À quelques jours du premier tour des élections législatives en France , le déroulé du programme economique présenté par Jordan Bardella , le leader du parti nationaliste Rassemblement National, a donné l’impression d’un renoncement, d’un allègement de ce programme et de certaines de ces mesures phare. Comme pris de vertige à l’approche du pouvoir , Bardella édulcore ses promesses économiques et sociales au cas où il accéderait à Matignon, au poste de Premier ministre . Tout se passe comme si au fure et à mesure que le mur du pouvoir se rapproche, le mur de la réalité devient quasi infranchissable !
Jordan Bardella, dont le parti caracole en tête des sondages, s’expose au veto de Bruxelles sur les baisses de TVA promises, sur la réduction de la contribution française au budget européen ou sur la sortie du marché de l’électricité. C’est la réalité ! Bardella annonce qu’avant toute chose il passerait au tamis d’un « audit des comptes publics » , la situation budgétaire exacte de la France … Après tout, les erreurs et les omissions de Bruno le maire, l’actuel ministre français des Finances, en matière de finances publiques, peuvent réserver d’autres mauvaises surprises. Sitôt connu l’audit , le chef du RN pourra renoncer , en partie , à ses promesses électorales au vu d’une situation financière trop dégradée ! C’est de bonne guerre ! Même si la ficelle politique est un peu grosse !
La Gauche est toujours passée maître dans l’art des grandes réformes sociétales qui ne coûtent pas un euro au budget et permettent de satisfaire une partie de sa base électorale.
Bardella ne serait pas le premier à renoncer: François Mitterrand, président socialiste de la République française nouvellement élu en 1981 avait oublié ses promesses deux ans plus tard. L’année 1983 fut marquée par la conversion de la gauche à l’économie de marché et à l’Europe. Jacques Chirac, lui, « ne voulait pas « changer la vie », mais au moins « réduire la fracture sociale » dans une France rongée, alors, par le chômage. « En 1995, il augmenta la pression fiscale et demande au premier ministre, Alain Juppé, un plan de redressement des comptes sociaux. », note le journal Le Monde.
Bardella ne serait donc pas le premier même si son rôle s’arrêterait, en cas de victoire politique, au poste de Premier ministre. Donc en cohabitation avec le Président Macron.
La Gauche est toujours passée maître dans l’art des grandes réformes sociétales qui ne coûtent pas un euro au budget et permettent de satisfaire une partie de sa base électorale. Les réformes societales les plus marquantes de la gauche au pouvoir ont été l’abolition de la peine de mort sous Mitterrand ou le mariage pour tous avec François Hollande.
Justement est-ce que Bardella ne va pas être tenté par des « réformes societales » plutôt que des réformes economiques bien difficiles à financer. Des réformes societales qui ne coûtent rien au budget et qui marqueront le peulple de la droite nationale ? Réformes societales pour le RN ? Sur la citoyenneté, l’immigration, la sécurité par exemple ? Ou encore l’Education ? D’ailleurs, le jeune leader nationaliste vient d’annoncer le grand retour de l’autorité dans les écoles françaises !
Mais , aujourd’hui combien d’électeurs français votent encore pour l’application de promesses contenues dans des programmes politiques ? La politique a perdu ses lettres de noblesse. Le vote se cristallise sur le rejet, le ras le bol , sur la défiance des élites , sur la radicalité politique. L’autre argument électoral largement entendu en France : « on a tout essayé… Alors pourquoi pas le RN ? »