Le 10 mars 2023 a marqué un tournant diplomatique majeur : l'Arabie saoudite et l'Iran ont annoncé la restauration de leurs relations, fruit d'une médiation orchestrée par la Chine populaire. Réunis à Pékin, le conseiller saoudien à la sécurité nationale, M. Mousaed Al-Aiban, et le secrétaire iranien du Conseil suprême de sécurité nationale, M. Ali Shamkhani, ont abouti à une déclaration commune. Celle-ci proclame la réouverture des ambassades saoudienne à Téhéran et iranienne à Riyad, dans un délai de deux mois à compter de la signature de l'accord.

La genèse de cet accord remonte à cinq cycles de pourparlers réconciliateurs entre les deux camps, tenus en Irak et à Oman. Cette démarche a reçu les éloges du Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, ainsi que d'Oman, des Émirats arabes unis, de l'Égypte, du Pakistan, de la Russie, de l'Indonésie, de la Malaisie. Cependant, l'entité sioniste, sous la direction des anciens Premiers ministres Naftali Bennett et Yair Lapid, a exprimé sa condamnation. Conformément à ce pacte historique, les deux nations ont convenu de réactiver leurs accords sécuritaires, commerciaux et culturels, tout en respectant la souveraineté réciproque et en évitant toute interférence dans les affaires intérieures.

Apaisement Régional en Vue

Le 10 mars 2023 a marqué un virage diplomatique avec l'annonce surprise du rapprochement entre l'Arabie saoudite et la République islamique d'Iran, fruit d'une médiation orchestrée par la Chine populaire. Ce développement a suscité l'attention des États-Unis et alimenté les spéculations parmi la communauté d'analystes politiques. Nombreux sont ceux qui envisagent que cet accord pourrait agir comme un catalyseur pour atténuer les tensions dans plusieurs zones chaudes du Moyen-Orient, dont le Yémen, la Syrie, l'Irak, le Liban et Bahreïn. En parallèle, certains observateurs voient dans cette entente, facilitée par la médiation chinoise, un signe de la montée en puissance régionale de la Chine en Asie occidentale, aux dépens de l'influence américaine. Ce rôle croissant de la Chine s'explique, en partie, par sa quête de sécurité énergétique pour alimenter sa croissance industrielle.

En effet, les zones de conflit au sein de la région arabe ont amorcé un recul des tensions. Un cessez-le-feu prolongé a marqué le théâtre yéménite, tandis que l'Irak a connu un assouplissement politique, coïncidant avec des lueurs d'espoir au Liban quant à la résolution des crises politiques et économiques qui ébranlent le pays. De plus, les relations entre l'Arabie saoudite et la Syrie ont enregistré des améliorations.

Le 13 avril 2023, le ministre syrien des Affaires étrangères, Faisal Mekdad, a entrepris un voyage à Djeddah pour rencontrer son homologue saoudien, Faisal bin Farhan, mettant fin à près d'une décennie de rupture engendrée par le soutien de l'Arabie saoudite et d'autres pays à des groupes armés opposés au gouvernement syrien. Cela a été suivi par une visite du ministre saoudien des Affaires étrangères à Damas le 18 avril, au cours de laquelle il a rencontré le président Bachar al-Assad et l'a invité à participer au sommet de la Ligue arabe prévu à Riyad.

Le 9 mai 2023, le Royaume d'Arabie saoudite a pris la décision de rétablir sa mission diplomatique en Syrie, en échange du rétablissement par Damas de sa propre mission diplomatique en Arabie saoudite. Le 10 mai 2023, le roi Salman bin Abdulaziz a adressé une invitation au président Assad pour qu'il participe au sommet de la Ligue arabe tenu le 19 mai à Djeddah. Ce sommet a signé le retour actif de la Syrie au sein de la Ligue arabe, après des années de suspension due aux répercussions de la guerre en Syrie. En marge de cet événement, le président Assad a échangé avec le prince héritier Mohammed bin Salman sur l'amélioration des relations bilatérales et les dynamiques régionales.

