La France suscite bien des curiosités. Le débat public est centré depuis quelques jours autour des « punaises de lit ». Oui, oui, j’ai bien dit : « les punaises de lit ! »
On en trouve dans les écoles, les salles de cinéma, dans les chambres d’hôtel jusque dans les transports en commun. Partis politiques, gouvernement, tous ne parlent plus que de cela !
Une punaise de lit aperçue dans une salle de classe et ce sont les enseignants qui font valoir leur droit de retrait. L’affaire n’est pas encore devenue une cause nationale, mais on y est presque ! On s’attend à ce que, lors d’une nouvelle intervention présidentielle, Emmanuel Macron lance : « nous sommes en guerre…nous sommes en guerre… contre les punaises de lit ! ». Comme il l’avait fait au moment du déclenchement de la crise sanitaire de 2020.
Certes, l’inconfort provoqué par ces parasites n’est pas à prendre à la légère. Mais constater qu’une grande partie du débat actuel en France tourne autour de cet insecte, qui a toujours existé, révèle l’état déprimé dans lequel se trouve la patrie de Voltaire et de Rousseau. Certes, la crise Covid a sans doute fait basculer la société française dans un hygiénisme hystérique. Mais cette « crise de la punaise de lit » montre aussi que la France est comme déboussolée, comme sonnée par l’accumulation de crises bien plus lourdes auxquelles elle est actuellement confrontée : crise du pouvoir d’achat, crise de l’immobilier, crise des finances publiques, crise de l’immigration…En réalité, ce focus sur les « punaises de lit » révèle une véritable crise d’identité d’une nation qui a longtemps été respectée pour son histoire et sa puissance. Tout se passe comme si cette « crise d’identité » révélait soudainement une profonde crise de confiance d’un pays qui cherche à entrevoir son futur.
Evidemment à un an des Jeux Olympiques, les touristes du monde entier regardent avec angoisse la prolifération des punaises de lit…La presse américaine s’en donne à cœur joie ! Certes, les enjeux sont importants pour la destination touristique française. La première au monde.
Mais que doivent penser les Arméniens qui fuient le Haut-Karabagh ou les Ukrainiens qui meurent sous les bombes russes ? Que doivent penser les Libanais qui souffrent au quotidien de l’effondrement de l’économie de leur pays ?
Gageons que les priorités des Français seront redevenir plus rationnelles. Quelle image une nouvelle fois le pays charnière de la francophonie délivre au reste du monde ? Mal dans son présent et incertaine de son futur, la France regarde son nombril qui la gratte ! Les punaises de lit ne sont pas la fin du monde.