La France a suspendu son aide au développement et son appui budgétaire au Niger, après le renversement du gouvernement de Mohamed Bazoum la semaine dernière. Cette aide s’élevait à près de 120 millions d’euros en 2022. Cependant, Niamey bénéficiait d’autres soutiens budgétaires français.
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« La France suspend, avec effet immédiat, toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire au Niger. » Voici ce qu’a annoncé le Quai d’Orsay, samedi 29 juillet. Le ministère des Affaires étrangères a décidé de ces mesures après le coup d’État commis la semaine dernière au Niger. La garde présidentielle dirigée par Abdourahamane Tchiani a renversé le gouvernement du président nigérien Mohamed Bazoum. Une manifestation anti-France s’est même tenue devant l’ambassade de France à Niamey. De quoi provoquer l’évacuation des ressortissants français.
Face aux tensions, Paris a donc choisi de suspendre son aide accordée à ce pays partenaire, qui connaît un « niveau d’extrême pauvreté, s’élevant à 41,8% en 2021 », selon la Banque Mondiale. Mais, à combien s’élevaient les aides de la France pour le développement du Niger ? D’après les chiffres de l’Agence Française de Développement (AFD), relayés par Le Figaro ce mercredi 2 août, Paris aurait donné 119,2 millions d’euros au Niger en 2022.
Le Niger, deuxième pays le plus subventionné
Cette somme porte à 801 millions d’euros les montants engagés à l’heure actuelle par l’institution financière publique au pays d’Afrique de l’Ouest. Cela fait du Niger le deuxième pays le plus subventionné du Sahel par l’AFD, après le Sénégal. Cependant, Niamey ne bénéficierait pas seulement de l’aide financière de l’AFD. Auprès du Figaro, un membre de la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi) a glissé que l’aide au développement incluait aussi « un soutien budgétaire unilatéral direct entre Paris et Niamey, ainsi que des coopérations culturelles ».
Le budget de l’AFD au Niger représente toutefois « 80% de l’aide française » au pays. Les 20% restants correspondent à l’appui budgétaire du Quai d’Orsay, à hauteur d’une dizaine de millions d’euros. De plus, des prêts avantageux, en raison d’une différence de taux, ont été accordés au Niger. Ces prêts représentent à peu près un tiers de l’aide française. Les deux tiers restant sont des dons.
Un pays dépendant des autres
La suspension de toutes ces aides pourrait-elle mener Niamey à sa perte ? Le Niger vit en tout cas au crochet d’autres pays. Environ 55% de son budget proviendrait de l’étranger, selon un rapport provisoire d’exécution du budget de l’État à fin mars 2023, publié par le ministère des Finances nigérien. Niamey bénéficie aussi de coups de pouces financiers de la part de la Banque Mondiale, de l’Unicef, de l’ONU et son programme pour le développement, mais aussi de la Banque Africaine de Développement. Les pays comme l’Allemagne, la Chine, les États-Unis et la Belgique contribuent aussi grandement. Mais comme Paris, Berlin et l’Union européenne ont décidé de couper leurs subventions, réclamant le rétablissement de l’ordre au Niger. Les nouveaux dirigeants putschistes pourraient toutefois trouver de l’aide ailleurs, notamment du côté de la Russie.