Avant que la France ne se réveille de l'onde de choc des "gilets jaunes" qui ont secoué ses rues pendant de longs mois, avant même de commencer à panser les plaies laissées par les violentes manifestations suscitées par le projet de réforme des retraites, dans un climat de profonde division politique au sein de la société française, marqué par des élections législatives ayant donné naissance à un Parlement morcelé, privant ainsi le président de sa majorité absolue et sapant son autorité, les quartiers populaires et les métropoles françaises ont une fois de plus frémi au rythme d'une révolte enflammée, déclenchée par la tragique mort de Nael Al-Marzouki, un jeune de 17 ans, tombé sous les balles de la police.

Cet événement, ainsi que ceux qui l'ont précédé, révèlent une France, figurant parmi les grandes puissances mondiales, affaiblie et démunie face à la problématique brûlante des banlieues et à la gestion de la relation entre l'État et les communautés immigrées ou issues de l'immigration. Cela met en lumière une crise de confiance profonde entre l'État et une part significative de la société française. Est-ce que le corps français est parvenu à un point de rupture, consumé par l'épuisement ? Ou bien la "République" a-t-elle réellement abandonné ces quartiers populaires, densément peuplés de colère et de misère, en dépit des promesses et des discours qui ont été vains ?

Cette vague de colère qui se propage, de rue en rue et de ville en ville, révèle l'ampleur d'un brasier latent, attendant simplement une étincelle pour se consumer. Elle soulève des questions brûlantes sur la gestion des conflits sociaux, prenant une dimension politique en France. Les habitants des quartiers périphériques dénoncent une réalité structurelle ancrée dans le mépris envers leurs problèmes, les reléguant ainsi en marge de la véritable carte de la richesse et du pouvoir du pays. De leur côté, les policiers affirment payer le prix d'un dilemme dont la responsabilité incombe à l'État et à l'ensemble du système politique, qu'il soit favorable ou opposé, tandis qu'eux-mêmes en subissent les conséquences.

Il s'agit là d'un crime, puisque le procureur a porté des accusations de meurtre prémédité à l'encontre du policier qui a fait feu, sa victime étant un jeune d'origine arabe issu de l'immigration. Cette tragédie, ayant coûté la vie à ce jeune homme et à sa famille, engendre un débat récurrent qui oppose les groupes de droite et de gauche. Certains aspects prennent une dimension socio-économique, tandis que d'autres revêtent une dimension identitaire et culturelle, séduisant ainsi les partis d'extrême droite et les courants populistes.

Entre le ferme soutien de "la police ayant le droit de défendre la sécurité des Français" proclamé par l'extrême droite et la condamnation de la "licence de tuer" accordée aux policiers par la gauche, l'exploitation de cet événement à des fins de règlement de comptes politiques et de nourrissage d'agendas électoraux avance de manière opportuniste et malfaisante.

En scrutant l'histoire de l'État français, de l'époque monarchique à l'ère républicaine, en passant par la révolution, des règles défectueuses se sont enracinées. Parmi elles, la mission de la police n'est pas tant de protéger les citoyens que de préserver l'intégrité de l'État, ce qui se manifeste aujourd'hui par la défense de la "République". Ce qui aggrave la situation, c'est le raisonnement implacable de la police et de la droite soutenant que "la force de la loi est toujours du bon côté" et que "la police ne se trompe jamais".

Cependant, les forces de sécurité commettent bel et bien des erreurs et les incidents se répètent de manière régulière. En moins d'une année, au cours de la dernière année écoulée, pas moins de 13 erreurs ont été recensées, se traduisant par des tirs sur des individus de la part des policiers !

Cette situation en France se distingue au sein de l'espace européen, où aucun autre pays ne connaît des niveaux de violence et d'émeutes aussi marqués, qui font partie intégrante de la tradition politique et sociale française. Des organisations internationales de défense des droits de l'homme ont vivement critiqué cette tendance violente dans les méthodes policières envers les individus en France. Parmi elles, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a exhorté les autorités françaises à surveiller de près l'utilisation de la force par la police et à respecter les principes fondamentaux des droits des citoyens. Il est probable que l'héritage colonial de la France, notamment en Afrique du Nord, ainsi que l'échec des gouvernements successifs à réaliser la promesse d'intégration de la société immigrée, contribuent à une mentalité administrative et culturelle figée, favorisant l'émergence d'un racisme latent au sein des forces de l'ordre. Cette situation a alimenté un débat identitaire exacerbé dans le pays, sans pour autant apporter de solutions concrètes pour atténuer les violences dans les banlieues.

Cependant, il est essentiel de ne pas négliger la réalité de la croissance et de l'intensification des mouvements de protestation, ainsi que leur organisation structurée. Cela soulève la question de qui guide ces jeunes dans leur mobilisation et coordonne leurs actions. Bien entendu, des réponses toutes faites existent, mettant en évidence les intérêts de l'extrême gauche ou de l'extrême droite qui attisent les flammes du désaccord contre l'administration de Macron, cherchant ainsi à renforcer leurs chances d'accéder au pouvoir. Cette situation entraîne une montée de l'extrémisme chez certains face à ce qui se passe. Cependant, il convient de souligner que ce type d'analyse reste une perspective interne qui est influencée par les rapports de force et les alliances politiques au sein de l'espace national.

D'autres réponses, tout aussi significatives et préoccupantes, méritent d'être explorées. Il est crucial de considérer la possibilité de l'implication d'acteurs externes tels que des organisations ou des pays dans les événements en cours. Dans un contexte où le rôle international de la France s'accroît dans plusieurs régions du monde, il est impossible d'ignorer cette éventualité, d'autant plus qu'elle peut parfois entrer en conflit avec les intérêts d'autres nations. Que ce soit en Ukraine, en Méditerranée orientale, dans le domaine nucléaire ou en Afrique, la France joue un rôle complexe et cela soulève des interrogations légitimes.