La guerre entre Israël et Hamas oblige les grandes entreprises à la fois présente dans l’Etat hébreux et dans les pays arabes, à des contorsions et à des trésors de communication pour ne choquer aucun de ses clients ni les citoyens de ces pays.
Dans le nouvel épisode sanglant qui menace d’enflammer le Moyen-Orient quelles sont les marges de manœuvre des multinationales qui commercent dans la région ? Faut-il parler de ce conflit ? Soutenir un côté, au risque de s’aliéner une partie de ses consommateurs, de ses fournisseurs, de ses actionnaires voire même de ses employés ? Rester neutre au risque de mécontenter tous les belligérants ? La guerre entre Israël et Hamas oblige les grandes entreprises à la fois présente dans l’Etat hébreux et dans les pays arabes, à des contorsions et à des trésors de communication pour ne choquer aucun de ses clients ni les citoyens de ces pays.
Les réseaux sociaux colportent toutes sortes de rumeurs comme celle d’entreprises qui financeraient Israël, implantées dans les colonies. Des messages sur X - ex-Twitter - ou sur d’autres réseaux sociaux sont devenus viraux : une liste de multinationales a même été jetée en pâture sur le web où l’on retrouve Danone, McDonald’s, l’assureur Axa, Coca-Cola, L’Oréal, Unilever et d’autres . Toutes accusées de faire le jeu d’Israël. Cette liste a été vue plus de deux millions de fois. Les dégâts pour ces entreprises peuvent donc être considérables. La guerre économique ou simplement des fake News peuvent entraîner des pertes de marchés considérables.
Ainsi, McDonald’s ,entreprise américaine, possède des franchisés en d’Israël et dans les pays arabo-musulmans… Or, McDonald’s Israël a financé des dons pour les soldats de Tsahal…. Évidemment et immédiatement des appels au boycott de McDonald’s dans le monde ont été lancés par des internautes acquis à la cause des Palestiniens. Du coup, des franchises du groupe de fast-food au Qatar, à Oman, au Pakistan, en Malaisie , en Turquie mais aussi aux Émirats arabes unis ont annoncé des dons en faveur des Palestiniens….
Aux États-Unis encore, alliés historiques de l’Etat hébreux , la chaîne de cafés Starbucks est entrée en conflit direct avec un syndicat de ses propres salariés, Starbucks Workers united. En effet , peu après l’attaque du Hamas du 7 octobre , ce puissant syndicat a posté des messages de solidarité à la Palestine… Du coup la direction de Starbucks s’est retrouvée sous le feu des critiques des Pro israéliens. L’entreprise a finalement porté plainte contre le syndicat… Autre exemple, les déclarations d’Elon Musk pour fournir son service Starlink aux organisations humanitaires en Palestine.
Il y a l’humanité pour préserver les populations civiles des drames atroces de la guerre et les discours de paix et de cessez-le-feu… Et puis, il y a le business… période de guerre ou pas , le business, pour les entreprises, c’est le cœur de leur survie économique. !
L’entreprise doit avoir aujourd’hui, avec la multiplication des conflits régionaux, une réflexion géopolitique globale. En réalité, plus que jamais en tant de guerre , l’entreprise est un vecteur politique puisque ses salariés sont aussi des citoyens aux opinions différentes et parfois opposés. Sans parler de ses clients ou de ses fournisseurs aux avis multiples et ignorés, par définition. L’entreprise joue donc gros et avance en aveugle dans ce conflit au Moyen-Orient comme en Russie d’ailleurs qui a marché sur l’Ukraine. La diplomatie se découvre une nouvelle branche d’influence, celle de la diplomatie économique où les multinationales sont à la fois des vecteurs politiques puissants et fragiles en même temps.