Cependant, en dépit de ces signes d'apaisement régional, les avancées ont été entravées. La situation au Yémen s'est figée avant de connaître une montée des tensions, accentuée par les déclarations provocatrices du leader des Houthis, Sayyed Abdulmalik Badreddin al-Houthi. Celui-ci a annoncé son refus des efforts saoudiens de retrait de la scène du conflit yéménite et de présentation comme acteur neutre, tout en menaçant de cibler de nouveau le territoire saoudien. De son côté, l'Irak peine toujours à résoudre sa crise politique qui freine son rôle régional, tandis que les tentatives d'amélioration des relations saoudo-syriennes ont été ralenties par l'annonce de Riyad, indiquant que le président syrien n'avait pas respecté ses engagements, entraînant la suspension de la réouverture de l'ambassade saoudienne à Damas. Finalement, au Liban, l'enthousiasme suscité par l'élection d'un président de la République a été entravé pour de multiples raisons.

Renforcement Continu des Liens Irano-Saoudiens !

Malgré les obstacles découlant des crises régionales qui maintiennent l'Arabie saoudite et l'Iran en opposition, les capitales de Riyad et de Téhéran persistent dans leur entreprise d'améliorer les relations bilatérales. Le 9 août 2023, l'ambassade saoudienne a rouvert ses portes à Téhéran, mettant ainsi un terme à une fermeture qui avait duré sept ans. Auparavant, l'ambassade iranienne avait été rétablie à Riyad le 6 juillet 2023.

La persistance des liens entre les deux nations face aux défis régionaux s'appuie sur leur reconnaissance commune que ces questions ne les touchent pas exclusivement, mais sont étroitement liées aux États-Unis, dont le rôle prépondérant alimente l'éclosion de ces conflits. Washington, dans sa quête de contrôle au Moyen-Orient, s'efforce de maîtriser toute force qui conteste son autorité, à l'instar des Houthis au Yémen, des forces du Hachd al-Chaabi en Irak, du gouvernement syrien présidé par Bachar al-Assad et du Hezbollah au Liban. Les États-Unis estiment que toutes ces entités défiant leur influence bénéficient du soutien de Téhéran. De ce fait, ils n'approuveront que des résolutions au Yémen, en Irak, en Syrie ou au Liban qui cadrent avec leur perspective dominante.

L'Arabie saoudite poursuit son effort pour améliorer les relations avec l'Iran en raison de l'impératif de limiter les tensions au Yémen, créant ainsi un bouclier interne contre toute escalade de la part des Houthis. Cela s'inscrit dans le cadre de la Vision 2030 du Royaume, destinée à remodeler son économie pour faire face aux défis à venir, notamment le scepticisme occidental, en particulier américain, envers cette vision. Par conséquent, le royaume cherche à ouvrir ses portes à des économies prometteuses, échappant à l'hégémonie occidentale, à l'instar de l'économie iranienne. Cela explique l'orientation des principaux entrepreneurs saoudiens vers Téhéran afin d'explorer les opportunités d'investissement.

En revanche, Téhéran cherche à établir des liens économiques avec diverses parties, face au siège imposé par les États-Unis. Parallèlement, la nécessité d'apaiser les tensions avec l'Arabie saoudite se fait sentir, contribuant ainsi à atténuer les tensions sectaires entre sunnites et chiites. C'est d'autant plus important alors que Téhéran est confronté aux défis de la pénétration israélienne en Azerbaïdjan chiite, sa frontière nord-ouest. De plus, des relations renforcées avec l'Arabie saoudite pourraient permettre à Téhéran de faire une percée dans le front régional érigé par les États-Unis à son encontre, accélérant ainsi la possibilité d'un accord sur le programme nucléaire iranien entre l'Iran et les États-Unis.

Ainsi, il semble peu probable que l'échec des solutions en suspens pour les problèmes régionaux ait un impact sur l'Arabie saoudite et la République islamique d'Iran. Elles continueront à consolider leurs liens, ouvrant ainsi la voie à d'éventuelles résolutions pour les problèmes régionaux.