L’optimisme prudent entourant un éventuel accord sur les otages entre Israël et le Hamas ne peut être dissocié des développements récents qui ont fragilisé la position du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. Parmi ceux-ci, sa visite décevante à la Maison-Blanche, où il a rencontré le président américain Donald Trump sans obtenir le soutien escompté — notamment sur la guerre à Gaza, les otages, l’Iran, la Turquie et même les droits de douane américains.

Les médias israéliens ont qualifié la visite d’échec cuisant. Non seulement elle n’a produit aucun résultat concret sur le front militaire, mais elle n’a offert aucune avancée sur les autres dossiers critiques. Netanyahou espérait des victoires rapides, mais il est rentré avec de simples promesses vagues.

Sur le plan intérieur, il fait face à une pression croissante, tentant de conserver le pouvoir en s’appuyant sur sa base politique et parlementaire. Face à l’opposition militaire et civile grandissante — mise en lumière par une pétition signée par des milliers d’officiers réclamant la fin de la guerre — Netanyahou a contre-attaqué, qualifiant ces derniers de « mauvaises herbes à déraciner », tout en les menaçant avec l’appui de ses alliés politiques.

Mais les appels à mettre fin à la guerre prennent de l’ampleur au sein même de l’appareil sécuritaire israélien, y compris dans l’armée et les services de renseignement. Cette dissidence grandissante représente un défi majeur pour Netanyahou, accusé de prolonger le conflit pour sa survie politique, sans objectif clair ni échéance.

Bien que l’armée israélienne ait repris près d’un tiers de Gaza, le conflit s’est transformé, selon les critiques, en une guerre absurde. Le scepticisme grandit à l’intérieur du pays, d’autant que le Hamas reste actif, contrôlant près de 75 % de son réseau de tunnels et poursuivant leur expansion malgré le siège. La crédibilité de l’armée a été ébranlée lorsque l’on a appris que l’objectif de détruire la brigade de Rafah du Hamas — mission que le chef d’état-major Herzi Halevi avait annoncée comme accomplie — avait en réalité été déclarée réussie six mois plus tôt.

Même si la campagne militaire se poursuit, la plupart des analystes estiment qu’elle ne permettra pas de libérer les otages israéliens restants — seuls 24 des 59 captifs d’origine seraient encore en vie. La seule voie réaliste semble être un règlement négocié. Pourtant, Netanyahou, poussé par des considérations personnelles et politiques, persiste à vouloir poursuivre la guerre indéfiniment pour obtenir une « victoire totale » — un objectif que Trump lui-même semble ne pas cautionner.

Trump et son émissaire, Steve Witkoff, cherchent désormais à relancer la médiation égyptienne et à instaurer une trêve assortie de garanties. La question est de savoir si Netanyahou cédera à la pression américaine avant la visite de Trump prévue en mai dans la région. De son côté, le Hamas montre une certaine souplesse tactique sur le dossier des otages, même s’il tient à conserver cette carte précieuse dans les négociations.

Le dialogue du Caire bloqué sur l’après-guerre

L’Égypte, quant à elle, travaille à présenter à Washington une vision de l’après-guerre à Gaza incluant un cessez-le-feu durable. Cette vision repose sur l’acceptation, par le Hamas, d’un nouvel arrangement politique excluant le mouvement de toute participation officielle au pouvoir. Pour l’Égypte, Gaza reste un pilier central de sa sécurité nationale, et comme d’autres acteurs régionaux, elle refuse toute implication ouverte du Hamas dans la gouvernance future de l’enclave.

Cependant, les efforts pour réconcilier les factions palestiniennes sont aujourd’hui à l’arrêt — notamment au Caire, malgré des mois de médiation. Les discussions se concentraient jusqu’ici sur un rapprochement entre le Hamas et l’Autorité palestinienne (AP), et sur l’intégration des autres factions au sein de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), pour établir un cadre de gouvernance unifié.

Mais la rupture actuelle du dialogue révèle la réticence du Hamas à être relégué à un rôle secondaire — une position qu’il avait pourtant acceptée de manière préliminaire. Les tensions avec l’AP s’aggravent aussi, cette dernière tenant de plus en plus le Hamas pour responsable de la situation catastrophique à Gaza.

Dans cette impasse, l’avenir de Gaza reste suspendu à l’influence de Trump, à la stratégie du Hamas et à la médiation égyptienne, dans ce qui pourrait être une occasion éphémère d’instaurer une trêve fragile.