Michel Barnier a donc construit un gouvernement large et nombreux pour affronter une éventuelle censure à l’Assemblée nationale. Pas pour définir un cap stratégique pour la France . Le Premier ministre n’avait pas d’autres choix. La faiblesse de ce gouvernement est sans doute sa seule force à court terme : aucun parti d’oppositions n’a intérêt à baisser le pouce pour voter la censure.

Ce gouvernement va claudiquer, à l’image du « couple » Retailleau (Intérieur) Migaud (Justice), et sera évidemment dans l’impossibilité d’échafauder un programme politique et economique. La faiblesse de ce gouvernement l’empêche de mettre sur la table des réformes essentielles, différées depuis tant d’années. Comment réanimer nos finances publiques en comas dépassé ? La hausse d’impôts est sur toutes les lèvres. La réduction des budgets clefs de la Justice ou de l’Education nationale ne constitueront que des pis-aller transitoires. Bruxelles, dans sa grande mansuétude, vient d’accorder un délai supplémentaire d’un mois pour y voir plus clair sur la trajectoire budgétaire française. La procédure pour déficit excessif est enclenchée. Encore une heure, Monsieur le bourreau !

Barnier ne fera pas de miracle. Il cherche à colmater quelques brèches dans la coque du bateau France qui prend l’eau de toutes parts . Certaines grandes entreprises, comme le groupe de transport maritime, CMA CGM, pourrait payer une contribution exceptionnelle pour renflouer un peu les caisses de l’Etat. Ce groupe avait surfé sur la crise Covid en engrangeant plus de 20 milliards d’euros de profits ! Le « grand patronat » par la voix du Medef , son organisation, est prêt à mettre la main à la poche pour déposer des contributions dans le panier totalement percé de l’Etat. Le Medef pose des conditions. La première qu’il devrait imposer est d’éviter qu’une « contribution exceptionnelle » devienne rapidement récurrente. Les Français ont l’habitude, CSG et TVA en tête, de constater que le « petit impôt » devient très vite un pilier de la politique fiscale trop confiscatoire dans ce pays !

Le budget de l’Etat français est dans une impasse. Sans réformes économiques profondes sur le train de vie de l’Etat et un réajustement de notre modèle social , la France décrochera définitivement. Le gouvernement Barnier n’aura pas le poids politique. Le sauvetage de la France attendra encore.