Pékin annonce l’ouverture d’enquêtes sur les pratiques commerciales européennes, jugées déloyales. Les officiels chinois du ministère du Commerce estiment que les pratiques européennes ne sont rien d’autre que des formes de protectionnisme déguisé.

L’enquête chinoise doit s’étendre sur six mois au moins . Elle pourra être prolongée jusqu’en avril 2025. Pékin veut déterminer avec précision si certains groupes industriels chinois ont perdu des parts de marché en Europe du fait de pratiques illégales. Les secteurs les plus scrutés sont le transport avec notamment de gros contrats en jeu de ventes de locomotives, l’énergie avec des contrats de panneaux photovoltaïques et l’énergie éolienne ».

En réalité , Pékin cherche à répliquer aux enquêtes commerciales lancées par la Commission de Bruxelles. La première enquête européenne visait une filiale du constructeur ferroviaire chinois CRRC. Ce mastodonte industriel est le numéro un mondial du secteur. Bruxelles contestait la fourniture de trains électriques en Bulgarie après un appel d’offre jugé problématique par les autorités européennes. Moins de deux mois plus tard, Bruxelles ciblait deux consortiums intégrant des entreprises chinoises pour la construction et l’exploitation d’un parc photovoltaïque en Roumanie.

Début juillet enfin, la Commission européenne avait relevé les droits de douane jusqu’à 38 % sur les importations de voitures électriques chinoises. La panique gagne les constructeurs européens d’automobiles qui considèrent qu’avec la vente en masse de véhicules chinois, c’est la survie même de tout ce secteur qui est menacée sur le Vieux continent. La bagarre qui se joue également autour de la fabrication de batteries pour les véhicules électriques est un autre aspect de la guerre commerciale qui se déroule, sans relâche , entre l’Union Européenne et la Chine. Ainsi, le groupe allemand Solarwatt ferme son usine de batteries en Allemagne. La production de batteries sur le site de Dresde va être transférée en Chine. Même les « giga-factories » de batteries électriques, installées en Europe dépendent de la technologie chinoise.Le piège se referme sur le secteur automobile européen tout entier.

Pendant des décennies, l’Organisation mondiale du commerce s’est occupée des règles régissant le commerce international entre les pays. Sa principale fonction était de favoriser autant que possible la bonne marche, la prévisibilité et la liberté des échanges… Mais depuis quelques années l’OMC est en panne sèche !

Il faut dire que le fonctionnement de l’organe d’appel de l’OMC, instance indispensable au règlement des différends commerciaux entre pays, a été débranché par l’administration américaine sous Donald Trump. Cet un outil juridique était essentiel au multilatéralisme commercial pour régler les différends. C’est la loi du plus fort qui règne maintenant . A l’avantage des Etats-Unis !

Ce choix de marginaliser l’OMC a été repris à son compte par Joe Biden. Cette période d’affaiblissement de l’OMC est en train de prendre des proportions inquiétantes…L’Europe est prise en étau entre les deux super puissances chinoise et américaine. L’OMC est donc en panne et ne joue plus son rôle de tribunal international du commerce . Voilà pourquoi le monde bascule dans des guerres commerciales avec la montée des protectionnismes … Des protectionnismes commerciaux, qui non seulement sont mauvais pour la croissance mondiale, mais qui de plus exacerbent les tensions géopolitiques mondiales déjà vives. L’Union Européenne ne s’oppose pas seulement à la Chine sur l’aide militaire à l’Ukraine, mais dorénavant, sur les échanges commerciaux. Ce nouveau face-à-face rajoute à la dangerosité du monde