensky.

Certains observateurs considèrent que cela reflète l'influence croissante de l'Arabie saoudite sur la scène internationale, la rendant capable d'influencer des décisions internationales cruciales. Cela témoigne également de l'influence croissante des pays des BRICS, dont l'Arabie saoudite a demandé l'adhésion, bien qu'elle n'ait pas encore activé son adhésion malgré l'acceptation de la demande. D'autres estiment que la position de Riyad découle de la crainte que cette saisie ne crée un précédent dangereux pour la saisie des actifs d'autres pays par le G7 à l'avenir, sachant que l'Arabie saoudite possède des actifs de centaines de milliards de dollars dans les banques occidentales. La menace saoudienne a rappelé l'influence financière considérable du royaume, avec des réserves de change nettes de 445 milliards de dollars et les actifs d'un fonds souverain de près d'un billion de dollars.

Les observateurs ont également noté que cette décision pourrait être due aux relations étroites entre le royaume et la Russie, en raison de leur leadership commun dans l'OPEP+1, sachant que les deux pays sont les plus grands exportateurs de pétrole du groupe. Les relations entre les deux pays se sont renforcées depuis le début de l'opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine en février 2022, notamment avec le rôle de médiateur joué par le royaume entre la Russie et les pays occidentaux.

Riyad estime qu'elle a besoin du soutien de la Russie dans cette affaire, car le rôle croissant de la Russie sur la scène mondiale permet à des puissances régionales comme l'Arabie saoudite de profiter des contradictions entre Moscou et les capitales occidentales pour renforcer sa capacité de manœuvre politique, surtout sous le règne des démocrates dirigés par Joe Biden aux États-Unis, qui ne voient pas d'un bon œil le rôle du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

De plus, l'Arabie saoudite, qui s'efforce de restructurer son économie et sa société conformément à la Vision 2030 pour relever les défis économiques et politiques du XXIe siècle, estime ne pas recevoir un soutien important de l'Occident, y compris des cercles financiers occidentaux qui n'ont pas investi dans les divers projets lancés par le royaume, d'une valeur estimée à 1,5 billion de dollars, dont la ville de Neom sur la côte de la mer Rouge, dont le coût à lui seul est estimé à 500 milliards de dollars. En raison du manque d'investissement des cercles financiers occidentaux, de nombreux projets sont en difficulté, dont la ville de Neom, qui ne devrait pas atteindre une partie importante de ses objectifs en 2030, les prévisions indiquant que la population de la ville ne dépassera pas 300 000 habitants alors que les plans prévoient 9 millions d'habitants.

Cela s'est accompagné de rapports dans les médias occidentaux reflétant des prévisions négatives concernant la Vision 2030, qui repose de plus en plus sur le capital saoudien pour financer ses projets. Ce qui aggrave la colère des dirigeants saoudiens envers les capitales occidentales est leur sentiment qu'il y a une préférence pour les Émirats arabes unis, avec des rumeurs de concurrence entre Abu Dhabi et Riyad pour un rôle régional au Moyen-Orient et dans l'océan Indien occidental, reflété dans des positions divergentes sur plusieurs questions comme la situation au Yémen et au Soudan, entre autres.

Le positionnement saoudien peut également être interprété comme une faveur à la Russie en échange de divers avantages, tels que des investissements russes dans les projets de la Vision 2030, et gagner la sympathie des pays membres des BRICS, ce qui pourrait pousser les capitales occidentales à reconsidérer leur position sur l'investissement en Arabie saoudite, pour éviter que Riyad ne se rapproche davantage du groupe qui devient un concurrent puissant de l'influence occidentale dans le monde. Il est à noter que le royaume n'a pas encore activé son adhésion aux BRICS, car il ne peut se détacher des relations stratégiques qui le lient aux États-Unis depuis huit décennies, garantissant à Washington un rôle hégémonique mondial tandis que le royaume joue un rôle dominant régionalement. Cependant, les BRICS ne peuvent pas accorder à Riyad la même position en raison du rôle central de l'Iran dans ses relations avec la Chine et la Russie, ce que Riyad considère comme un obstacle à des relations privilégiées entre elle et les BRICS. La menace saoudienne illustre une fois de plus le passage à un monde multipolaire, où des puissances régionales comme l'Arabie saoudite peuvent avoir un impact significatif sur les décisions internationales.