L'offensive de contre-attaque ukrainienne vient de secouer les fronts de combat, révélant ainsi la véritable nature d'une offensive occidentale dissimulée derrière le masque ukrainien. Cette nouvelle offensive se démarque nettement des attaques estivales et automnales précédentes, grâce à sa rapidité d'avancée et à ses objectifs stratégiques ambitieux. Cependant, jusqu'à présent, son principal trait distinctif est son extrême lenteur, avec des gains modestes limités aux abords des positions russes solidement fortifiées depuis près d'un an. Les analystes occidentaux ont donc fait preuve de prudence quant à un optimisme prématuré quant à des résultats rapides, prévoyant plutôt la poursuite de l'offensive pendant plusieurs mois avant d'observer les fruits de leurs efforts.
Les vulnérabilités ukrainiennes n'ont pas été masquées par l'arrivée des chars et canons occidentaux à Kiev, surtout après que les démonstrations des drones suicides russes "Lancet 3" ont brillamment confirmé leur supériorité face à leurs homologues américains "Switchblade", anéantissant ainsi la réputation du char allemand "Leopard 2" et traquant sans relâche les véhicules blindés américains de type "Bradley". Parallèlement, des faiblesses au sein du dispositif russe ont été mises en évidence, en particulier dans les provinces frontalières avec l'Ukraine, incitant ainsi les opposants de Moscou à frapper les villes russes, allant même jusqu'à mener des attaques de drones contre le Kremlin lui-même. De plus, les divergences qui ont récemment éclaté au grand jour entre le groupe militaire "Wagner" dirigé par Evgueni Prigojine et l'armée russe ne peuvent être ignorées. Il convient de souligner que l'aggravation de cette problématique pourrait encore ébranler le moral des forces russes.
L'explosion du barrage de Nova Kakhovka est devenue un titre alarmant, marquant le début d'une nouvelle guerre avec pour objectif déclaré de l'Occident de pousser la Russie à négocier dans une position de faiblesse. Cependant, cette issue semble peu probable, probablement en raison de la volonté russe d'éviter les échecs défensifs passés à Kharkiv, Kherson et Zaporizhia. Le président Vladimir Poutine mise quant à lui sur une victoire dans cette guerre, quelle qu'en soit la durée, qu'il qualifie toujours d'"opération militaire spéciale". Son plan consiste à épuiser les flux d'armes occidentales et à désarmer progressivement l'Ukraine, convaincu que la destruction de l'arsenal ennemi est la meilleure façon de gagner du terrain et de renforcer les forces russes. Cependant, le pari de l'Occident, en particulier de son rival américain Joe Biden, va à l'encontre de cette approche.
Les négociations dont le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a discuté avec ses homologues occidentaux aujourd'hui étaient censées commencer avant le déclenchement de la guerre, sans négliger les préoccupations russes. Ces préoccupations se sont révélées coûteuses pour la Russie, l'Ukraine, l'Europe et le reste du monde. Le choix de lancer une contre-attaque pour affaiblir la Russie et lui imposer un traité de Versailles comporte le risque de conséquences encore plus désastreuses que celles du traité de Versailles imposé à l'Allemagne après la Première Guerre mondiale. De plus, l'escalade en Ukraine pourrait potentiellement entraîner un affrontement direct entre la Russie et l'OTAN. L'éventualité du déploiement d'armes nucléaires tactiques russes en Biélorussie est un exemple frappant des dangers inhérents à un tel conflit.
La guerre en Ukraine se prolonge sans signes annonciateurs d'une issue imminente. Au contraire, les forces belligérantes continuent de s'épuiser, la mobilisation est à son comble, les combats font rage et les ravages atteignent des proportions dévastatrices. Jusqu'à présent, il est clair que la Russie n'a pas réussi à réaliser son objectif d'occuper entièrement l'Ukraine, et il est peu probable qu'elle y parvienne à l'avenir. Ses troupes éprouvent des difficultés à maintenir leur emprise sur les régions orientales et méridionales, à moins que le Kremlin ne décide de recourir à des armes nucléaires tactiques, une option toutefois peu probable malgré les spéculations.
Malgré le soutien occidental accordé aux forces ukrainiennes, l'intervention directe de l'OTAN semble peu probable, ce qui rend peu plausible l'idée de chasser l'armée russe de la Crimée et du Donbass. L'opinion publique occidentale est de moins en moins favorable à une guerre coûteuse de cette envergure, ce qui rend l'engagement direct de l'OTAN hautement improbable.
Dans ces circonstances, une résolution militaire de ce conflit semble hors de portée pour le moment. Par conséquent, la guerre pourrait se prolonger sans perspective de solution, d'autant plus que l'histoire regorge d'exemples de conflits qui ont duré des années avant d'être considérés comme vainement stériles, à l'instar de la guerre Iran-Irak.
Alors, qu'en est-il de la solution diplomatique ? Malgré de multiples tentatives de médiation entre Moscou et Kiev pour mettre fin aux combats et entamer des pourparlers politiques afin de résoudre le conflit, les deux parties ont rejeté ces initiatives, renforcé leur position et intensifié leurs exigences. Peut-être est-ce parce que chacune se croyait en position de force. Au début de la guerre, Moscou avait l'illusion qu'elle était sur le point de s'emparer de toute l'Ukraine, y compris sa capitale, avant de se rendre compte que l'annexion de l'État ukrainien était impossible sans le recours à des armes de destruction massive. De son côté, Kiev, après avoir repoussé les forces russes et s'être persuadée qu'elle pourrait rapidement récupérer chaque centimètre de son territoire, a réalisé que cet objectif était loin d'être facile à atteindre, même avec le soutien des armes occidentales.
Quant au scénario le plus probable, il est fort envisageable que cette guerre aboutisse à une impasse, similaire à la fin de la guerre coréenne en 1953, qui a laissé les deux Corées séparées par une zone démilitarisée le long du 38e parallèle. Depuis lors, toutes les initiatives diplomatiques visant à réunifier la péninsule coréenne et à rapprocher Séoul et Pyongyang ont échoué.