Un rapport constate une hausse plus forte des besoins de la société comparée à celle des moyens des services publics sur les deux dernières décennies. Cette croissance en dents de scie pousse au développement du secteur privé et à la création d’inégalités.
Valeurs Actuelles
Les politiques publiques ne semblent pas s’être adaptées aux besoins de la société. C’est ce sur quoi alerte un rapport publié par le collectif Nos services publics ce jeudi 14 septembre. Relayé par franceinfo, ce document a été rédigé par une centaine de fonctionnaires. Le rapport révèle que « les moyens des services publics augmentent depuis vingt ans moins rapidement que les besoins sociaux ». Cette situation a poussé au développement du secteur privé afin de satisfaire les besoins de la population dans plusieurs domaines. Les auteurs de l’étude se sont appuyés sur l’analyse de deux décennies de politiques publiques pour réaliser ce rapport qui pointe une évolution particulière des besoins dans la sécurité, l’éducation et la santé.
Le sentiment d’insécurité demeure
Comme le relate franceinfo, le rapport pointe que le « sentiment d’insécurité ressenti par la population demeure élevé ». Même si les moyens alloués augmentent en matière de justice et de sécurité, une « dégradation de la qualité et de l’efficacité de la réponse judiciaire » est mise en avant. Le document prend pour exemple le délai de jugement d’une affaire civile devant le tribunal de grande instance. Celui-ci est passé de sept mois en 2005 à 14 mois en 2019.
Les urgences en tension
Concernant le domaine de la santé, les auteurs du dossier constatent une hausse de « plus de 20 % en moins de dix ans » des passages aux urgences. En 2019, 21 millions de passages aux urgences ont été comptabilisés contre 17 millions en 2010. Cette croissance serait liée au vieillissement de la population et à la « croissance massive » des maladies chroniques. Les hôpitaux publics doivent ainsi avoir une coordination plus efficace et une « meilleure répartition des soins ». Cela n’empêche pas les cliniques privées de se développer et d’augmenter leur place.
Le service « dégradé » des écoles publiques
C’est également le cas des écoles privées, qui ont vu leur nombre d’inscriptions croître. En 25 ans, « la proportion de diplômés du supérieur a été multipliée par deux chez les 25-34 ans », indique l’étude relayée par franceinfo. Les parents se rabattent davantage sur les écoles privées, en particulier les « familles favorisées ». En effet, la « part des enfants à fort capital culturel » dans les écoles privées sous contrat était de « 40 % en 2021 » contre « 29 % en 2003 ».
Face à des inégalités éducatives naissantes, les politiques publiques ne « parviennent pas à se renouveler ». Les établissements privés finiraient par coûter plus cher à l’Etat, sans garantir un « accueil inconditionnel » aux élèves. Le rapport y voit finalement une transformation progressive du service public en un « service minimum et dégradé, et, donc, la perte progressive de sa vocation universelle ».